Partisan des primaires à LR, Bruno Retailleau y voit un « outil » dans « la crise de confiance ». Entretien avec La Revue Civique et le Cevipof (vidéos)

Le Président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau, a été le 6ème invité de « Questions de #confiance », série d’entretiens approfondis lancée par le CEVIPOF (Centre d’études de la vie politique française ; Sciences Po/CNRS) et La Revue Civique, sur l’enjeu de la confiance. Quel diagnostic poser sur le manque de confiance des Français envers les institutions, les élus, les partis politiques (mais aussi envers les autres citoyens) ? Quels remèdes préconiser, quelles propositions avancer pour favoriser la confiance en France ?

Lors de ce webinaire coanimé par Jean-Philippe Moinet, fondateur de La Revue Civique, et Martial Foucault, le directeur du CEVIPOF (cf ci-dessous l’intégralité de l’entretien en vidéo), Bruno Retailleau a évoqué « la crise systémique » de confiance qui touche les Français et affaiblit la France: car « la confiance est ce qui fait avancer un pays », « sans confiance, pas de projection » dans l’avenir observe-t-il, en soulignant que « les ressorts du relèvement, du développement, ne sont pas matériels, mais immatériels ». Ce responsable LR évoque notamment l’ampleur de « la société du ressentiment », dont les effets sont devenus « très préoccupants » dit-il: « tout est ébranlé », « la science, la Laïcité, les valeurs »… Résultat, selon lui: « il y a un grand vide, où s’engouffre la barbarie, y compris le terrorisme ».

L’intégralité du Webinaire CEVIPOF/Revue Civique est ici dans cette vidéo.

Le président du groupe LR du Sénat a évoqué ensuite trois raisons à « la société de défiance radicale ». D’abord « le sentiment de l’indifférence », une « distance civique » s’étant installée entre « les gens d’en bas et les gens d’en haut », selon lui. « Une distance spatiale » ensuite: « on a tué la proximité par une trop forte distanciation » entre les citoyens et les décideurs. « Une mise à distance morale » aussi, ajoute-t-il, une certains nombre d' »enjeux existentiels », comme l’immigration dit-il, ayant été rejeté moralement, à ses yeux: « à droite, on était interdit d’évoquer cette question », assure-t-il.

Pour Bruno Retailleau, les réponses à apporter pour remédier à la crise de confiance passe par une série de mesures ou d’orientations. « Redonner la parole aux citoyens », notamment par la voie du référendum, est l’une des directions à prendre, relève Bruno Retailleau qui observe « les déséquilibres » de la Vème République en terme de concentration des pouvoirs. Il faut aussi que « les partis se réinventent », notamment par la voie d’une « communauté numérique avec beaucoup plus d’interactivités ». Il faut également, indique-t-il, « redonner le pouvoir à la société », aux collectivités locales, aux salariés dans l’entreprise par la participation, et « revigorer l’associatif », « notamment dans le domaine social, l’Etat ne pouvant pas tout faire » en la matière.

Dans cette courte vidéo, Bruno Retailleau évoque précisément les raisons qui plaident, selon lui, en faveur de primaires de la droite LR en vue de l’élection présidentielle.

Dans le domaine politique, il estime aussi que les primaires restent un bon moyen de « trancher sur une ligne politique ». Evoquant son expérience, pour sa famille politique, des primaires de 2016, Bruno Retailleau considère que les primaires (à un seul tour pour éviter, explique-t-il, de trop vives divisions au second tour) apportent « un formidable élan » et peuvent, « quand aucun candidat ne s’impose » pour la compétition présidentielle – ce qui est, actuellement, le cas à ses yeux – faire émerger un candidat et, sur le fond, trancher une ligne politique. « Dans la cacophonie d’aujourd’hui » à LR, observe-t-il – citant les déclarations de Guillaume Peltier, comme les divisions de LR en région PACA – des « ralliements » se manifestent actuellement en faveur de cette idée de primaires: « beaucoup de monde réclament que la ligne sur le fond puisse être tranchée » dans la période qui suivra les élections régionales et départementales.

(09/06/21)