Un « Conseil National de la Refondation » (CNR) a été institué, en septembre dernier, par le Président de la République Emmanuel Macron, en vue d’amorcer une « nouvelle méthode », destinée d’une part à favoriser des consensus (notamment sur les diagnostics à établir sur différentes problématiques), d’autre part à développer la participation des citoyens. Ce CNR a reçu un accueil contrasté, de la part notamment les responsables politiques et syndicaux, certains voulant participer à cette instance de dialogue, d’autres considérant qu’elle est soit inutile, soit concurrente aux institutions actuelles (parlementaires notamment). Les initiateurs du CNR ont indiqué qu’il constituera un complément utile à la vitalité démocratique et à l’émergence d’une culture de co-construction.
Malgré (ou peut-être du fait de) cet accueil mitigé de certains acteurs politiques et syndicaux nationaux, le chef de l’Etat a tenu à lancer des initiatives innovantes, concernant le volet du CNR dédié à la consultation et la participation des citoyens. Ce 3 octobre, Emmanuel Macron a ainsi annoncé l’ouverture d’une plate-forme numérique de propositions, ouverte aux citoyens sur diverses thématiques: cette plateforme http://conseil-refondation.Fr offre la possibilité d’exprimer des opinions, de faire connaître des expériences et de formuler des propositions précises sur une série d’enjeux.
En complément, dans deux domaines importants de la vie publique, l’Ecole et la Santé, le chef de l’Etat a annoncé l’ouverture de deux chantiers de discussions autour de «solutions concrètes» devant réunir toutes les parties prenantes concernées, du monde éducatif d’une part, du monde médical d’autre part. Ceci à l’échelle des « territoires », là où se situent à la fois des problèmes particuliers et des solutions appropriées, souligne le Président de la République dans cette vidéo (cf ci-dessous) :
Une nouvelle plateforme de propositions citoyennes
et deux chantiers ouverts dans les territoires
aux parties prenantes de l’Ecole et de la Santé.
La vidéo de cette annonce:
Le volet « Citoyens » du CNR est sans doute celui qui appelle le plus l’innovation, compte tenu de l’ampleur de l’espace ouvert à la consultation et à la délibération des citoyens, dans différents domaines, que ce soit dans les territoires ou à l’échelle nationale. Une série d’études, publiées notamment par La Revue Civique ces dernières années, montre en effet l’ampleur des attentes de l’opinion en ce domaine. Pour être consultés régulièrement, non seulement sur le choix de candidats ou d’étiquettes politiques (c’est le cas à chaque élection) mais aussi, et c’est important pour les citoyens, sur une série de sujets, généraux ou concrets, pouvant concerner leur vie quotidienne ou susciter leur intérêt. Une palette de possibilités s’offre ainsi au CNR, si cette instance souhaite vraiment s’en saisir, pour faire vivre une « démocratie délibérative », répondre ainsi aux attentes des citoyens et aussi réduire les tendances aux défiances et fractures qui traversent la société française et fragilise sa démocratie.
A noter enfin, au-delà des projets en cours de réflexion sur ce thème de la « démocratie délibérative », qu’une « convention citoyenne » (réunion dans la durée d’un panel de citoyens tirés au sort, initié lors de la Convention citoyenne pour le Climat) a par ailleurs été annoncée sur le thème, cette fois, de la fin de vie. Une manière de développer une réflexion et une pédagogie publique sur cet enjeu pour partie éthique, qui dépasse naturellement les clivages idéologiques habituels.
L.T. (04/10/22)
-Le lien vers la plateforme conseil-refondation.fr
Dans le contexte politique, singulier sous la Vème République, où la majorité n’est que relative à l’Assemblée nationale (et où les radicalités et les défiances ont tendance à progresser depuis une dizaine d’années), une démocratie fortement délibérative, associant à grande échelle les citoyens au cycle de prise des décisions publiques, serait sans doute de nature, c’est la conviction de La Revue Civique depuis sa création il y a une douzaine d’années, à équilibrer utilement la démocratie française et, par conséquent, à renforcer les institutions classiques de la démocratie représentative.
Démocratie représentative et démocratie participative ne sont pas opposables, a souligné à maintes reprises le fondateur de La Revue Civique Jean-Philippe Moinet, mais complémentaires. La seconde ne peut que renforcer la première.