Auteur du livre « Dans le silence de l’Etat » (éd de L’Observatoire), Gilles Clavreul intervenait à la dernière convention nationale du Crif, dans une table ronde sur la République, qu’animait le fondateur de La Revue Civique, Jean-Philippe Moinet. L’occasion d’un interview, en vidéo ci-dessous, sur le rôle historique et essentiel de l’Etat pour assurer la cohésion de la Nation autour des valeurs républicaines.
Gilles Clavreul, après un exposé des différentes étapes historiques qui ont pu contribuer à « une consolidation de la France autour d’une culture, de valeurs et de symboles » républicains, évoque le risque de fragmentation du pays, liée à l’exaspération d’identités qui peuvent à ses yeux « aboutir, voire pousser à des affrontements » et à « des systèmes de domination (de groupes sur d’autres) ou à des conflits d’usages (des territoires par exemple) ».
La question-clé de l’unité autour de valeurs communes
Cet auteur en vient à la question de la préservation de l’unité nationale, préoccupation très forte qu’on retrouvait chez Marc Bloch, rappelle Gilles Clavreul dans cette vidéo, en soulignant l’importance de « se référer à des événements marquants de notre histoire, et de dire qu’il y a des valeurs, des symboles, des moments dans lesquels on se reconnaît tous »: « ce qui nous permet de transcender nos différences et particularités, qu’il ne s’agit pas de gommer. Cela nous invite à les dépasser ».
« Activisme décolonial ou islamiste,
et activisme autoritaire d’extrême droite »
Et de souligner les menaces qui pèsent sur l’idéal républicain: « soit par l’idéologie et l’activisme décolonial ou islamiste », avec des « affirmations identitaires » promues « contre la République »; « soit par des idéologies et un activisme de type autoritaire », avec les « affirmations identitaires qui se trouvent à l’extrême droite ». Ces « identités exaltées, ajoute-t-il, ont pour particularité d’être non négociables et de vouloir s’imposer », risquant de « mener au conflit ».
« Il est donc important d’avoir une parole, nuancée et ouverte certes, qui forme le commun républicain. Encore faut-il, souligne Gilles Clavreul, que cette parole s’exprime. Le problème est qu’une part des élites (administratives et politiques) s’est distanciée de ce discours. Ce n’est pas un gros mot de parler de valeurs républicaines ».