Projet de déplacement innovant (encouragé par la BPI, l’Ademe et présenté au Parlement européen 2023 parmi les 100 solutions pour accélérer la transition écologique), Symone a une visée pratique et écologique: pouvoir embarquer sa voiture ou sa moto sur un grand autocar fonctionnant au BioGaz. Explications dans La Revue Civique, par le co-fondateur de cette start up, Romain Coispine .
-La Revue Civique : le prototype de votre nouveau mode de transport sur autoroute, « Symone », allie innovation technologique et mobilité écologique. Pouvez-vous nous présentez les principaux atouts de ce mode de transport inédit et le public potentiellement concerné ?
-Romain COISPINE: Ce nouveau mode de transport unique au monde permet effectivement d’offrir une nouvelle expérience de déplacement. Complémentaire au train, Symone sera déployé sur des grands axes autoroutiers. Symone permettra de répondre aux besoins des 100 000 voitures/motos qui chaque jour, rien qu’en France, font des longs trajets autoroutiers et qui ne prennent pas (et ne prendront pas) d’autres modes de transport. Symone c’est tout simplement tous les avantages du train sur l’autoroute.
Vous réservez votre billet et vous arrivez juste en amont du péage, donc directement sur votre route. Et là, on charge votre véhicule sur le toit d’un grand autocar fonctionnant au BioGaz [NDLR : puis à l’hydrogène vert à partir de 2028]. Vous montez ensuite dans une cabine passagers tout confort, comme dans un train en première classe. Le chauffeur Symone vous conduit ensuite en toute sécurité à votre destination, et vous profitez de votre temps libre gagné pour dormir, travailler, passer plus de temps en famille. Vous l’avez compris, vous arrivez frais et reposé à destination avec votre véhicule.
« Gagner du temps libre sur des trajets plus sécurisés et décarbonés »
Symone répond à de nombreux besoins, pour les particuliers comme pour les professionnels, de jour comme de nuit. Tous ceux qui veulent gagner du temps libre sur des trajets plus sécurisés et plus décarbonés. C’est aussi une très bonne solution pour les séniors, les motards, les voitures de collection, les professionnels qui font de longs déplacements à la semaine. Symone facilitera également l’usage des petits véhicules électriques et incitera à plus de covoiturage.
Pour toutes ces raisons, nous avons été sélectionnés et présentés au Parlement européen en juin 2023 dans les 100 solutions pour accélérer la transition écologique.
-Placer son véhicule sur un autobus à combustion « verte » offrirait en effet un apport en confort et commodités pour le transport, un peu comme en train. Mais le développement du projet n’est-il pas utopique: comment compter vous passer du prototype expérimental à un développement industriel pouvant toucher un grand public ? Quels sont les partenaires institutionnels que vous avez pu, ou penser pouvoir, convaincre d’investir pour réussir le pari d’un tel développement ?
-Nous avons d’ores et déjà reçu le soutien de nombreux institutionnels comme la région Bourgogne Franche-Comté et la BPI (Banque Publique d’Investissement). Nous avons aussi, par exemple, été sélectionnés parmi les 25 startups pour l’émission « Bleu Blanc Bouge », mise en place dans le cadre de France 2030. Toutes ces reconnaissances, du local à l’échelon européen, sont le résultat d’une validation de notre solution tant sur le plan technique, environnemental que financière par des experts de tous horizons. Ce qui nous a permis de convaincre de nombreux partenaires industriels de premiers plans. La construction du prototype va commencer dans les prochains mois pour une mise en circulation début 2025. Le passage du prototype au développement industriel se fera en plusieurs étapes avec un objectif de 150 Symone en circulation en 2030.
« Une dynamique positive montre la prise de conscience sur l’importance de la transition écologique »
-Les transports sont l’une des principales sources d’émissions des gaz à effets de serre, causes du réchauffement climatique. Constatez-vous, au niveau national comme européen, qu’une prise de conscience est en train de se traduire concrètement en décisions chez les interlocuteurs (institutionnels ou privés) que vous avez pu voir ? Ou est-ce encore long ou incertain pour obtenir des réponses à vos sollicitations, par exemple de rencontres ?
-En effet, la circulation des véhicules légers sur autoroute représentent 6% de toutes les émissions de CO2 françaises ! Nous avons donc eu de nombreux soutiens politiques et institutionnels. D’ailleurs sans la BPI, l’ADEME, France 2030 ou la Région Bourgogne Franche-Comté, nous n’aurions jamais pu en arriver là. Nous ne manquons pas une occasion de les remercier.
Il y a de nombreux dispositifs et outils pour accompagner l’ensemble des acteurs dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cette dynamique positive montre la prise de conscience sur l’importance de la transition écologique dans le secteur des transports. Cela se traduit en actions concrètes, tant au niveau des politiques publiques que des initiatives privées. La combinaison de ces efforts est essentielle pour réduire l’impact environnemental des transports et contribuer efficacement à la lutte contre le changement climatique.
Des optimisations sont en cours et il reste toujours des angles morts. Par exemple dans l’étude des dossiers de subvention, il y a toujours un facteur humain avec une part de subjectivité et des visions très différentes d’un jury à l’autre. Ou des difficultés pour des projets très innovants qui ne rentrent pas exactement dans les cases prévues par l’administration et les appels à projets. Le temps des administrations est également encore trop différent du temps des startups.
Tout n’est pas encore optimal mais cela va dans le bon sens et le principal c’est que ces acteurs publics soient à l’écoute des startups et améliorent sans cesse leur process.
(03/03/2024)