Intégrer à la politique économique des mesures de lutte contre le changement climatique peut avoir un impact positif sur la croissance économique à moyen et long terme. Tel est l’enseignement principal du rapport de l’OCDE « Investing in Climate, Investing in Growth » qui souligne l’importance de ne pas traiter la problématique environnementale séparément (des politiques économiques). Bien au contraire, il faut « rapprocher l’action en faveur de la croissance de celle qui vise le climat » préconise ce rapport. Une vision à 360° qui pourrait augmenter le PIB des pays du G20 de 1 % d’ici 2021 et 2.8 % d’ici 2050. Une croissance du PIB qui pourrait même atteindre la barre des 5%, toujours pour l’échéance de 2050, si l’on prend en compte les retombées économiques positives de l’élimination de certains effets du changement climatique, comme par exemple les dommages liés aux inondations côtières et aux tempêtes.
C’est Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE, qui résume le mieux la thèse de ce rapport : « Loin d’être un frein, l’intégration de l’action climatique à la politique en faveur de la croissance peut avoir un effet économique positif ». Les principales recommandations du rapport auprès des pays du G20 sont les suivantes :
–veiller à intégrer les objectifs climatiques dans les réformes en faveur de la croissance, en particulier pour assurer une meilleure allocation des ressources, des investissements plus abondants et des réformes structurelles compatibles avec la transition vers de faibles émissions.
–renforcer les politiques d’atténuation du changement climatique, notamment la tarification du carbone, les réglementations judicieuses, la recherche-développement et le recours aux marchés publics pour contribuer à stimuler l’innovation bas carbone.
-intensifier les efforts visant à mobiliser l’investissement privé dans les infrastructures à faibles émissions et résilientes face au climat, moyennant de nouvelles initiatives pour verdir le système financier.
-faire participer les autorités locales, les employeurs et la main d’œuvre à la transition des activités et des collectivités exposées, afin qu’elle soit juste pour les travailleurs et que l’approche des stratégies axées sur la croissance et le climat soit équitable.
Le rapport de l’OCDE « Investing in Climate, Investing in Growth » met aussi en évidence la question des infrastructures que l’on peut voir comme la « pierre angulaire de la croissance économique » mais qui ont « pourtant pâti d’un sous-investissement chronique dans la plupart des pays du G20 ». Or les négociations de la COP21 fixent comme objectif une limitation à +2° du réchauffement climatique d’ici 2100 « ce qui nécessitera des investissements dans les infrastructures de 6 900 milliards $ par an entre aujourd’hui et 2030, soit seulement 10 % de plus qu’une croissance intensive en carbone ». Moins énergivores, les infrastructures respectueuses du climat permettraient de faire chaque année des économies d’énergies fossiles de 1 700 milliards $ au total, ce qui compenserait de loin le surcoût.
► Le rapport de l’OCDE « Investing in Climate, Investing in Growth »
► Voir les travaux de l’OCDE sur le changement climatique « Growth, Investment and the Low-Carbon Transition »
► Energie, priorité au climat ! (la note de l’Institut Montaigne)
mai 2017