Quelle est la singularité française, notamment en matière d’opinion publique et d’état d’esprit dominant ? Les radicalités, particulièrement visibles dans le champ politique et médiatique, sont-elles vraiment représentatives des Français ? « Entre déclin et grandeur. Regards des Français sur leur pays » (éditions de L’Aube): le livre du journaliste Thierry Keller et du sociologue et sondeur Arnaud Zegierman apporte une série de données inédites et éclairantes, qui viennent démentir un flot d’idées reçues qui encombrent souvent le débat public.
Les auteurs de cet ouvrage soulignent en effet, arguments à l’appui, l’incroyable décalage entre le portrait d’un pays sinistré dépeint par quelques acteurs politiques « spécialisés » dans le catastrophisme et la propagation des peurs (ce qui influe aussi sur un certain nombre de commentateurs médiatiques), et les opinions bien plus positives – quand on prend le soin de dépasser la surface de quelques humeurs – de la majorité silencieuse en France.
« Quand on place le stétoscope (du sondeur) à plusieurs endroits (pour mesurer globalement l’état d’esprit des Français), on s’aperçoit que, malgré leurs difficultés (réelles en divers domaines), les Français sont heureux et qu’ils sont bien en France, ceci à des taux élevés » (Arnaud Zegierman, co-auteur, cofondateur de l’institut Viavoice).
Pour le co-auteur, Thierry Keller, journaliste , cofondateur d’Usbek & Rica, les Français ont, pour partie, un souci avec « la grandeur » de leur pays, qu’on ne retrouve pas à l’identique dans d’autres démocraties voisines. Une vision « fantasmée » de la France, sublimée parfois avec démesure dans son universalisme depuis la Révolution française de 1789, explique-t-il ici dans cette vidéo. Une idée écrasante de la grandeur et de « l’identité » française qui participe et accentue le décalage entre la réalité française d’aujourd’hui et la perception qu’en ont (ou veulent en avoir) d’une partie des Français.
« On a à la fois en France le complexe du petit (face aux géants, les Etats-Unis, hier l’URSS, aujourd’hui la Chine) et un complexe de supériorité, comme si la France avait été désignée par la Providence pour éclairer le monde !… » (Thierry Keller, co-auteur et cofondateur d’Usbek & Rica).
(06/01/21)