Voici notre résumé de l’enquête en ligne réalisée par l’institut Harris Interactive pour LCP (La Chaîne Parlementaire), du 12 au 14 décembre derniers, sur un échantillon de 1 001 personnes représentatives des Français âgés de 18 ans et plus. Dans le cadre de son partenariat avec LCP, Harris Interactive réalise chaque mois une enquête auprès des Français. Cette étude d’opinion s’articule autour des questions suivantes : « quel regard les Français portent-ils, aujourd’hui, sur les attentats terroristes de 2015 ? Quelle importance attribuent-ils à la laïcité dans le débat public ? Considèrent-ils que le principe de laïcité est bien appliqué dans la société française ? »
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3 ans après, le regard des Français sur les attentats de 2015
Quand on les interroge spontanément sur le sujet, les Français expriment avant tout des émotions d’horreur, de tristesse, de colère (55%, +4 points par rapport à janvier 2015) et aussi de peur, cette dernière étant beaucoup plus prononcée qu’en janvier 2015 (date d’un sondage similaire, réalisé quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo), passant de 14% à 21%. Contrairement à la notion de «liberté d’expression» en régression dans l’opinion sur ce thème. Enfin, par rapport à janvier 2015, le sentiment de consternation s’est atténué (31%, -17 points), la peine (36%, -4 points) et l’incompréhension (19%, +2 points) restant à des niveaux proches de ce qu’ils étaient alors.
Cependant, 65% des Français se sentent en sécurité dans leur pays, soit 2 points de plus qu’en janvier 2015. Ce sentiment de sécurité est plus marqué chez les hommes, les catégories aisées, les sympathisants de gauche et de La République En Marche.
Islam et laïcité : les Français très partagés
Dans l’opinion, la laïcité est aujourd’hui associée aux principes de «liberté», «respect», «neutralité», «séparation», et d’absence de « signes religieux » notamment dans l’école publique. Près de 9 Français sur 10 font de la laïcité «un principe essentiel de la République française» (87%).
Les Français sont en revanche plus partagés en ce qui concerne la relation entre le principe de laïcité et les différentes religions. 34% estiment que la laïcité est utilisée contre les religions quand 65% pensent que ce n’est pas le cas. C’est surtout le rapport entre laïcité et islam qui divise : 51% des Français considèrent ainsi que le principe de laïcité est utilisé par certaines personnes pour stigmatiser l’islam (score plus élevé parmi les sympathisants de gauche), quand 48% pensent l’inverse.
Les Français sont également partagés sur la place occupée par la laïcité dans le débat public français, bien qu’une très large majorité considère ce sujet comme étant de premier plan : 32% estiment que la laïcité devrait avoir une place prioritaire et 48% une place importante sans être prioritaire dans le débat public. Seuls 19% n’y voient qu’un sujet d’importance secondaire. 33% estiment que l’on parle trop de la laïcité dans les médias, un chiffre encore plus élevé parmi les personnes âgées de 65 ans et plus, les catholiques et les sympathisants Les Républicains. En opposition, 30% des Français pensent au contraire qu’on n’en parle pas assez,notamment les jeunes de 18-24 ans. Enfin, un dernier groupe (36%) se montre plus satisfait du traitement actuel réservé à la laïcité dans les médias.
Les Français sont également divisés sur la façon dont le principe de laïcité est aujourd’hui respecté dans la société : 48% d’entre eux estiment qu’il est bien appliqué quand 52% pensent l’inverse. C’est dans les hôpitaux que cette mise en pratique est considérée comme la meilleure (66% des Français), dans les entreprises (61%) et les services publics (60%). L’école est un peu en retrait (57%). Là encore, les sympathisants de gauche et de La République En Marche sont ceux qui estiment le plus que le principe de laïcité y est bien respecté. Enfin, les Français se montrent peu confiants en ce qui concerne l’avenir du principe de laïcité : seulement 41% d’entre eux se disent optimistes en ce qui concerne son application dans les années à venir (surtout parmi les plus jeunes, les cadres, professions libérales et les sympathisants PS et LREM), quand 58% se disent pessimistes sur ce sujet.