Une première : l’institut Viavoice a réalisé en partenariat avec Klesia une étude d’opinion inédite et approfondie sur la notion d’intérêt général, sa perception par les Français, les modalités de mise en oeuvre d’actions d’intérêt général, les priorités d’actions souhaitées par les Français, les échelons de décisions et les acteurs qu’ils estiment comme les plus légitimes, les freins qu’ils perçoivent concernant le développement d’actions d’intérêt général.
Cette première édition de l’ Observatoire de l’intérêt général Viavoice-Klesia, contredit un certain nombre idées reçues, notamment sur le prétendu égoïsme ou les replis sur soi qui caractériseraient la société française.
– Ainsi, 78% des Français considèrent que l’intérêt général est » insuffisamment pris en compte dans la société actuelle ». Une énorme majorité, qui est l’expression d’un vrai constat de carence, d’un vrai manque, qui prouve aussi qu’il y a bien dans l’opinion un puissant sentiment que la société n’est pas assez ouverte au sens du collectif, au dépassement de soi, de son simple horizon personnel ou privé.
Le désir d’implication encore plus fort chez les jeunes
– 58% souhaitent même être « davantage impliqués » sur des actions utiles pour l’intérêt général. Le mot « impliqué » est pourtant fort, il aurait pu appeler des rétiscences et réserves majoritaires. Et bien, non. Pour les Français, et même s’il ne s’agit bien sûr que de déclaration, l’intérêt général, ce n’est pas fait pour les autres, c’est un enjeu pour soi-même aussi. La tendance est encore plus forte cher les jeunes.
– En effet, ce désir d’implication atteint 70% chez les jeunes de 18-24 ans. Un résultat contre-intuitif pour une génération de plus en plus souvent présentée comme nombriliste, consumériste et moins soucieuse du collectif.
Qui se préoccupe de l’intérêt général ?
– Les Français sont bien plus sévères – et « c’est sans doute injuste », a relevé Laurent Joffrin, le directeur de Libération, dans un débat sur les résultats de cet Observatoire – à l’égard des hommes politiques (seulement 16% pensent qu’ils s’en préoccupent) et des entreprises (20%), qu’à l’égard des partenaires sociaux, syndicats (32%) ou… d’eux-mêmes : la réponse « les citoyens se préoccupent de l’intérêt général » recueille le meilleur score (37%). A noter que les plus jeunes sont bien plus nombreux que la moyenne des Français (46%vs 32%) à estimer que les partenaires sociaux se préoccupent de l’intérêt général. Encore une idée reçue remise en cause par ces résultats, celle de la prétendue perte de vitesse de l’image des partenaires sociaux chez les jeunes.
Coté entreprises, les dirigeants de la jeune génération sont perçus comme plus soucieux de l’intérêt général :
– 39% des Français estiment que les dirigeants de la plus jeune génération (25-35 ans) sont en France soucieux de l’intérêt général. Ils ne sont que 20% à le penser quand la question leur est posée pour les dirigeants d’entreprises, sans distinction de génération. L’idée est ainsi présente dans l’opinion qu’une nouvelle approche de la vie de l’entreprise, plus ouverte aux enjeux et actions d’intérêt général, est portée par les jeunes dirigeants.
5 domaines d’actions considérés comme prioritaires par les Français.
Les priorités choisies par les Français placent ces cinq domaines d’actions d’intérêt général :
– 66 % des Français citent l’emploi ; 42% l’Education, 38% la Sécurité police-armée, 37% la Santé, 27% l’Environnement
– La préoccupation de l’emploi en fait naturellement la première priorité d’action d’intérêt général et de cohésion sociale. Variés et équilibrés, les quatre autres domaines qui suivent sont aussi des domaines-clés pour l’avenir. Malgré la hausse de l’enjeu de la Sécurité (liée aux attentats de 2015; cet Observatoire a été réalisé avant les attentats de Bruxelles), l’enjeu de la Santé reste à un niveau élevé de priorité.
Entre Etat et société civile, un intérêt général mieux partagé
L’intérêt général et intérêts individuels sont hautement compatibles
– Enfin, autre élément nouveau et intéressant de cet Observatoire, 57% des Français estiment que l’intérêt général est « compatible » avec les intérêts individuels. 36% estiment qu’il « n’est pas compatible ». Que l’intérêt du collectif (la société) ne soit pas considéré forcément comme opposé, par principe ou position dogmatique, aux intérêts particuliers, est une donnée d’opinion à mettre en perspective. Dirigeons-nous en France, compte tenu des fortes aspirations et disponibilités d’action des citoyens, vers une prise en charge plus équilibrée entre l’Etat (les pouvoirs publics, les politiques) et le reste de la société (associations, entreprises, partenaires sociaux et les citoyens eux-mêmes) ? Cet équilibre, ou une conception d’un intérêt général mieux partagé, peut en tout cas être opportunément soumis à réflexions et débats.Ce serait un retour aux sources de l’une des idées centrales d’Alexis de Tocqueville, à propos de cette combinaison entre l’intérêt général et les intérêts individuels : « L’homme, en servant ses semblables, se sert lui-même ».
JPM
► Les résultats détaillés de l’Observatoire de l’intérêt général Viavoice-Klesia
► L’article de Libération « le besoin de vie collective est toujours là »
Pour aller plus loin :