La lutte contre le réchauffement climatique est aussi une opportunité économique et financière : le « virage électrique » doit être pris avec volontarisme par la France, selon l’Institut Montaigne, qui met en évidence dans une note intitulée « Industrie automobile : ne ratons pas le virage électrique ! » les atouts de ces nouvelles technologies.
…………………………………………………………………………….
La réponse de l’électrique
Entre 27 et 35% des émissions globales de gaz à effet de serre : les transports sont la première source de pollution en France. Comme dans l’ensemble de l’Union européenne, l’utilisation d’énergie est la principale source d’émission de gaz à effet de serre (GES) en France (74 %) où le secteur le plus émetteur est celui des transports (27,6 %).
Afin de réduire ces émissions de gaz à effet de serre et la pollution, et donc pour lutter contre le réchauffement climatique, le véhicule électrique semble être une voie d’avenir et une réponse sérieuse à ces problématiques au combien préoccupantes. Bien plus encore, le véhicule électrique pourrait être, selon l’institut Montaigne, une opportunité pour faire de l’industrie automobile française un leader et non pas un suiveur des évolutions technologiques : l’Institut appelle à « anticiper ce virage vers l’hybride et l’électrique » car l’enjeu autour du véhicule électrique est tout autant économique qu’environnemental.
Le véhicule électrique « permet de diminuer drastiquement la pollution dans le secteur des transports, pourvu que l’électricité qu’il utilise soit peu carbonée ». La réponse environnementale est donc là. Sur le plan économique, l’Institut Montaigne souligne le fait que le moteur électrique est moins coûteux à produire (le moteur électrique ne représente que 11 % du coût d’une voiture en 2015, contre 37 % pour les véhicules thermiques), et d’autre part le véhicule électrique peut et doit être perçu comme une vraie opportunité pour relancer l’industrie automobile française, celle –ci restant encore la première industrie de France. Mais les perspectives d’évolution apparaissent parfois encore comme négatives. D’où la nécessité de prendre ce « virage électrique », l’Institut Montaigne appelant à « un repositionnement stratégique vers plus d’électrique pour enrayer cette dynamique négative ».
Aussi l’Institut nous alerte sur un point stratégique de ce virage électrique : produire des véhicules électriques ne suffit pas, l’approche doit être globale et soucieuse de l’ensemble du processus. Il conviendrait selon l’institut de tirer les leçons des difficultés de l’industrie automobile allemande en la matière qui, en dépit de son prestige, se trouve en difficulté car « elle importe ses batteries électriques ». Or « ces batteries concentrent la majorité de la valeur ajoutée du véhicule électrique : les emplois associés disparaissent progressivement outre-Rhin, au bénéfice de la Corée du Sud et du Japon ». Prendre le virage électrique c’est donc prendre en compte ces mutations technologiques et industrielles en favorisant notamment l’installation d’usines de batteries en France.
E comme électrique, écologique et enthousiasmant
Toujours est-il que la France possède les clés pour bien négocier ce virage. Si elle se trouve très nettement derrière la Norvège (13%), la France se trouve bien placée au niveau du taux de pénétration des voitures électriques : 1.14% des véhicules qui roulent en France sont électriques, contre 0.28% à l’Allemagne ou 0.88% à l’Espagne.
Et quelle meilleure vitrine pour le véhicule électrique que, par exemple, le championnat du monde de Formule E, lancé fin 2014 par la FIA (Fédération Internationale Automobile) ! Son écho porte dans le monde entier, notamment via sa communication vers le public, les courses étant organisées en centre ville des grandes capitales internationales comme Paris, New York, Pékin, Montréal ou Berlin. On ne s’adresse pas qu’au fan ou qu’au passionné, mais aussi et surtout au citoyen, consommateur et conducteur. Sur le plan technique, la Formule E fait rimer spectacle et innovation : des avancées techniques sont attenues pour la saison 5 de la Formule E, en particulier au niveau de la batterie qui durera toute la durée d’une course, ce qui permettra d’avoir une seule voiture par pilote et par course. La « Roborace » doit elle aussi voir le jour prochainement : cette compétition de voiture sans pilote viendra renforcer le style futuriste et innovant.
Avec 4 pilotes engagés sur 20 (Jean-Eric Vergne, Stéphane Sarrazin, Loic Duval et Nicolas Prost), la présence du manufacturier Michelin et de l’écurie E-Dams Renault championne du monde en titre, sans oublier la course organisée dans les rues de Paris autour des Invalides, la France, terre de sport automobile, brille aussi en Formule E.
Bruno Cammalleri
Décembre 2016
► Retrouvez la note de Victor Poirier de l’Institut Montaigne : « Industrie automobile : ne ratons pas le virage électrique ! »