Terrorisme et trafics : enjeux mis en perspective

Deux tables rondes « Terrorisme et trafics : enjeux actuels », ont été organisées par La Revue Civique et l’institut Viavoice, où sont intervenues (en mai 2015) des personnalités et des experts de haut niveau.

Ci-dessous, vous avez le programme et quelques extraits de cet événement, co-animé par Frédéric Encel (photo), essayiste, spécialiste de géopolitique, et Jean-Philippe Moinet, directeur de la Revue Civique, accompagnés de trois courtes interviews en vidéo de trois intervenants (Frédéric Encel, Mohamed Douhane et Hervé Pierre), ainsi que d’un clip de présentation du colloque (cf en bas de page).

PROGRAMME 

Accueil

Introduction par Jean-Philippe Moinet

Première table ronde : « Filières internationales: origines et structuration »

Président de séance : Frédéric Encel, essayiste et géopolitologue

Intervenants :

–      Anne-Clémentine Larroque, Maître de conférences en Relations Internationales à Sciences Po, et auteure de « Géopolitique des islamismes », PUF (le texte de son intervention)

–       Hugues Eudeline, ancien Officier de Marine, ancien Commandant de sous-marin, docteur en histoire, et consultant sur les questions de sécurité

–      Philippe Moreau-Defarges, Politologue, conseiller des Affaires étrangères et chercheur à lIFRI

Seconde table ronde : « Conséquences et enjeux sur le territoire national »

Président de séance : Jean-Philippe Moinet, fondateur de la Revue Civique, directeur conseil à l’institut Viavoice

Intervenants :

–      Mohamed Douhane, secrétaire national de Synergie-Officiers, Commandant de police (le texte de son intervention)

–      Serge Castello, Directeur territorial de la Sécurité publique de Seine Saint-Denis

–      Hervé Pierre, ancien Commissaire de police, responsable du blog économie-criminelle.fr

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QUELQUES EXTRAITS 

Origines et structuration des filières internationales

Spécialiste des réseaux maritimes et ancien officier de la Marine nationale qui a commandé deux sous-marins, Hugues Eudeline a détaillé les routes maritimes empruntées par les trafiquants et leurs liens avec les mouvements politiques locaux. Selon lui, « ces trafics se chiffrent en milliards d’euros » et sont « un enjeu majeur et très actuel » pour les gouvernements nationaux.

Pour Anne-Clémentine Larroque, Maître de conférence à Sciences Po, spécialiste de l’islamisme radical « L’Etat islamique est devenu un ’’label’’ sur le trafic d’œuvres d’art occidentales, à l’échelle massive, 90% des œuvres d’art sont revendues, le reste est détruit comme on le voit sur certaines images ». « Je pense que le terme juste est celui de business car c’est bien un business d’œuvre d’art qui s’élabore ici » a-t-elle affirmé. Evoquant un « grand détournement idéologique », elle a ajouté que « la problématique des djihadistes est de justifier leurs trafics – notamment de drogues ou d’alcool – alors qu’ils sont définis par le Coran comme haram (péché). Il mentionne clairement l’interdiction de l’alcool et de tout ce qui peut atteindre l’esprit et la pleine possession de ses moyens » : elle parle d’une « halalisation des trafics » ( le texte de son intervention ).

Impacts et enjeux sur le territoire national

Mohamed Douhane, Commandant de police et Secrétaire national de Synergie-Officiers (Police Nationale) a dressé un constat accablant sur le poids de l’économie souterraine en France : « L’économie souterraine correspond à 10 % du PIB. C’est un coût pour l’Etat, c’est un coût pour notre sécurité. On est face à des réseaux structurés et organisés et leurs trafics connaissent une importante mutation depuis deux décennies : les trafiquants savent s’adapter aux méthodes de la police. Un grand nombre de crimes et de délits existent donc sans que les forces de police ne le sachent et la situation est bien plus importante que les chiffres annoncés ». Citant l’exemple de la contrebande de cigarettes, il a affirmé : « On estime que cette contrebande génère 3 milliards d’euros par an et  5 000 débits de tabac ont fermé ces dix dernières années, du fait de cette contrebande qui est malheureusement très peu pénalisée en France ». « La Chine est le premier producteur de cigarettes de contrebande » a-t-il précisé, avant de conclure : « ces trafics sont anxiogènes pour la population » (le texte de son intervention).

Pour Hervé Pierre, Commissaire divisionnaire honoraire, et fondateur du blog de l’économie criminelle, « On assiste à un affaiblissement de la capacité répressive de l’Etat et à une augmentation des trafics, ce qui peut déstabiliser le pacte républicain (…). Il y a aussi une tolérance pour ces petits trafics, comme s’ils étaient nécessaires, alors que ça atteint des proportions telles dans l’économie (…) qu’il est temps de poser sur la table les sommes que ça représente et ce que ça veut dire en terme de contrat social ».

S’appuyant sur son expérience en la matière, Serge Castello, Directeur territorial de la Sécurité publique de Seine-Saint-Denis (qui a 4000 fonctionnaires de police sous son autorité) a apporté son éclairage sur la situation dans son propre département : « La Seine-Saint-Denis c’est le département le plus jeune de France et qui connaît un développement économique important. Mais la Seine-Saint-Denis, c’est aussi l’ultra violence et le trafic de stupéfiants, et de biens de consommations courantes ». Il a également évoqué avec précision les cas de Saint-Ouen et d’Aubervilliers, la nécessité et les difficultés de faire face à l’expansion des trafics en tous genres.

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