Pour son 30ème anniversaire et en cette année 2017 présidentielle, le baromètre annuel de la confiance des Français dans les media, réalisé par Kantar Public pour La Croix, s’avère toujours aussi passionnant et riche d’enseignements. Outre la prise de température annuelle sur l’évaluation des moyens d’informations des Français et la crédibilité qu’ils leur accordent, ce baromètre revient sur le traitement médiatique des évènements de l’année écoulée. Et le moins que l’on puisse dire c’est que 2016 fut riche en évènements…
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Si l’intérêt des Français pour l’actualité connaît son plus bas niveau depuis 1987, avec une baisse de 6 points par rapport au niveau de janvier 2016, 64% des sondés déclarent encore « suivre les nouvelles avec un grand intérêt ». Un score qui atteignait 75% en 2007 à l’aube de l’essor des réseaux sociaux et des chaînes d’information.
Un intérêt qui semble donc décroître, même tendance du côté de la confiance dans l’information relayée par les média. Mais c’est la radio qui s’en sort le mieux au jeu du média le plus crédible : 52% des répondants affirment « qu’à propos des nouvelles entendues les choses se sont passées comme la radio les raconte », un score deux fois supérieur à la confiance accordée à Internet (26%) où l’on observe une hausse de la méfiance à l’égard de l’information trouvée sur la toile. Toujours est-il qu’Internet demeure le moyen d’information principal d’un quart des Français. Banalisation de la pratique d’Internet et recul de la confiance qui lui est accordé. Au carrefour du numérique et du média plus « classique », il sera bon de noter la place grandissante du mobile, qui confirme ses promesses, avec une hausse de 7 points pour les applications mobiles de la presse écrite en tant que moyen d’information pour approfondir l’actualité. Plus de numérique d’un coté et toujours autant de poids pour les journaux télévisés des chaînes généralistes qui conservent leur leadership, ces derniers restant comme la première source d’approfondissement de l’actualité.
Au-delà de l’évolution très rapide des usages, et notamment autour des réseaux sociaux qui sont la principale source d’information des 18/24 ans, la question de la confiance autour d’Internet se pose encore plus que jamais. Après l’élection de Donald Trump sur fond de croyances, rumeurs circulant sur les réseaux sociaux, « fake news » et « faits alternatifs », le baromètre effectue pour son 30ème cru un focus sur les rumeurs et « l’ère de l’information post vérité ». Un phénomène qui a très clairement marqué l’année médiatique 2016 et qui sera un enjeu clé de l’élection présidentielle 2017 en France avec la crainte sous-jacente que les médias traditionnels perdent la main comme c’est le cas outre Atlantique. Sur ce sujet, 83% des sondés disent avoir déjà été exposés à des fausses nouvelles ou rumeurs sur les réseaux sociaux. L’enjeu autour de ces « intox » est d’autant plus important quand on voit par exemple que certaines d’entre elles sont vraies pour un tiers des Français. L’éducation aux médias et la responsabilité des médias prennent alors tout leur sens (cf graphique ci-dessous).
Une année riche en évènements qu’il est bon d’analyser sous le prisme de l’écho médiatique, avec recul, et c’est ce que propose le Baromètre La Croix / Kantar. Selon les sondés, le braquage de Kim Kardashian à Paris, l’affaire du burkini et l’élection de Donald Trump apparaissent comme étant les trois évènements dont on a trop parlé alors que les affaires de pédophilie dans l’Eglise, les manifestations des policiers et la COP 22 sont cités comme les trois évènements dont on n’a pas assez parlé. En parallèle, les Français jugent l’attentat de Nice, les attentats de Bruxelles et l’annonce de la non candidature de François Hollande comme les trois évènements dont on a parlé comme il faut.
Bruno Cammalleri
(février 2017)
► L’article du Point : « Médias, comment rétablir la confiance ? »