« Nous avons tous un rôle à jouer, aussi par l’encouragement et l’esprit positif »

Dans cette tribune, adressée à La Revue Civique par Solenne Roland-Riché et Matthieu Riché, ces responsables d’actions solidaires et d’éducation positive écrivent: « Nous ne choisissons pas nos émotions, mais nous pouvons décider de ce que nous en faisons.  Nous pouvons laisser la peur et colère gouverner notre société et nos vies, ou utiliser l’énergie provoquée par ces émotions pour chercher des solutions, plus que des coupables. »

Préparer le monde d’après, oui mais pour quelle société ?

Alors que nous traversons la plus grave crise sanitaire de notre jeune siècle, et que nous entrons dans une crise économique et sociale d’une ampleur inconnue, les débats, légitimes, sur le monde d’après fleurissent un peu partout.

Nous pouvons faire le choix collectif de reprendre, tête baissée, les confrontations que nous avons connues ces derniers mois, qui favorisent le populisme, ou de profiter de cette crise pour en tirer quelques leçons qui pourront nous servir à poser le socle de la société que nous voulons dès à présent.

Que nous apprend cette crise ? Ce que nous savions déjà et avions oublié, nous rappelle la lecture des travaux d’Alfred Adler, médecin et psychothérapeute autrichien du 20ème siècle, dont la pensée éclaire les enseignements de cette crise. Quels sont-ils ?


Nous pouvons tous contribuer à la société. En renouant cette chaîne de solidarité entre les français pour assurer à chacun, accès au soin et à  l’alimentation »

Nous méritons tous le même respect et la même dignité. La crise sanitaire a mis, à juste titre, sur le devant de la scène tous ceux qui exercent des métiers qui étaient peu valorisés dans notre société : aides-soignants, hôtesses de caisses, conducteurs de camions… Ils ont regagné une dignité et un respect qu’ils n’auraient jamais dû perdre.  

Nous appartenons tous à la même espèce humaine : le virus ne faisant pas de différence entre une personne riche ou pauvre, entre un citoyen d’Afrique ou d’Europe, une femme ou un homme, il nous rappelle chaque jour que nous appartenons au même monde biologique et que nous sommes interconnectés, quel que soit notre situation personnelle.

Nous pouvons tous contribuer à la société. En renouant cette chaîne de solidarité entre les français pour assurer à chacun, accès au soin et à  l’alimentation, chaque individu retrouve un peu de son sentiment d’appartenance à notre pays, et d’importance par sa contribution. Qu’il s’agisse de soigner les malades, de faire fonctionner la chaîne alimentaire ou de rester chez soi, nous sommes tous importants dans la lutte contre le COVID-19. 

Nous avons tous un rôle à jouer. Même le geste consistant à rester chez soi, qui parait si simple, ne l’est pas avec le confinement qui se prolonge et les conditions parfois difficiles de logement ! Au contraire, ce geste est de la plus grande importance puisqu’il sauve et préserve des vies, rien que cela !

Notre liberté nous impose certaines responsabilités ».

Nous pouvons tous agir par l’encouragement.  Chaque citoyen prend conscience, chaque soir, du pouvoir de l’encouragement  quand il applaudit les citoyens en 1ère ligne ! Ces encouragements, qui prennent de nombreuses formes, sont une force immense pour tous ceux qui sont aux contacts des malades, des plus démunis, ou qui assurent les services essentiels. L’encouragement, plus que la critique, est le véritable levier du changement.

Notre liberté individuelle s’accompagne de responsabilités sociales.  Le confinement nous rappelle aussi violemment que notre liberté nous impose certaines responsabilités. Nous ne pouvons en user au détriment de la santé des autres et de ceux qui agissent au risque de leur vie dans les hôpitaux !

Enfin,  dernier enseignement de cette crise, nous ne choisissons pas nos émotions, mais nous pouvons décider de ce que nous en faisons.  Nous pouvons laisser la peur et colère gouverner notre société et nos vies  ou utiliser l’énergie provoquée par ces émotions pour chercher des solutions, plus que des coupables.

En respectant les enseignements d’Alfred Adler dans le monde d’après, nous pourrions favoriser une société plus inclusive et plus respectueuse de chaque être humain, comme de la nature.

Solenne Roland-Riché, est formatrice en discipline positive, auteur des « 50 règles de l’éducation positive » et des « 100 règles d’or du management positif »; elle est intervenante à Sciences Po Executive Education.

Matthieu Riché est directeur de la RSE d’un groupe de grande distribution et délégué général de « Société en mouvement ».

(23/04/20)