Le déploiement progressif des actifs militaires mis en œuvre par Pékin dans les archipels des Paracels et des Spratleys ont déclenché une réponse diplomatique au plus haut niveau de la part des États-Unis, qui se disent prêts à y protéger la liberté de navigation comme l’autorise le droit international.
………………………………………………………………………………………………………………………………………
Les activités de la Chine dans la mer de Chine méridionale ont attiré ces dernières années une attention croissante de la part de la Communauté internationale. Dans un discours devant le Congrès des États-Unis (fin février 2016), l’Amiral Harry B. HARRIS Jr, Commandant du Commandement américain sur le Pacifique, a déclaré que la Chine s’est engagée dans une « militarisation instable de la mer de Chine méridionale ». Les actions mises en œuvre par Pékin n’ont consisté jusqu’à présent qu’à tester de nouvelles installations et à déployer progressivement des actifs militaires dans les enclaves chinoises de la mer.
Début février (2016), des images par satellite auraient montré deux missiles surface-air déployés dans le nord-ouest de l’île de Yongxing (sous contrôle chinois), appartenant à l’archipel des îles Paracels. Le déploiement de ce type d’armes a suscité des préoccupations auprès de l’administration Obama : Washington estime que la Chine poursuit une militarisation de ces enclaves stratégiques sur lesquelles elle a depuis longtemps des revendications territoriales. Cependant, dans un communiqué, Pékin refusait toute accusation et niait que ces systèmes de missiles puissent constituer des menaces. Bien que ce type de missile HQ-9 est censé n’avoir qu’une portée maximale de 200 kilomètres, leur déploiement est vu avec méfiance car il semble clair que les forces aériennes chinoises ont un intérêt croissant à opérer régulièrement autour de ces îles.
Selon les autorités américaines, en mai 2015 la Chine aurait déployé deux pièces d’artillerie motorisées dans la mer de Chine méridionale. Également, le pays aurait testé de nouveaux aérodromes construits par les forces armées chinoises et aurait déployé environ dix avions de combat J-11 et sept JH-7, toujours sur l’île de Yongxing. La question posée est donc pour combien de temps la Chine gardera ses effectifs dans l’archipel ? Les autorités américaines soupçonnent les Chinois de vouloir y rester de façon permanente.
Quelle est l’intérêt de ces îles ?
Le cœur de la stratégie défensive et offensive chinoise dans la région s’organise en tout cas aujourd’hui autour des forces maritimes, et non aériennes ou terrestres. Si de nombreux pays sont intéressés par ces îles de l’archipel des Paracels et Spratleys, c’est parce que leurs eaux sont à la fois riches en ressources halieutiques et susceptibles de receler des réserves importantes d’hydrocarbures. De plus, leur contrôle permet à la Chine de disposer d’une zone de déploiement sécurisée pour ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engin (SNLE) basés à Hainan. Pourtant, plusieurs pays qui en revendiquent une partie, comme les Philippines, le Vietnam, Brunei, la Malaisie et Taïwan, redoutent d’être mis devant le fait accompli par Pékin.
La tension monte au plus haut niveau américain
Sans se référer spécifiquement aux missiles, le Président Obama a abordé la question (mi-février 2016) lors d’une réunion en Californie avec les dirigeants des dix pays faisant partie de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Il a déclaré que ce groupe d’états s’était accordé sur une déclaration conjointe réaffirmant l’importance que la liberté de navigation soit respectée dans la mer de Chine méridionale.
« Nous avons discuté de la nécessité de mesures concrètes dans la mer de Chine méridionale pour réduire la tension, y compris un arrêt des demandes territoriales », a expliqué le Président américain. « La liberté de navigation doit être assurée ; aucun pays ne doit entraver le commerce lorsqu’il est protégé par les lois internationales ».
Adressant un message clair à la Chine, Obama a souligné que « les navires et les avions américains continueront de naviguer, de survoler et de réaliser des opérations là où le droit international l’autorise » et que les Etats-Unis « soutiendront le droit de tous les pays à faire de même », en particulier ses alliés et partenaires.
Dans un ton conciliant, il a ajouté que les États-Unis souhaitent que « tous les conflits soient réglés de façon pacifique et conformément au droit international, tel que la prochaine décision d’arbitrage issue de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, que les parties ont l’obligation de respecter et à laquelle elles doivent se conformer ».
Rafael Guillermo LÓPEZ JUÁREZ
(mars 2016)
Pour aller plus loin :
Déclaration de Barack Obama sur cette situation (source AFP)