Vous êtes dans le hall d’accueil, l’hôpital pourrait être comme bien d’autres: assez froid, professionnel mais impersonnel. Dans un coin, il y a déjà une petite différence: trois fauteuils, une haute étagère et des livres, mis à disposition en accès libre. On poursuit dans un couloir, des panneaux indiquent un centre anti douleurs et une porte nous renvoie une singulière information: « La Radio qui fait du bien ».
Il ne s’agit pas d’une radioscopie pour les poumons, les os ou le cerveau comme on en fait des centaines dans les hôpitaux chaque jour. Non, il s’agit ici d’un petit studio de radio, étonnant et unique en son genre: Bernadette Garrigou vous y attend, vous explique l’histoire de cette « radio associative, bénévole , musicale et culturelle », conçue par cette bénévole souriante qui coordonne une équipe d’une quarantaine d’autres bénévoles: tous et toutes se succèdent pour anime une antenne pas comme les autres. Le canal de diffusion, en son et images aussi (en retransmission vidéo) est interne à l’hôpital, réservé aux patients: le son et l’image parviennent directement dans les chambres de tous les patients, s’ils le veulent bien sûr. Une idée, et surtout une réalité, à la fois généreuse et géniale.
De grandes personnalités ou non défilent ainsi au micro de Bernadette, pour offrir à celles ou ceux qui souffrent ou ont souffert, parfois alités pour de très longs jours, un moment spécifique: des voix leur parlent d’un bon livre, d’un beau spectacle, d’une musique qui transporte, d’une histoire de vie hors du commun aussi parfois, ces voix leur communique « une chaleur de proximité », une information positive, qui divertit et réconforte à la fois. Sans compassion particulière mais avec une passion, celle de simplement livrer une tranche de vie, un aperçu du bonheur, à des patients cloués au lit, par un accident ou une maladie. Il fallait y penser. Cela a été fait, avec coeur et en plein coeur d’un des plus grands établissements hospitaliers d’île-de-France, situé à Boulogne-Billancourt dans l’Ouest parisien.
Des célébrités, de la culture, du sport ou des médias, sont passées -souvent en toute discrétion- au micro de Bernadette nommé « La voix d’Ambroise Paré », pour partager des récits, sur leur vie, leurs passions, leurs rencontres. Le mur du studio en donne quelques aperçus. Côté journalistes célèbres, on y voit notamment Stéphane Bern, devenu l’homme du patrimoine culturel, Marc-Olivier Fogiel, passé de RTL à la direction de la 1ère chaîne d’infos en continu, BFMTV. Des hommes sur-occupés, qui ont pourtant tenu à donner ici un peu de leur temps, pour ces autres qu’on oublie souvent dans leurs chambres chloroformées d’hôpital. On aperçoit dans un autre coin du tout petit studio, une dédicace du souriant Nelson Montfort, le journaliste sportif qui a sans doute su bien faire sourire les patients, qui s’étaient mis à son écoute.
L’idée de cette radio est tellement bonne, qu’on peut espèrer qu’elle puisse mutualiser ses programmes avec d’autres hôpitaux. Car ce qui se transmet au micro de Bernadette mériterait aussi d’être aussi mis en partage aux milliers de patients de biens d’autres hôpitaux d’île-de-France et pourquoi pas de France toute entière. Voilà en tout cas une « bonne pratique » radiophonique, qui mérite la reconnaissance et la diffusion de ses bienfaits au-delà de toutes les cloisons qui séparent, de tous les murs (même mentaux) qui isolent trop souvent.
Léonard TEMOIN (nov 2019)