On le sait, l’Europe est l’objet d’âpres débats, et de vives mises en cause ou attaques (extérieures et intérieures, parfois dangereusement convergentes). Dans ce contexte, un élan est à relever: dans Le Monde (daté du 30/08), le chanteur irlandais Bono annonce vouloir se lever contre les démagogies ultra-nationalistes et populistes, qui parcourent l’Europe. Et même brandir spectaculairement le drapeau de l’#UE lors de ses prochains concerts !
Signe avant-coureur d’une mobilisation, plus large et populaire, en faveur de l’idéal européen malmené ? On n’en est évidemment pas là, mais la tribune du chanteur irlandais, ses arguments d’engagement, méritent d’être connus.
Voici ce que cet artiste écrit : « Un groupe de rock est au meilleur de son art lorsqu’il transgresse les limites de ce que l’on considère être le bon goût, lorsqu’il choque et qu’il crée la surprise. C’est dans cet élan que U2 entame sa tournée européenne cette semaine à Berlin, avant de retrouver Paris, début septembre. Nous avons décidé de réveiller les consciences et de réaffirmer une idée ambitieuse à laquelle nous croyons : notre Europe. Pendant le concert, nous déploierons un grand drapeau bleu vif, celui de l’Union européenne (UE). »
Il poursuit : « Je me mets à la place du public qui vient assister à un concert de rock : voir un drapeau européen s’agiter devant ses yeux doit sembler perturbant ou même ennuyeux, au mieux s’apparenter à une référence un peu kitsch au concours de l’Eurovision.
L’Europe est un théâtre où se jouent de puissantes émotions. »
Il n’a jamais existé de meilleur endroit où naître
« Pour certains d’entre nous, c’est devenu un acte de revendication. Pendant longtemps, l’Europe nous a profondément ennuyés. Aujourd’hui, elle cristallise des tensions et des débats passionnés (…) nous sommes tous sur le même bateau, naviguant sur des mers agitées, dans des conditions climatiques houleuses, et tout cela du fait de la montée du populisme et des extrêmes à travers le continent.
Par les temps qui courent, il est devenu difficile de susciter un désir d’Europe chez les Européens eux-mêmes. Pourtant, il n’a jamais existé de meilleur endroit où naître que dans l’Europe de ces cinquante dernières années. »
Les arguments suivent, dans ce texte, qui fait état aussi des insuffisances d’une construction forcément imparfaites, et à poursuivre, à corriger même. On sait l’artiste lui-même imparfait, avoir même fait défaut sur le plan civique. Mais cet engagement est un signe. Que la cause européenne peut aussi être porté par des élans « sentimentaux » et même passionnels, registre auquel font (trop) appel les forces ultra-nationalistes et xénophobes de leur côté. Signe intéressant.
G.L
(août 2018)