Mitterrand et la gauche. JP Moinet sur FranceInfoTV: une référence mais un tout autre contexte (vidéo de l’entretien)

1981-2021: 40 ans après la victoire présidentielle de François Mitterrand, que reste-t-il à gauche du mitterrandisme ? Dans quelle mesure les enseignements sont utiles, notamment pour le PS ? Le fondateur de La Revue Civique, Jean-Philippe Moinet, était l’invité de France Info TV, interrogé par Jean-Christophe Galeazzi, sur ce qui peut être retenu de l’époque mitterrandienne pour la gauche. Vidéo complète de l’entretien, ci-dessous.

Jean-Philippe Moinet, à l’heure où François Hollande évoquait l’héritage politique de son lointain prédécesseur à l’Elysée, souligne d’abord la grande différence de contexte, du point de vue de l’électorat de la gauche socialiste, qui sépare la période des années Mitterrand et l’actuelle période. Le chroniqueur évoque dans cet entretien, les données d’opinion publique récentes, notamment l’auto positionnement des Français sur l’échelle gauche-droite, tel qu’il a été mesuré en 2021 par le CEVIPOF-Sciences Po: 31% des Français se situent à droite, 19% seulement à gauche (baromètre de la #confiance du CEVIPOF). Quand on remonte aux élections législatives de 1978 – qui ont préfiguré la victoire de François Mitterrand en 1981 – les socialistes (alliés au MRG) recueillaient alors au 1er tour 25% des voix, le PCF 20%, soit un total de 45%. Et le FN (de JM Le Pen) n’obtenait que… 0,2% des suffrages. On mesure la différence de contexte politique, souligne JP Moinet.

Le journaliste de France Info TV Jean-Christophe Galeazzi interroge Jean-Philippe Moinet et Jean-Pierre Tuquoi sur les années #Mitterrand.

En effet, toute autre époque politique. Le paysage politique en 1981 était binaire, la gauche et la droite s’opposaient frontalement. Aujourd’hui, la recomposition provoquée par l’élection présidentielle de 2017 a fait apparaître un système politique à tendance « tripartite », analyse Jean-Philippe Moinet, avec une gauche réduite, un « grand centre macronien, élargi » (sur la droite), et un mouvement lepéniste qui s’est développé (autour de 25% d’intentions de vote, par exemple, pour Marine Le Pen, selon les études d’opinion du printemps 2021). Une partie de l »électorat populaire (ouvriers, chômeurs) a manifestement basculé, de la gauche vers la droite extrême ou populiste.

La période mitterrandienne reste néanmoins une référence naturellement importante, pour une grande partie de la gauche notamment, ce passé politique glorieux traçant une toujours une forme d’espérance, au PS en particulier, parti placé dans une situation très difficile depuis 2017, tiraillé idéologiquement et électoralement entre les écologistes d’EELV d’un côté, et la gauche radicale de LFI de l’autre. François Hollande et Anne Hidalgo, par exemple, cherchent sans doute à faire de l’héritage du mitterrandisme et d’un « socialisme européen », un levier d’action pour tenter une chose particulièrement difficile en 2021: redresser un PS, qui a perdu sa position dominante à gauche.

(09/05/21)