Les difficultés de nombreux élus de petites villes alimentent les préoccupations civiques et le sentiment de « fracture territoriale », qui aboutit parfois au découragement de certains Maires, face aux tracas de tous ordres. Philippe Foussier nous livre ici la recension d’un ouvrage reflet de cette préoccupation: « Les galériens de la République », signé Bernard Ravet (Kero, 2020, 128 p.)
En cette période d’élections municipales (reportées par la crise Covid-19), la lecture de ce petit livre permettra aux citoyens de se faire une idée du vécu des plus précieux et légitimes représentants des corps intermédiaires de la République que sont les élus locaux.
Une France des bourgs, qui a le sentiment d’être oubliée « .
L’auteur, adjoint au maire de Chatillon-en Diois, dans la Drôme, se nomme Bernard Ravet, ancien principal de collège à Marseille et aujourd’hui jeune retraité. Ce « coup de gueule » reflète bien l’état d’esprit de centaines de milliers d’élus des campagnes, des bourgs, des petites villes, de cette France qui a le sentiment d’être oubliée. Oubliée par la République, par les services publics, les réseaux de transports et de communication, les équipements culturels et sportifs, l’administration, les médias, « broyée par la mondialisation et par son avatar hexagonal, la métropolisation ».
Les anecdotes sont nombreuses, les exemples concrets, et en particulier s’agissant de la santé. Un chiffre parle plus que tous les discours : on compte 488 maternités en France en 2019 contre 1356 en 1975. « Tous en ville ! Tel est le message que l’Etat adresse de mille et une manières et sur tous les tons aux habitants des villages, mais sans jamais l’assumer frontalement », observe l’auteur.
Droite, gauche et centre se sont en effet rejoints depuis un demi-siècle pour négliger le monde rural et péri-urbain alors que, paradoxalement, la proportion des Français qui souhaite quitter les villes et notamment les grandes villes n’a jamais été aussi importante et qu’un mouvement d’exode urbain réel progresse depuis une vingtaine d’années.
Pour autant, contre toute logique environnementale, les lignes ferroviaires secondaires ferment, les embûches administratives se multiplient, l’intercommunalité génère finalement autant d’inconvénients que d’avantages… On aurait tort de négliger ce type d’alerte car le sentiment de mépris éprouvé par des millions de Français éloignés des métropoles se traduit aussi dans les urnes. Et pas toujours de la meilleure manière.
Philippe FOUSSIER (du conseil éditorial de La Revue Civique)
(15/05/20)