La course de vitesse est engagée, on le sait: pour lutter contre le réchauffement climatique – et ses terribles effets planétaires si l’usage des énergies carbonées et les pollutions actuelles se poursuivent – rien n’est vraiment facile mais rien n’est forcément perdu. Une série d’innovations, associées à de nouveaux comportements (des industries comme des particuliers), sont actuellement portées par de grands groupes, dont l’un des fleurons français et mondiaux: Veolia.
« Priorité à l’innovation », c’est le leitmotiv du Président de Veolia, Antoine Frérot (partenaire et membre du comité de parrainage de La Revue Civique), qui présentait récemment les résultats et les avancées de son groupe, de plus en plus engagé en faveur d’une économie de croissance responsable à grande échelle: française, européenne et mondiale. Dans sa présentation, des exemples concrets ont d’abord été mis en avant, exemples d’actions opérationnelles sur différents points du globe où le savoir-faire technologique permet d’obtenir des résultats, écologiquement et économiquement, probants.
A New York par exemple, le groupe Français a installé un système original de production combinée d’électricité qui a permis de protéger tout un quartier quand un terrible ouragan, Sandy, a déferlé sur la région, provoquant des coupures particulièrement perturbantes pour les populations et les entreprises. La production d’électricité par un « co-générateur » a montré sa double utilité publique pour l’avenir: réduire les gaz à effets de serre et assurer une autonomie de production d’énergie, non exposé aux aléas. Le centre médical de Washington Square (Université de New York) a ainsi pu être préservé des graves perturbations qui avaient touché de nombreuses infrastructures.
Le traitement de l’eau, dans les sites industriels comme dans les villes, est devenu un enjeu majeur, qui appelle de nouvelles solutions.
Après ce témoignage (porté par Mike Byrnes, conseiller énergie Amérique du Nord), Peter Stokes (responsable technologie Eau de Veolia) a fait focus sur les progrès réalisés en matière de réduction de la consommation d’eau par les industries et de recyclage des eaux usées. Dans un ville chinoise, Veolia est ainsi intervenu avec Nestlé pour augmenter, sur de très gros volumes de lait (et d’eau contenue dans le lait), la qualité et la quantité des eaux traitées. Les nouveaux moyens technologiques utilisés ont permis de faire en sorte que 500 000 litres d’eau utilisées par jour ne soient pas prélevées dans l’environnement mais issu d’un bon traitement et recyclage des eaux. Au Mexique aussi une usine a montré ses capacités à produire plus d’eau que celle qui est consommée dans son cycle de fabrication. Cette usine au Mexique, indique Peter Stokes, a même pu vendre de l’eau à une usine voisine qui en a besoin.
Autre domaine où les innovations s’accélèrent: le refroidissement, la nuit, des surfaces de sols urbains. Plusieurs méthodes peuvent se combiner dans les grandes villes, françaises aussi, où le réchauffement climatique n’est pas suffisamment compensé la nuit: la végétalisation des villes et l’utilisation de nouvelles technologies. Une technique d’arrosage des chaussées, venue du Japon, permet ainsi de réaliser un rafraîchissement des surfaces pouvant aller de 10 à 15 degrés. Un « pavé poreux » par ailleurs, expérimenté utilement à Toulouse, permet une absorption de l’eau dans les pavées de rues et, par ce matériau et l’évaporation qu’il permet, de réduire les températures ressenties de 5 à 6 degrés. L’expérimentation est reproduite à Nice.
A Poznan en Pologne, c’est un important site industriel, une fonderie d’aluminium, qui a bénéficié d’une innovation performante en terme d’économie d’énergies et de récupération des chaleurs produites. L’impact environnemental des 52 000 tonnes d’aluminium produites par an a été réduit de 45% depuis le lancement de l’expérience. Frédéric Faroche, directeur de Veolia Pologne, en témoigne. Les systèmes de récupération de « l’énergie fatale » (les fumées et gaz qui se répandent massivement dans l’atmosphère) ont permis de chauffer des quartiers entiers de la ville: des bâtiments publics, des hôpitaux, des magasins, des immeubles d’habitation. Les gains d’énergies ont non seulement été profitables à l’usine mais à l’ensemble de la communauté humaine environnante.
Plus nous attendons, plus s’accroît notre dette écologique », souligne Antoine Frérot, le Président de Veolia, qui veut rester optimiste, en s’appuyant sur le réalisme des avancées technologiques actuelles.
Dans la ville du Mans en France, autre exemple de recyclage: le rendement d’une nouvelle usine de traitement de déchets incinérés a permis une production d’électricité pour 3 500 foyers situés dans une vaste zone du Mans-sud. Le service ainsi rendu, favorisé à la fois par un tri sélectif amélioré en amont de l’usine et par des avancées technologiques dans le système de traitement de l’usine, inspire un nouveau projet, en cours, pour la partie Nord de la ville du Mans.
« Plus nous attendons, plus s’accroît notre dette écologique », souligne Antoine Frérot, le Président de Veolia, qui veut rester optimiste en s’appuyant, dit-il, sur « le réalisme des avancées technologiques ». Ces avancées sont rapides, compte tenu aussi de l’immensité des besoins: la moitié du chiffre d’affaire de cette entreprise mondiale est ainsi consacrée, précise-t-il, à ces « nouvelles activités », qui tendent notamment à améliorer l’efficacité énergétique des industries et à assurer la gestion des équipements industriels en fin de vie.
Et de citer, pèle mêle, le recyclage et l’assainissement des eaux usées à Bordeaux, un plan d’efficacité énergétique pour la ville de Bratislava (Slovaquie), la création de la première unité de traitement et de valorisation des déchets d’Australie, le démantèlement de réacteurs nucléaires avec EDF ou le recyclage des panneaux photovoltaïques usagers.
Un engagement concret, et à développer, contre tous les polluants les plus toxiques: plastiques, huiles, solvants, batteries…
Tout ce qui concerne le recyclage, et au final l’économie circulaire, est ainsi placé en priorité dans les activités et les investissements: qu’il s’agisse du recyclage, précise Antoine Frérot, des huiles, des plastiques, des solvants ou des batteries, c’est bien « la neutralisation des polluants les plus toxiques » qui est placée en première ligne des objectifs. « Toutes les solutions ne nécessitent pas des transformations fondamentales du mode de vie des citoyens », observe Antoine Frérot, dés aujourd’hui des actions et des évolutions sont possibles, sans coûts démesurés. D’autres nécessitent des progrès technologiques ou sociétaux. Mais dés maintenant, dans une approche à la fois optimiste et réaliste, appuyée sur des expériences concrètes, on peut décarboner des pans complets de l’activité humaine ».
Bien sûr, explique-t-il, pour déployer les activités souhaitées il faut réunir quatre critères : la maturité (ou performance) technologique, la maturité commerciale (d’une commande, publique ou privée), un soutien réglementaire (une réglementation qui incite) et un impact positif sur l’emploi local. Quand ces quatre critères sont réunis, l’action et les investissements sont menés. Et Antoine Frérot d’énumérer, détails à l’appui, une série de « solutions impactantes » pour le Climat, à court et moyen terme. Dans le domaine, notamment, de l’efficacité énergétique des industries (dont les pollutions, on le sait, sont une origine majeure des déréglements climatiques actuels), les domaines du traitement des boues et des déchets organiques (filière d’avenir aussi), de l’efficacité énergétique des bâtiments, du recyclage du plastique (préoccupation mondiale), du traitement et réutilisation des eaux usées: un domaine où la France à pris du retard. En effet, le taux du réutilisation des eaux usées (par les industries comme pour les particuliers) est très faible en France, alors qu’il est de 85% par exemple en Israël, pays particulièrement performant en ce domaine devenu stratégique pour l’ensemble les pays du monde.
C’est dire aussi combien ces « nouvelles activités », à la fois économiques et écologiques dans leurs finalités, sont devenues importantes pour l’avenir global.
L.T.(février 2019)