L’étude d’Opinion IPSOS : les Français et le civisme.
A l’occasion de la tenue de la Table Ronde du 14 octobre 2010 sur «La fracture civique en question – Comment mieux associer les citoyens à la vie publique ? », Ipsos a réalisé pour la Revue Civique, le Médiateur de la République et Voisins solidaires une enquête d’opinion sur ce sujet auprès d’un échantillon représentatif de 1 021 Français âgés de 15 ans et plus, interrogés les 1er et 2 octobre derniers.
Qu’entendent les Français lorsqu’on leur parle de civisme ? Estiment-ils que l’incivisme a progressé dans la société française ces dernières années ? Quels moyens leur paraissent-ils être les plus efficaces pour favoriser le civisme en France à l’avenir ?
Pour les Français, le civisme passe avant tout
par le respect des autres au quotidien
Alors que l’on associe souvent le civisme à des notions de vote ou de représentation démocratique, les Français mettent surtout en avant la notion de respect des autres au quotidien.
Ainsi, pour la très grande majorité d’entre eux (69%), faire preuve de civisme, c’est avant tout « respecter les autres (ses voisins, toute personne quels que soient son sexe, son âge, son origine…) ». Cette notion arrive en tête dans toutes les catégories de population.
Les Français mettent ensuite en avant deux aspects du civisme qui renvoient également à la notion de respect : respect des règles de vie collective comme le code de la route (31%) mais aussi respect des emblèmes et des valeurs de la République (30%).
En revanche, les notions d’engagement – politique ou associatif – ou de participation aux élections arrivent loin derrière dans la hiérarchie des réponses. Ainsi, seuls 18% estiment que faire preuve de civisme, c’est avant tout voter aux différentes élections, tandis que moins de 10% évoquent le fait de s’engager pour une cause d’intérêt général (7%) ou de participer à la vie publique et démocratique (6%).
Deux Français sur trois constatent et déplorent
la progression de l’incivisme en France
Le constat que dressent les Français de l’évolution de l’incivisme en France est assez sombre : les deux tiers (65%) estiment ainsi que l’incivisme a tendance depuis ces dix dernières années à progresser dans la société, tandis que seuls 13% jugent qu’il diminue et 16% qu’il reste stable.
Les personnes âgées sont encore plus sévères : 75% des personnes de 60 ans ou plus déplorent une progression de l’incivisme dans la société française tandis que les jeunes de 15 à 24 ans, sans nier le phénomène, le dénoncent dans des proportions plus modérées (47%).
Il semble donc que pour une large majorité de Français, le respect des autres dans la vie quotidienne est une valeur qui a tendance à se perdre de plus en plus.
L’apprentissage du « vivre ensemble » à l’école leur apparaît
comme la meilleure solution pour favoriser le civisme à l’avenir
Pour faire face à cette situation et favoriser le civisme dans la société, les Français plébiscitent l’apprentissage du « vivre ensemble » à l’école : cette solution est jugée prioritaire par près de la moitié des interviewés (46%), notamment les plus de 60 ans (51%) et les personnes ayant au moins un Bac+2 (52%).
Cette notion de « vivre ensemble » se décline à travers les autres propositions mises en avant par les interviewés, qu’il s’agisse du service civique pour les jeunes, jugé prioritaire par un Français sur trois et par près de 4 personnes âgées sur dix, de favoriser la convivialité et la proximité entre citoyens (25%) ou encore de contrôler le respect des règles de vie collective comme le code de la route (21%).
En revanche, la lutte contre l’abstention aux différentes élections (9%) ou le fait de favoriser l’engagement dans une association, un parti ou un syndicat (7%) ne sont jugés prioritaires que de manière marginale. Ces notions apparaissent probablement comme nettement moins primordiales que l’attention que l’on peut apporter à autrui dans la vie quotidienne, ce qui fait écho à leur approche plus « pragmatique » du civisme.
Notons par ailleurs que le développement de la protection de l’environnement est particulièrement mis en avant par les plus jeunes, signe qu’ils sont probablement plus sensibles à ce sujet que leurs aînés. Ainsi, 28% des 15-24 ans estiment que c’est quelque chose de prioritaire pour favoriser le civisme en France (contre 16% en moyenne), faisant de ce enjeu quelque chose de quasiment aussi important selon eux que l’apprentissage du vivre ensemble à l’école ou le développement du service civique.
Une large approbation de la proposition d’organiser
une journée nationale de consultation des Français
Autre proposition testée dans cette enquête, le fait d’organiser une journée nationale de consultation des Français – une sorte de referendum consultatif destiné à faire respirer et à animer chaque année la démocratie – sur les grands débats et enjeux de société apparaît comme une solution efficace pour intéresser davantage la population à ces questions : 62% des interviewés sont de cet avis, contre 36% qui se montrent plus dubitatifs (41% chez les personnes les plus diplômées).