Le discours prononcé par le Président de la République Emmanuel Macron le 4 septembre 2020 au Panthéon, pour la célébration des 150 ans de la République, était l’occasion de rappeler les fondamentaux du pacte républicain et ce que recouvre les éléments indissociables de la devise française, Liberté, Egalité, Fraternité. Larges extraits ici, suivi du lien (texte et vidéo) vers l’intégralité de la cérémonie et de cette allocution.
Devenir Français, c’est accepter d’être plus qu’un individu poursuivant ses intérêts propres: un citoyen qui concourt au bien commun, fait preuve de responsabilité vis-à-vis de ses compatriotes, qui cultive une vertu toute républicaine, des devoirs et des droits. Mais toujours des devoirs d’abord. Devenir Français, c’est avoir ancré en soi-même la conscience que parce que la République est toujours fragile, toujours précaire, elle doit être un combat de chaque aube, une conquête de chaque jour, un patriotisme républicain de chaque instant. La République n’est pas donnée, jamais acquise, et je le dis ici aussi pour nos jeunes. C’est une conquête. Elle est toujours à protéger ou à reconquérir (…)
Être Français, c’est d’abord aimer passionnément la liberté. De Gaulle a évoqué le pacte vingt fois séculaire entre la France et la liberté du monde. À partir d’aujourd’hui, vous êtes liés par ce pacte. La liberté dans notre République est un bloc. C’est la liberté de participer au choix de ses dirigeants et donc le droit de vote mais qui est indissociable de la soumission au verdict des urnes, à la liberté collective du peuple.
« La liberté de conscience, et en particulier la laïcité, ce régime unique au monde qui garantit la liberté de croire ou de ne pas croire mais qui n’est pas séparable d’une liberté d’expression allant jusqu’au droit au blasphème ».
C’est la liberté de conscience, et en particulier la laïcité, ce régime unique au monde qui garantit la liberté de croire ou de ne pas croire, mais qui n’est pas séparable d’une liberté d’expression allant jusqu’au droit au blasphème. Et je le dis au moment où s’ouvre le procès des attentats de janvier 2015. Être Français, c’est défendre le droit de faire rire, la liberté de railler, de moquer, de caricaturer, dont Voltaire soutenait qu’elle était la source de toutes les autres. Être Français, c’est être toujours du côté des combattants de la liberté. Et plus encore quand les renoncements prospèrent, quand la censure progresse (…)
L’égalité, elle aussi, est un bloc, des devoirs et des droits. L’égalité devant la loi implique ainsi que les lois de la République sont toujours supérieures aux règles particulières. C’est pourquoi il n’y aura jamais de place en France pour ceux qui, souvent au nom d’un Dieu, parfois avec l’aide de puissances étrangères, entendent imposer la loi d’un groupe. Non, la République, parce qu’elle est indivisible n’admet aucune aventure séparatiste. Un projet de loi de lutte contre le séparatisme sera à cette fin présenté dès cet automne (…)
« Ce système unique au monde ne tient que par les liens toujours fragiles qui unissent nos concitoyens, liens du respect et de la civilité qu’à tout moment, la violence et la haine peuvent briser ».
La fraternité. Être Français, c’est voir en son compatriote plus qu’un semblable, un défi. Notre nation a ceci de singulier qu’elle a développé un État providence, un modèle de protection sociale qui ne laisse personne au bord du chemin. Or, ce système unique au monde ne tient que par les liens toujours fragiles qui unissent nos concitoyens, liens du respect et de la civilité qu’à tout moment, la violence et la haine peuvent briser. C’est pour cela qu’en République, les policiers, les gendarmes, les magistrats, les maires, les élus de la République, plus largement, toutes celles et ceux qui luttent contre la violence, contre le racisme et l’antisémitisme jouent un rôle déterminant, et que, par symétrie, ceux qui s’en prennent à eux doivent être lourdement condamnés (…)
A chaque fois que le drapeau tombera, il faudra le rehisser. À chaque fois que certains la menaceront (la République), il faudra la défendre. Car d’autres avant vous l’ont défendu. Soyons donc tous rassemblés, vous qui venez de rejoindre la communauté nationale, vous qui y êtes nés et qui y grandissez, et tous les enfants de la République.
Être Français, n’est jamais seulement une identité. C’est une citoyenneté. Ce sont des droits qui vont avec. Ce sont aussi ses devoirs, c’est-à-dire l’adhésion à ses valeurs, à une histoire, à une langue, à une exigence qui tient la République debout, car elle dépend de chacune et chacun d’entre nous à chaque instant (…)