Dans son dernier ouvrage, Cette France de gauche qui vote FN (Seuil), Pascal Perrineau enquête sur ces électeurs de gauche qui ont contribué à installer le parti d’extrême-droite sans avoir l’impression de renier en quoi que ce soit leurs convictions. Politologue, ancien directeur du Cevipof, il répond aux questions de Sciences Po sur son analyse de l’électorat FN.
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Sciences Po : Dans un précédent ouvrage Le Symptôme Le Pen : radiographie des électeurs du Front national (éd. Fayard), vous faisiez le constat qu’une certaine fraction du vote frontiste émanait de la gauche et nommiez déjà ces électeurs des « gaucho-lepénistes ». Pourquoi ce concept fait-il encore tant polémique ? Quelle en est votre définition?
Pascal Perrineau : En effet, après une première période, grosso modo les années 80, où l’émergence puis la dynamique du Front national de Jean-Marie Le Pen se sont nourris avant tout à partir d’un processus de radicalisation des électeurs de droite, j’avais décelé dès les années 90, et particulièrement lors de l’élection présidentielle de 1995, un courant non négligeable d’électeurs frontistes venant de la gauche ou navigant entre Front national et gauche. Cette analyse avait, dès l’époque, fait l’objet de contestations parce que, pour nombre de sociologues et politistes, il est difficile de penser les processus de confluence ou de rapprochement entre deux univers politiques qui s’auto-définissent comme antithétiques.
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juin 2017