Quelle place la France peut-elle avoir dans la mondialisation des échanges ? Frappé par la crise, notre pays a des amortisseurs (sociaux) mais pas assez de moteurs (économiques), il a, à la fois, des faiblesses et des atouts, que nous mettons en perspective dans ce numéro hiver 2012-2013.
Puissance mondiale dominante, avec la Grande Bretagne, il y a encore un siècle, la France doit (re)connaître le nouveau monde, d’abord né de la Seconde guerre mondiale et de la décolonisation, puis de la chute du mur de Berlin et de la crise financière de 2007 : en moins de deux générations, toutes les cartes ont été redistribuées.
Au lieu de se replier, la France doit imaginer un nouveau jeu, en commençant par regarder les réalités en face. Celles du monde sont à ses portes. Surendetté pendant 30 ans, champion de la dépense publique – qui cumule dépenses de l’État, des collectivités locales et des comptes sociaux – notre pays va-t-il retrouver l’équilibre et une forme rayonnante, ou sombrer dans une récession durable ?
Nos gouvernants sont face à un dilemme : assainir les comptes sans plomber la croissance, dynamiser nos entreprises sans altérer la cohésion sociale. Cela conduit nécessairement à de nouvelles règles et de grands efforts collectifs. Tout le monde doit nous en indiquer le chemin, y compris l’adepte de la « démondialisation » (prétention typiquement française, qu’on retrouve à la droite de la droite), devenu Ministre du redressement productif.
Le rapport difficile de la France à la mondialisation est soumis, dans ce numéro, à examen de personnalités très diverses. Tous nous parlent des atouts de la France, qu’elle doit saisir rapidement pour rester dans l’histoire, qui connaît de fulgurantes accélérations. La Chine et l’Inde ont fait en 15 ans un bond que la Grande-Bretagne et la France ont mis plus d’un siècle à accomplir !
Un sursaut unitaire européen, au-delà de nos atouts nationaux, est sans doute la voie d’avenir. Comme le souligne José Manuel Barroso, dans un discours passé inaperçu en France, dont nous publions des extraits. La crise nous poussera-telle, en France et en Europe, à « resserrer les rangs » ? À repousser les tentations convergentes de l’individualisme et du corporatisme, du communautarisme et du nationalisme ?
C’est le vœu qu’il faut former. Retrouver, comme l’avait si bien écrit Jacqueline de Romilly, dont les mots concluent ce numéro, ce civisme de solidarité des grands moments. En cela, fortes de leurs valeurs à la fois singulières et à portée universelle, la France et l’Europe n’ont pas dit leur dernier mot.
Jean-Philippe MOINET
Fondateur de la Revue Civique
(In La Revue Civique n°10, Hiver 2012-2013)
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