Gérard Delbauffe : mieux associer les jeunes

Gérard Delbauffe (©Photo: Marie-Cécile Quentin)

Président du « Souvenir Français », le contrôleur Général des armées Gérard Delbauffe a une grande expérience des commémorations historiques et de la transmission de la Mémoire aux jeunes. A l’approche du centenaire de la guerre de 14, il nous accorde un entretien particulièrement intéressant sur la célébration des dates qui ont fait l’histoire de France, et sur la manière de mieux associer les jeunes avec l’appui des acteurs de l’éducation. « Les jeunes, reconnaît-il, sont à certains égards très loin de ces événements historiques. De nombreux professeurs m’ont dit que pour eux, 14-18, c’est de la préhistoire… Mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont indifférents. On voit même l’intérêt qu’ils manifestent dans les recherches sur ces sujets, ou à l’occasion de visites des hauts lieux de mémoire ». Rendre vivante la mémoire, grâce à la participation active des plus jeunes aux célébrations, c’est bien l’objectif, mis en perspective par la Revue Civique.

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La REVUE CIVIQUE : Le 11 novembre est, depuis 2011, la journée de commémoration pour tous « les Morts pour la France », quels que soient les conflits concernés. Pourquoi cette date ?
Gérard DELBAUFFE :
La mémoire ne doit pas être éparpillée car ce serait, à terme, un grand risque de perte de mémoire collective. Il ne s’agit pas, le 11 novembre chaque année, de tout noyer dans un ensemble flou. Chacun a sa mémoire mais il est important que les divers éléments de mémoire soient également rassemblés de façon à ce qu’ils puissent être célébrés à un moment et à des occasions, qui marquent les esprits et suscitent ainsi l’intérêt d’un maximum de gens. Tout cela pour simplement éviter le risque de dispersion, d’éparpillement et d’enfermement dans des postures partisanes ou particulières, qui ne reflètent pas la réalité des événements dans leur globalité.

Quelle raison a prévalu pour le choix de la date du 11 novembre ? Parce qu’elle a marqué la fin d’une guerre suffisamment ancienne pour ne pas raviver des tensions ? Ou parce que les sacrifices de cette guerre meurtrière ne sont pas encore trop éloignés pour imprégner encore notre conscience nationale ?
Le 11 novembre imprègne l’inconscient et le conscient de la Nation française. Cette guerre de 14-18 a touché toutes les familles françaises, des Français de toutes les régions ont été au combat et toutes les familles françaises ont perdu quelqu’un, membre de la famille ou un très proche. Dans presque toutes les communes de France, il y a un monument aux morts de 14-18. Et même certaines communes, qui n’avaient pas jusqu’à présent de monuments aux morts, souhaitent en faire un à l’approche du grand événement national que sera le centième anniversaire de 1914. La date du 11 novembre était une date qui s’imposait, naturellement, et qui faisait consensus, pour honorer les « Morts pour la France ».

Aux États-Unis, la démarche a été plus loin : il y a le fameux « D-Day », qui célèbre en un seul jour les sacrifices de la nation américaine et les soldats tombés à l’occasion de tous les conflits. En France, les esprits ne sont sans doute pas mûrs pour cela. C’est pourquoi, il a été décidé de ne pas écarter les cérémonies commémoratives actuelles, qui sont au nombre de neuf dans le calendrier officiel, qui sont dans les esprits, et auxquelles sont attachés les témoins des diverses époques concernées. Si on supprimait ces dates de commémoration, cela heurterait et pourrait être considéré, par les survivants de ces conflits et leur famille, comme une trahison à leurs égards. Cela serait vécu comme un acte d’oubli, alors que c’est au contraire la lutte contre l’oubli qu’il faut renforcer.

En effet, l’oeuvre mémorielle d’une Nation doit aussi tenir compte d’une diversité de périodes, parfois contrastées dans les questions qu’elles soulèvent ou les traces qu’elles ont laissées dans la conscience collective. Cette diversité de commémorations a aussi la vertu de reconnaître ces périodes.
Oui, cela correspond à des moments d’histoire, différents mais globalement indivisibles. Ces moments et ces dates commémoratives correspondent aussi à des revendications de différents groupes, combattants de ces périodes, victimes et leur famille, qui ont effectivement toute légitimité pour que leur drame et leurs épreuves soient officiellement et dignement reconnus. Mais si chaque groupe concerné reste « accroché » à une – « sa » – cérémonie, on est dans le risque de la dispersion, voire de la division. Et si ces dates et les évènements auxquels elles renvoient peuvent encore être très sensibles aujourd’hui, qu’en sera-t-il dans 10 ans, dans 20 ou 30 ans ? Les problèmes seront perçus très différemment !

Les « Générations du feu », avant nous…

Le « Souvenir Français », l’association que je préside, a précisément pour spécificité de ne pas être lié à une période particulière, contrairement aux associations d’Anciens Combattants ou de victimes de certaines guerres ou de conflits, associations qui peuvent craindre de disparaître avec les derniers survivants des périodes concernées. Aujourd’hui quand on parle de tous les « Morts pour la France », on débute souvent en 1914. Or, il y en a eu de nombreux autres bien avant et le « Souvenir Français » aurait mauvaise grâce à l’oublier puisqu’il a été crée après la guerre de 1870 pour honorer la mémoire des soldats tombés dans cette guerre. L’intérêt d’une journée générale du souvenir est de bien montrer, en effet, qu’il y a eu des générations successives, « générations du feu » bien avant nous, et que la France s’est aussi constituée, conflits après conflits, par le sacrifice de ses fils.

Qu’en est-il des cérémonies autour de la date, largement méconnue, du 25 septembre pour la mémoire et l’honneur des Harkis, sacrifiés pour la France et, je rajouterais, sacrifiés par la France ?
La date du 25 septembre a été décidée sans réel lien avec les événements de l’époque, où beaucoup de Harkis, soldats supplétifs de l’Armée française en Algérie, qui avaient donc choisi de servir la France, son idéal et son Armée, sont morts ou ont dû être rapatriés d’Algérie vers la Métropole.
Cet épisode de notre histoire récente est resté longtemps très occulté. Il y a cependant eu des progrès significatifs dans le fait même d’organiser, autour de cette cérémonie du 25 septembre, des actions commémoratives pour des « Morts pour la France » qui ont longtemps été ignorés. Ces progrès sont réels, notamment dans les régions du Sud et Sud Ouest, par exemple autour des camps où les Harkis étaient rapatriés et réunis, après la guerre d’Algérie. Mais il reste naturellement aussi de grandes tensions autour de cette commémoration, car le sujet reste très sensible. Les plaies restent vives.
L’année dernière, conformément aux vœux d’association de rapatriés, il a été décidé de mentionner les victimes civiles sur le Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie, situé Quai Branly à Paris. Ce monument est composé de trois colonnes, l’une bleue, l’autre blanche, l’autre rouge. Sur la colonne bleue et la colonne rouge les noms des soldats et des Harkis « Morts pour la France » défilent, au milieu, sur la colonne blanche, les dates défilent. À côté de ce monument, une plaque rend hommage aux victimes civiles de ce conflit. Il est important de souligner que ces victimes n’ont pas le titre de « Morts pour la France ».
Lors d’une réunion préparatoire, je me suis exprimé pour dire que sur un monument aux « Morts pour la France », on n’inscrivait pas des « victimes civiles », car des personnes « Mortes pour la France », peuvent être civiles comme militaires, et que distinguer la nature civile ou militaire des victimes n’avait pas de sens. En revanche, y inscrire des personnes n’ayant pas été reconnues comme « Mortes pour la France » pouvait être un dévoiement des monuments aux Morts. Je n’ai pas été entendu sur ce point.

On ne construit pas sur du néant

Comment percevez-vous l’évolution des actions mémorielles, en général, aujourd’hui ? Y a-t-il de réels progrès, des surenchères dommageables, à l’inverse des manques, ou risques de rechute ? Et les jeunes ne sont-ils pas très loin de tout cela ?
Je pense que cela s’est amélioré même s’il reste beaucoup de progrès à faire et qu’il faut rester vigilant… Aujourd’hui, nous avons dépassé le risque de politisation de la mémoire. Il y a quelques années, il y avait de vives polémiques pour savoir si l’on allait faire des lois mémorielles, etc. On s’est aperçu, heureusement, que les lois pouvaient être contre-productives et que c’était dans la sérénité et l’unité que les manifestations de mémoire devaient être organisées. Il faut bien sûr rester vigilant car il y aura toujours des groupes de pression qui souhaiteront faire passer leur point de vue aux détriments d’autres. C’est le danger.

Les jeunes sont, à certains égards, très loin de ces événements. De nombreux professeurs m’ont dit que pour eux, 14-18, c’est de la préhistoire… Mais ce n’est pas pour autant qu’ils y sont indifférents. On voit bien l’intérêt qu’ils manifestent dans les recherches qu’ils effectuent sur ces sujets ou à l’occasion de visites sur des hauts lieux de mémoire.

Au niveau de l’Éducation nationale, quelles sont vos démarches actuelles et projets d’actions ?
Je considère que l’Éducation Nationale a un rôle important à jouer et que, pour l’essentiel, elle le joue. Même si certains disent que les professeurs sont contre le devoir de mémoire – il y a toujours des individualités qui peuvent l’être – globalement, l’Éducation Nationale a beaucoup évoluée depuis 40 ans, et le devoir de mémoire est beaucoup moins considéré comme quelque chose de poussiéreux, bien au contraire. Il est heureusement perçu, par beaucoup d’enseignants aussi, comme un élément de pédagogie générale, porteur d’avenir. Il est important en effet que nos jeunes compatriotes découvrent leurs racines. On ne construit pas l’avenir sur du néant. Or, pour découvrir ses racines, il faut que la mémoire ne soit pas oubliée ; l’enseignement de l’histoire dans ce domaine, malgré certains risques, est relativement en progrès, les enseignants sont preneurs.

Dans notre activité au Souvenir Français, il y a deux volets. Le premier, concret, concerne l’entretien des tombes de tous les « Morts pour la France », cela peut être des civils comme des militaires. Il y a d’ailleurs trois types de tombes concernant les « Morts pour la France » :

  1. En premier lieu, il y a les nécropoles nationales. Ce sont des sépultures perpétuelles à la charge de l’État, dédiées aux « Morts pour la France » au combat.
  2. Il y a ensuite des carrés militaires communaux, entretenus par convention par le Souvenir Français ou par les communes. Ce sont des « Morts pour la France » qui ont été ramenés dans les cimetières à la demande des familles ou des communes, qui ne sont pas pris en charge par l’État. Dans ces carrés là, il y a des civils qui ont été déclarés « Morts pour la France ».
  3. Il reste une troisième catégorie, dont pendant longtemps nous ne nous sommes pas occupée, ce sont les « Morts pour la France » qui ont été restitués aux familles et qui sont enterrés dans les caveaux familiaux. L’État assurait l’exhumation de la nécropole, le transport et la réinhumation, la famille prenait en charge le reste. Or, vous avez aujourd’hui dans tous les cimetières des tombes qui sont en déshérence et dans certaines il y a des « Morts pour la France ». Quand une tombe est en déshérence, il y a une procédure de relèvement et, au bout de 2-3 ans, les corps sont évacués dans une fosse commune.

Je ne trouvais pas normal que la mémoire de ces « Morts pour la France », qui avaient fait l’objet d’un intérêt particulier de leur famille, disparaisse et tombe dans l’oubli. Je me suis aperçu qu’un arrêté déclarait que lorsqu’il y avait une tombe en déshérence où un « Mort pour la France » était enterré, il fallait prévenir la famille lors de la procédure de relèvement et aussi le Souvenir Français. Cela avait été totalement oublié ! Nous avons lancé une opération de communication auprès des maires avec l’AMF (Association des Maires de France) et les délégués départementaux du Souvenir Français sont partis en mission pour repérer les cas de « Morts pour la France » enterrés dans des tombes en déshérence. Depuis 4 ans, en accord avec les maires évidemment (puisqu’ils sont les seuls décideurs), les restes mortels dans des tombes de regroupement quand c’est possible ; ce qui permet de faire une cérémonie du souvenir au même lieu. Dans les autres cas, nous demandons au maire une concession perpétuelle pour la tombe concernée et nous y plaçons une tombe identique à celles que l’on voit dans les cimetières militaires.

Le deuxième volet des missions du « Souvenir Français » concerne les actions au profit de la mémoire et notamment au profit des publics scolaires. Par exemple, nous participons, partiellement ou totalement, à l’organisation des voyages scolaires sur les lieux de mémoire (Verdun, les plages du débarquement,…). Ces voyages se font avec les professeurs, les chefs d’établissement, l’inspection de l’Académie,…

« Artistes de la mémoire »

Nous participons aussi à l’organisation de Prix, avec d’autres organismes afin de ne pas disperser les moyens. Je participe ainsi au jury du Prix des Petits artistes de la mémoire, organisé par l’Office Nationale des Anciens Combattants (ONAC). Le thème était cette année la Guerre de 14-18 : plus de 150 classes y ont participé cette année ! Les gagnants ont retracé le parcours d’un soldat, un « Poilu » originaire de leur ville, ils ont fait des recherches pour retrouver sa correspondance personnelle, ses photos, les élèves ont aussi étudié les lieux où il a combattu, les batailles auxquelles il a pris part. Les élèves qui participent à l’un ou l’autre de ces événements sont tous extrêmement marqués, cela les intéresse beaucoup. Ils voient le programme d’histoire sous un autre jour.

Nous avons, d’ailleurs, depuis deux ans dans le conseil d’administration du Souvenir Français, Hubert Tison, qui est le Secrétaire général de l’Association Française des Professeurs d’Histoire-Géographie. Par ce biais, même si nous n’avons pas encore totalement utilisé ce précieux lien, nous sommes en contact avec les professeurs d’histoire, ce qui n’est pas la même chose que le lien avec l’administration de l’Éducation Nationale, qu’il faut aussi avoir et entretenir par ailleurs.

Comment rendre encore plus vivante la transmission de la mémoire ? Les commémorations, par exemple du 11 novembre, ne sont-elles pas une occasion de faire participer les élèves ? N’y a-t-il pas de difficulté à « faire bouger » les écoles sur ces dates commémoratives ? Ne faudrait-il pas rendre obligatoire la participation des scolaires ?
Outre le problème que ce sont des jours fériés, la venue de scolaires aux commémorations dépend beaucoup des communes. Souvent, quand les élèves et les professeurs ont fait un voyage sur un lieu de mémoire, ils sont volontaires pour participer, mais c’est sur une base de volontariat. Ce n’est pas le rôle d’une association de les forcer à venir et cela, selon moi, ferait perdre son sens à la cérémonie. Je crois que pour amener les jeunes à venir, il vaut mieux leur expliquer avant le sens de la cérémonie, leur proposer un rôle concret pendant la cérémonie et d’organiser, ainsi, une cérémonie intéressante à leurs yeux. Il y a un vrai travail de pédagogie à réaliser autour de ces dates du calendrier des grandes commémorations, et il faut rendre les jeunes acteurs des cérémonies, pas seulement spectateurs.
C’est ce que nous faisons, chaque année, avec des élèves, qui tiennent un rôle actif, par exemple au Lycée Henri IV à Paris à la date la plus proche possible du 11 novembre.

Qu’en est-il des « jeunes anciens combattants » ? Ceux « Morts pour la France », lors des opérations extérieures récentes, par exemple au Kosovo, en Afghanistan ? Un hommage leur est rendu quand ils viennent de mourir, ensuite, ils semblent oubliés…
Ils sont – heureusement – moins nombreux que leurs aînés Anciens combattants mais ils sont « Morts pour la France » en effet, et il ne faut absolument pas les oublier. Je me suis d’ailleurs aperçu, si on se réfère au livre 4 « État civil et sépulture » du Code des pensions militaires d’invalidité, qui précise les conditions pour être déclarable « Mort pour la France », que les hommes qui meurent actuellement en Afghanistan ne remplissent pas toutes les conditions nécessaires. J’ai demandé quel était alors le texte de référence à appliquer pour les reconnaître comme tels, mais personne n’a su pour l’instant me répondre rapidement… J’ai finalement trouvé ce texte dans le Code de la Défense, mais il y a visiblement un problème de rédaction.
Deuxième point de différence, en reprenant le Code des pensions militaires d’invalidité, quelqu’un qui est déclaré « Mort pour la France » au combat bénéficie d’une sépulture à la charge de l’État, dans une des nécropoles militaires, et n’est enterré dans un caveau familial qu’à la demande de la famille. Or, jusqu’à aujourd’hui (et cela a été le cas pour les derniers soldats morts en Afghanistan), on ne propose jamais aux familles de les enterrer dans un caveau militaire ! Et cela parce que personne n’est au courant de cette possibilité !

Les morts en OPEX

Cela fait 4 ans que je me bats sur ce sujet : j’ai découvert la situation dans le cas d’une famille d’immigrés de Nice, ils n’avaient pas de caveau familial et on ne leur a pas donné le choix de la nécropole. On s’est trouvé devant un problème : où enterrer ce soldat français ? Le Souvenir Français a vu, avec la mairie de Nice où existe un carré militaire, qu’il y avait une possibilité d’enterrer ce soldat dans une tombe qui n’est pas à la charge de l’État. Depuis, d’autres familles de soldats tués ont été confrontées au même problème.
Autrefois, les soldats étaient enterrés sur place (lieu des combats) et rapatriés en France seulement après le conflit. Maintenant, les Armées font un gros effort pour rapatrier immédiatement les corps, leur rendre hommage en France et accompagner les familles. Il faut les en féliciter, il est dommage que l’on n’aille pas jusqu’à la fin : proposer le choix aux familles, cimetière militaire ou caveau de famille.
On peut bien sûr imaginer d’ériger un Mémorial pour les « Morts pour la France » en OPEX (opérations extérieures). Une étude a été remise, au printemps 2012, par le Collège des Inspecteurs généraux, et la question qui se pose est de savoir si l’on fait une Nécropole à un endroit pour un conflit spécifique ou pour toutes les opérations extérieures, si on les enterre à proximité de leur famille dans un carré militaire, ou si l’on fait autrement encore.

Un Mémorial serait une belle reconnaissance pour ces « jeunes anciens combattants » ?
Au niveau de l’État, il y a un projet de monument commémoratif qui est en cours d’étude. C’est un sujet que j’ai lancé en 2009. Un monument, intitulé les « Veilleurs de la Paix » et constitué de quatre hautes statues en bronze regardant vers les points cardinaux, avait été construit à côté de Verdun par une petite association de parents et amis de soldats morts en Yougoslavie. Cette association allait se dissoudre et ils ont voulu transmettre le monument au Souvenir Français qui avait participé aux frais de construction. Je me suis alors dit que cela pourrait être un monument pour toutes les opérations extérieures : l’association était d’accord, le monument correspon dait. J’ai donc fait une lettre au Secrétaire d’État pour lui demander si on pouvait faire de ce monument un monument national destiné aux OPEX.
On a considéré que Verdun était trop loin et qu’un monument pour les OPEX prêtait à confusion avec la Première Guerre mondiale. L’association était d’accord pour que le monument soit déplacé, mais où ? Toutes les unités partent de différents endroits en OPEX, donc Paris s’est imposé. J’ai contacté la Mairie de Paris, qui m’avait proposé plusieurs localisations pour un autre monument quelques années auparavant, nous sommes tombés d’accord pour un square du côté de Balard, à côté des nouveaux bureaux du Ministère de la Défense, ce qui a donc un sens.
Nous avons fait une lettre au Ministre qui a très rapidement organisé une réunion, mais le projet a semblé un peu enterré par une Commission chargée d’étudier la question… Celle-ci a proposé la formule d’un nouveau monument, situé sur la place Vauban, dans la perspective de l’avenue de Breteuil et du dôme de Saint-Louis des Invalides. Pour l’instant on en est à cette hypothèse là. Un second point en débat est la date de prise en compte des OPEX. La Commission voudrait que les OPEX commencent en 1962, alors qu’il y a quand même eu d’autres opérations extérieures avant 1962 : il y a eu la Corée, sous l’égide de l’ONU, il y a eu aussi l’opération de Suez ensuite.
Ce sujet de l’hommage que l’on doit aux soldats morts en opérations extérieures ne doit pas, en effet, rester dans l’oubli ou l’attentisme. Le Souvenir Français tient à ce que ce sujet fasse l’objet d’une décision positive et rapide.

Propos recueillis par Georges LÉONARD et Marie-Cécile QUENTIN
(In La Revue Civique n°9, Automne 2012)

 

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