La Fondapol (fondation pour l’innovation politique) vient de publier une étude, très précise et détaillée, sur le niveau et les formes d’antisémitisme en France. Une étude d’opinion (réalisée par l’Ifop), qui révèle que le mal antisémite est profond, sinon en niveau quand on prend en compte l’ensemble de la population française mais en degrés et en intensité, quand on scrute les parties de l’opinion particulièrement touchées, et qui sont les quatre suivantes :
- les personnes se disant proches du Front national et avoir été électeurs de Marine Le Pen en 2012
- les personnes se disant musulmanes, avec différents niveaux d’appartenance à cette communauté religieuse
- les personnes proches de l’extrême gauche ou du Front de gauche
- une partie des personnes très consommatrices d’outils numériques, en particulier des réseaux sociaux et des vidéos diffusées sur internet
L’étude est édifiante, notamment en ce qui concerne le niveau d’opinions antisémites atteint dans l’électorat de Marine Le Pen. Ce qui fait dire au directeur de la Fondapol, Dominique Reynié (qui s’exprimait à l’occasion de la Convention nationale du CRIF, ce 16/11/14), que contrairement à ce qu’on dit dans certains (beaucoup de) médias sur le mouvement présidée par la fille de J-M Le Pen, « on ne peut considérer que le FN est un parti comme les autres ».
L’importance des préjugés antisémites au FN
Par exemple, selon ce sondage Ifop commandé par la Fondapol, l’opinion selon laquelle « il y a un complot sioniste en France », opinion marginale pour le reste de la population, atteint le niveau de 38% des électeurs de Marine Le Pen ! Une question très clivante, et révélatrice, a été également posée par les sondeurs sur l’utilité d’enseigner la Shoah « pour que cela ne recommence pas ». Une très large majorité de Français (77%) se dit naturellement d’accord avec cette affirmation. Mais chez les électeurs de Marine Le Pen, ceux qui se disent en désaccord avec cette affirmation sur la Shoah sont 30% ! Ce chiffre passe même à 39% chez les proches du FN pour considérer qu’un Français juif n’est « pas un Français comme les autres » ! C’est dire l’importance et l’intensité de tous les préjugés antisémites, dans la zone d’influence du FN au sein de l’opinion publique française.
Compte tenu de l’importance de cet électorat FN (arrivé en tête aux élections européennes de juin 2014), c’est dire aussi le danger que constitue la diffusion massive de toute une série de préjugés antisémites, mesurés par cette étude de la Fondapol, comme d’ailleurs d’autres préjugés racistes ou homophobes, qui accompagnent généralement l’antisémitisme dans un rejet global de « l’autre » ou de celui qui est considéré comme « étranger ».
Par ailleurs, cette étude révèle de manière claire aussi la « relation directe » qu’il y a entre « le degré d’implication dans la religion musulmane » (par le niveau et la fréquence de la pratique du culte par exemple) et « la propension antisémite », notamment en ce qui concerne l’opinion, hautement répandue chez les musulmans pratiquants, que le Français juif « n’est pas un Français comme les autres ».
Une corrélation est établie aussi, par cette étude, entre les praticiens d’internet, non pas les visiteurs de sites d’information ou de consommation numérique, mais les addicts des réseaux sociaux et des vidéos postées uniquement sur Internet (YouTube, Dailymotion, …): c’est dans cette part du public des internautes, qu’on retrouve une forte expression antisémite et les tenants des thèses « complotistes ». Dont le nombre peut aussi inquiéter et mettre en alerte.
JPM
► L’ensemble de l’étude de la Fondapol sur l’antisémitisme en France