Pollution plastique: les initiatives se multiplient (Montréal, GB, Union Européenne, France… ONG, Etats, entreprises)

L’une des dernières décisions d’importance: le Parlement Européen a approuvé (27/03/19) le projet de directive de l’UE validé par les Etats-membres (en janvier 2019) prévoyant l’interdiction des plastiques jetables en 2021.

…………………………………..

Le problème est planétaire, les mises en alerte sont nombreuses (ONU, OCDE, Union Européenne…), et les initiatives civiques se multiplient, venant des collectivités publiques, des ONG, des entreprises ou des citoyens, dont les pratiques, par étapes, peuvent aussi progresser. En ce domaine-clé qui concerne notre santé, notre vie quotidienne, notre économie, notre mode de vie.

Dernièrement, parmi les initiatives de plus en plus nombreuses prises ou annoncées, on peut relever parmi d’autres l’intention de la Ville de Montréal de ne plus rendre possible la distribution de bouteilles (d’eau notamment) en plastique à usage unique dans les équipements de la ville. Cette mesure s’inscrit, pour cette collectivité, dans une stratégie globale de réduction du plastique (de tous types au-delà des bouteilles) sur son territoire. Les industriels, les commerçants, les associations environnementales et les citoyens seront consultés dans le cadre de cette démarche, a précisé l’administration de cette grande ville canadienne.

En Grande-Bretagne, c’est à l’échelle gouvernementale que des prises de position se sont fortement affirmées, en avril dernier. Dans le but de réduire son impact sur l’inquiétante pollution des océans, la Grande-Bretagne entend interdire la vente de pailles en plastique et plusieurs autres objets à usage unique, comme les coton-tiges, les bâtonnets mélangeurs de cocktails ou encore les tiges plastiques de ballons gonflables. Autant d’objets retrouvés massivement sur les côtes britanniques.  Les services du Premier ministre Théresa May, ont indiqué que le gouvernement britannique allait encourager les autres pays du Commonwealth à prendre de telles mesures.

Plus de plastique que de poisson en mer, en 2050 ? Le risque est clairement souligné par le chef de l’agence Environnement de l’ONU.

L’ONU a elle-même tiré le signal d’alarme sur la pollution par les plastiques qui touche dangereusement les océans, parlant de « crise planétaire », avec des risques réels de non retour, si des initiatives ne se développent par rapidement: qu’il s’agisse de la lutte contre les déchets sauvages (liés à l’insouciance ou l’incivisme des personnes ou des collectivités), de la limitation des productions de matériaux plastiques ou de leur recyclage. « L’heure est grave, selon le chef de l’agence de l’ONU pour l’Environnement (PNUE), Erik Solheim. Il faut une action urgente pour que les océans ne se transforment pas en « soupe de plastique. Quelque 270 000 tonnes de plastique flotteraient dans les océans de la planète, selon une nouvelle étude. D’ici 2050, nous risquons d’avoir « plus de plastique dans les mers que de poisson », alerte encore Erik Solheim.

La France et l’Europe se rejoignent pour agir

D’où les initiatives prises aussi par la France et l’Union Européenne. Récemment (mai 2018), la Commission Européenne a présenté une première initiative législative (directive) visant les plastiques à usage unique : pailles, cotons-tiges ou couverts jetables. Ces produits, tout comme les assiettes en plastique, les touillettes ou autres tiges pour ballons gonflables, ont été identifiés comme ceux pour lesquels « des alternatives adaptées et plus durables sont déjà disponibles » et qui seront soumis à des restrictions.

Les rapports d’ONG sont édifiants aussi, en ce qui concerne l’Europe. Ainsi, selon « Seas at risk », la consommation européenne de produits jetables est sur le point d’échapper à tout contrôle, en l’absence de toute limite. Cette organisation relève que, tous les ans, les Européens jettent 580 milliards de mégots de cigarettes, 46 milliards de bouteilles en plastique et 36,4 milliards de pailles.

Les mesures européennes annoncées pourront être restrictives pour la production et la diffusion des produits plastiques (relevant des industries pétrolières et chimiques) mais consisteront aussi à prévoir l’obligation de mieux informer les consommateurs grâce aux étiquettes, à énoncer des normes de conception plus strictes et la promotion de régimes de responsabilité plus sévères pour les producteurs, qui seront obligés de financer une partie des coûts de recyclage.

La France, qui s’est par ailleurs engagée dans une feuille de route stratégique pour l’économie circulaire, approuve la direction prise par l’Europe en ce domaine : « L’Europe va dans le bon sens et montre aujourd’hui sa capacité à engager des combats structurants. Il n’est plus acceptable de voir émerger un nouveau continent de plastique qui menace tant l’Homme que la biodiversité. Travaillons à l’aboutissement de ces mesures et à l’engagement de chaque pays européen pour les mettre concrètement en œuvre », renchérissait Nicolas Hulot, alors Ministre de la Transition écologique et solidaire. Et Brune Poirson, Secrétaire d’Etat auprès de lui, de souligner aussi: « Nous nous réjouissons de prolonger (notre) ambition (pour l’économie circulaire) à l’échelon européen et travaillons avec la Commission et nos partenaires européens pour éradiquer le fléau des pollutions plastiques, notamment en milieu marin ».

« En 50 ans, la production mondiale de plastique a été multiplié par 20 et devrait à nouveau quadrupler » (Antoine Frérot)

Les acteurs économiques sont bien sûr concernés par la bataille contre les pollutions plastiques.  « De 1964 à 2014, la production mondiale de plastiques a été multipliée par vingt et devrait à nouveau quadrupler d’ici à 2050 pour atteindre 1,1 milliard de tonnes  » si rien n’est fait pour réduire ce fléau, a par exemple souligné le PDG  de Veolia, Antoine Frérot lors d’un point  sur les activités de son groupe, leader mondial de l’eau et des déchets (liens vers vidéos, ci-dessous)). « Les plastiques représentent aujourd’hui 30% des déchets, mais moins de 20% sont recyclés dans le monde et seulement 30% en Europe « , a-t-il observé. C’est dire l’ampleur des marges de progression à réaliser, dans les années à venir, en ce secteur.

P.A. ( juin 2018, modifié février 2019 )

Les liens, pour aller plus loin :

L’initiative de Montréal pour interdire les bouteilles en plastique

Les positions du gouvernement britannique pour interdire notamment les pailles 

► La vidéo de la table ronde « Pour que le plastique tourne rond » (Up conférences et l’institut Veolia)

Le problème des plastiques à recycler : les regards croisés des ONG et des entreprises. Une initiative de débat associant l’institut Veolia. 

Les mises en alerte de l’ONU qui évoque une « crise planétaire »

La récente initiative de la Commission Européenne

« La tâche herculéenne du recyclage du plastique » (Euractiv) 

La feuille de route française pour l’économie circulaire 

Les mesures de ce plan Français pour l’économie circulaire (in ActuEnvironnement.com) 

L’article des Echos évoquant les objectifs de Veolia qui compte quintupler le recyclage des plastiques

Le lien vers la vidéo qui présente l’activité Veolia de recyclage

Un modèle (en vidéo) d’économie circulaire: Vroomshoop (Pays -Pas)