L’Institut Montaigne publie une analyse sur la remilitarisation des pays européens, un phénomène qui semble se répandre à l’échelle mondiale. Si les dépenses militaires représentent environ 1700 milliards de dollars, affirme le rapport de l’institut parisien, elles augmentent de 5 à 10% par an. C’est le cas des Etats-Unis de Donald Trump, qui a annoncé une augmentation de 9% des dépenses par rapport à 2017 pour l’année prochaine. Et l’Asie s’engage aussi dans cette logique : le continent investit 100 milliards de plus que l’Europe dans sa défense. La Chine toute seule a augmenté ses efforts de 132% en dix ans. Décryptage de cette tendance lourde.
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Lors de ses vœux aux Armées le 6 janvier dernier, rappelle l’Institut Montaigne, François Hollande a estimé que la part du Budget consacré à la Défense devra atteindre la barre des 2% du PIB lors du prochain quinquennat. Tous les pays membres de l’OTAN avaient confirmé, lors du sommet de Varsovie en juillet 2016, que leur objectif était bien de consacrer 2% de leur PIB à la défense d’ici 2025. Il s’agît d’une augmentation considérable (notamment pour beaucoup de pays européens, qui s’étaient habitués à se mettre sous la protection du parapluie américain).
En France, les candidats à la présidentielle semblent, eux aussi, engagés dans cette voie et il semble y avoir un consensus (nuancé) en ce domaine. Ainsi, Marine Le Pen souhaite une revalorisation immédiate du budget de la Défense à 2%, avec l’objectif de le porter à 3% du PIB en 2022, soit 90 milliards d’euros supplémentaires. Emmanuel Macron propose de porter progressivement le budget de la défense à 2% du PIB. De son côte, Jean-Luc Mélénchon a avancé qu’il adopterait « une nouvelle loi de programmation militaire ayant pour objectif la restauration pleine et entière de l’indépendance militaire ».
Rétablir le service militaire obligatoire ?
Après la fin de la guerre froide, la France a fait le choix, avec d’autres partenaires européens, d’une armée de métier. C’est le cas de l’Espagne, de l’Italie et aussi de l’Allemagne, qui a rejoint le groupe en 2011. À l’inverse, l’Autrice, Chypre, Malte, le Danemark, la Grèce, la Finlande et d’autres encore comme la Turquie, la Suisse ou la Norvège recourent toujours à la conscription. Même la Suède, pour répondre à l’évolution du contexte sécuritaire, a décidé de rétablir la conscription qu’elle avait supprimée en 2010. Selon un sondage de l’Institut Montaigne, 72% des Français sont prêt à soutenir une réintroduction du service militaire obligatoire. Beaucoup de candidats ont écouté ce souhait, tout en proposant des formules différentes.
François Fillon s’est prononcé contre un retour du service militaire mais propose un renforcement de la réserve opérationnelle en formant, chaque année, jusqu’à 10 000 femmes et hommes. Benoît Hamon, de son côté, ne s’est positionné, ni en faveur, ni contre un éventuel retour de la conscription, mais souhaite, lui aussi, doubler les effectifs de la réserve opérationnelle. De la même façon, le candidat PS ambitionne, tel que le rappelle l’Institut Montaigne, de renforcer le lien Armée-Nation en faisant du service militaire « un engagement citoyen volontaire ».
Marine Le Pen, en revanche, est favorable à rétablir le service militaire obligatoire d’une durée minimum de trois mois. Emmanuel Macron propose aussi une forme de service national, mais d’une durée d’un mois. Ce service, a-t-il expliqué, s’adresserait aux jeunes hommes et femmes ayant atteint leur 18ème anniversaire. Il en fait un passage civique favorisant l’unité de la Nation.
Sans s’embarrasser du coût et de sa faisabilité, le leader du mouvement « La France insoumise », Jean-Luc Mélenchon, se veut le principal promoteur du service national rétabli: il propose que sa durée totale soit de neuf mois, que le service s’adresse aux hommes et femmes ayant moins de 25 ans, qu’il se déroule proche du lieu de vie et qu’il soit rémunéré au SMIC; le tout en incluant un droit à l’objection de conscience.
(avril 2017)
► Le grand décryptage de l’Institut Montaigne en matière de sécurité et défense