Pour la fin du gaspillage alimentaire

Alors qu’une proposition de loi visant à lutter contre le gaspillage alimentaire a récemment été présentée devant l’Assemblée nationale (5 février 2015) par le député du Nord Jean-Pierre Decool (UMP), Arash Derambarsh, conseiller municipal à Courbevoie nous raconte sa lutte pour faire en sorte que les invendus des supermarchés ne soient plus jetés à la poubelle, mais distribués à ceux qui en ont besoin.

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« Il y a un énorme gâchis alimentaire ». C’est parti de ce constat, qu’Arash Derambarsh a débuté sa lutte contre le gaspillage des aliments invendus dans les supermarchés. «Beaucoup d’électeurs m’ont demandé d’agir concrètement », explique le jeune élu de 35 ans, conseiller municipal à Courbevoie, « et l’une des premières initiatives que j’ai entreprise », décrit-il, « c’est de mettre en place un partenariat avec une enseigne de distribution, pour reprendre les invendus qui représentent 20 à 40kg de nourriture par jour ».

C’est donc auprès d’une enseigne de sa ville qu’Arash a commencé à donner vie à son projet. Ce dernier est  accompagné d’une pétition, pour une loi contre le gâchis alimentaire, qui a déjà obtenu plus de 130000 signatures. Une pétition soutenue par l’acteur et réalisateur Mathieu Kassovitz.

« Je suis allé voir le Carrefour Market de Charras à Courbevoie », explique l’élu divers-droite,  « et je leur ai dit que je n’avais pas d’infrastructure, pas de local, pas de logistique pour stocker la nourriture, mais qu’on allait contourner la chaîne du froid ». Un défi que le supermarché a accepté de relever.

« Le lobby de la grande distribution »

Comme l’explique la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) la chaîne du froid consiste à maintenir les aliments réfrigérés à une température basse. Un maintien qui permet de conserver leurs qualités et de les garder sains du lieu de production, jusqu’ à la cuisine du consommateur. Le produit ingéré pourrait donc devenir dangereux pour la santé, lorsque la chaîne est rompue, car le froid limite la prolifération des micro-organismes.

Arash Derambarsh, élu à l'origine de la pétition pour une loi "anti-gâchis alimentaire"

Mais dans son opération de redistribution des invendus, Arash Derambarsh assure cependant que « cela ne rentre pas dans la réglementation drastique de la chaîne du froid ». En effet, après avoir récupéré les invendus, Arash et son équipe de bénévoles ne conservent pas cette nourriture. Ils la cèdent « automatiquement et directement » aux sans abris, mais également à une catégorie «invisible», constituée par ceux de la classe moyenne qui «le 10 du mois, se retrouve sous l’eau».

L’élu s’insurge contre la réglementation sur la date de péremption et demande un éclairage à propos de celle-ci : « Pourquoi un produit vendable 30 minutes avant ne le serait-il plus 30 minutes après [la fermeture du magasin, ndlr] ? », s’interroge-t-il. « Une date de péremption sur un paquet, ce n’est pas la date de consommation mais la date de vente », selon Arash, qui dénonce une réglementation servant : « les intérêts de la grande distribution, car le lobby de la grande distribution a obtenu des dates pour vendre ».

« Une loi dans les deux mois »

La législation pourrait évoluer d’ici deux mois. Le 30 janvier, auprès du député Frédéric Lefebvre (UMP), le ministre de l’économie Emmanuel Macron s’est en effet engagé à ce qu’une loi « anti Gâchis Alimentaire » soit élaborée dans ce délai. C’est déjà une victoire, pour celui qui a voulu donné un écho médiatique à cette initiative. Un écho qui s’est fait entendre, puisqu’il a été suivi d’une proposition de loi du député du Nord Jean-Pierre Decool, présentée le jeudi 5 février dernier devant l’Assemblée nationale. Celle-ci a cependant été renvoyée dans l’attente d’un nouveau texte annoncé comme plus complet, et qui sera issu d’une mission confiée au député de la Mayenne Guillaume Garot (PS).

En attendant un projet de loi, Arash Derambarsh, qui veut « qu’on mette un coup de pied dans la fourmilière et qu’une loi passe», sera reçu en audition libre le 17 février par ce dernier. Guillaume Garot est en effet chargé par le Gouvernement de faire des propositions contre le gaspillage alimentaire. Cette action humanitaire ne devrait donc pas s’éteindre de sitôt, puisque lui-même la voit comme « un véritable défi et non une lubie ».

Emilie GOUGACHE

Signer la pétition « Stop au gâchis alimentaire »

Lire l’entretien avec Alain Seugé, président de la Banque alimentaire