L’exécutif n’a pas vraiment convaincu sur la réforme du droit de travail. Le baromètre mensuel Viavoice-Libération (mars 2016) indiquait (le 24.03) que, malgré les adaptations présentées par le Premier ministre, l’opinion n’était pas reconquise. Une large majorité de Français demeure même opposée (58 %) au projet de loi El Khomri et soutient (54 %) les mouvements sociaux à venir.
Au-delà du projet de loi El Khomri, une mobilisation nourrie par le rejet de la politique économique du gouvernement
Seulement 28 % des Français se disent favorables, en dépit des adaptations annoncées par le Premier ministre : non-obligation du plafonnement des indemnités prud’homales, absence d’allongement du temps de travail des apprentis sans autorisation, généralisation de la garantie jeunes, etc…
– Une personne sur deux (50 %) estime que ces annonces ne « changent pas grand-chose » ;
– Un quart (27 %) considère que celles-ci « ne vont pas dans le bon sens » (27 %), faisant notamment écho aux critiques de la droite ;
– Seules 15 % pensent qu’elles « vont dans le bon sens ».
Pourtant, sur le fond, ce discrédit sur le projet de loi El Khomri ne va pas de soi :
– 48 % des personnes interrogées pensent que le code du travail constitue un « frein à l’emploi » en France, et 44 % un « frein à l’activité économique » ;
– 58 % adhèrent à l’idée selon laquelle il faut permettre aux entreprises d’« augmenter le temps de travail des salariés si elles en ont besoin ».
Sur le fond, l’opposition majoritaire des Français au projet de loi El Khomri s’explique par deux phénomènes majeurs :
– Essentiellement, le rejet de la politique économique du Gouvernement : 45 % des personnes envisageant se mobiliser le feraient contre cette politique « dans son ensemble », au-delà du seul projet de loi (13 %), lequel apparaît donc davantage comme un point de cristallisation des mécontentements ;
– Pour une part, un rejet des mesures visant à faciliter les licenciements économiques qui, pour 48 % des Français (contre 40 %) ne sont pas de nature à aider l’emploi.
Au bilan d’opinion de cette période, l’exécutif souffre d’un discrédit toujours massif à gauche sur ce projet de loi: près des deux tiers (63 %) des sympathisants de gauche sont opposés au projet de loi, et 66 % soutiennent les mouvements sociaux actuels (contre 54 % des Français en moyenne). Cela conduit à une situation paradoxale pour l’exécutif, mobilisant à droite (au Parlement comme auprès de l’opinion publique) pour imposer une réforme à laquelle s’oppose la majorité des sympathisants de gauche : une gauche, autrement dit, contre elle même.
► Les résultats complets du Baromètre mensuel Viavoice-Libération de mars