Danemark, pays d’une confiance record. Les explications.

Le mot “Samfundssind” est à la mode actuellement au Danemark, nous apprend La Ligue de l’Optimisme, alors que le pays tente lui aussi de surmonter la pandémie de Covid-19. Différentes études semblent démontrer une forte et réelle confiance des Danois envers leur classe politique et envers des principes forts, qui font la cohésion sociale et civique. Nous republions l’analyse de Malene Rydahl, recueillis par Atlantico, auteure chez Grasset de « Heureux comme un Danois, les 10 clés du bonheur ». 78 % des Danois se font confiance entre eux, et 84 % des Danois font confiance aux institutions et au Gouvernement: un miracle, vu de France, où la défiance est reine ! Et pourtant, des explications rationnelles éclairent bien sûr le phénomène.

– Malene RYDAHL : On pourrait traduire le terme de « Samfundssind » par « esprit de la société ». Cela représente la collectivité. C’est l’intérêt commun pour le projet collectif. Donc, il y a cet esprit de « Samfundssind » qui est un esprit de collectivité qui est propre au Danemark. L’intérêt collectif l’emporte sur l’intérêt individuel.

Atlantico : Différentes études semblent démontrer une réelle confiance des Danois envers leur classe politique et envers des principes forts (ils acceptent de payer des impôts élevés, le niveau de confiance sociale est parmi le plus élevé dans le monde…). Pourquoi ?

Le Danemark a le taux de confiance le plus élevé au monde. 78 % des Danois se font confiance entre eux, et 84 % des Danois font confiance aux institutions et au Gouvernement. Donc, c’est vraiment un pays de confiance, contrairement à la France où il n’y a que 22 % de taux de confiance entre les Français et vis-à-vis des institutions.

En 1844, un Pasteur fonde une « école de la vie ». Où on apprend la force d’un projet collectif et la confiance.

Cette tendance à servir la collectivité remonte au Pasteur Grundtvig qui a créé en 1844 « Hojskolen » la première école du peuple que l’on peut considérer comme une école de la vie.

Très tôt, on a appris aux Danois de s’engager dans un projet collectif et d’être fidèle à ce projet. Il y avait des cours d’empathie, des cours de confiance… La culture danoise est une culture où il y a très peu de non-dits, ce sont des relations simples et directes. Et cela crée facilement plus de confiance dans les relations. Et la manière de parler à la population danoise est davantage à la hauteur des Danois.

Individuellement, le Danois se sent concerné par le collectif. C’est comme pour les impôts puisque les Danois aiment payer leurs impôts parce qu’ils se sentent intégrés de ce projet collectif. Le fait de savoir que l’autre va bien fait que l’on se sent mieux. Le Danemark est également un des pays les moins corrompus au monde depuis très longtemps.

« Dès l’enfance, au Danemark, on a un regard valorisant sur l’autre »

Quand on regarde la liste des Nations Unies qui mesure le bien-être dans le monde, la lutte contre la corruption, la confiance en l’autre, le lien social, ce sont les pays protestants qui arrivent en tête. Et le protestantisme prône l’engagement dans la collectivité. Donc, on est en lien direct avec eux. Et les 10 premiers pays sur cette liste sont à dominante protestante.

Le but principal de l’école danoise est de développer la personnalité de l’enfant. C’est de donner confiance en soi et de valoriser les talents de chaque enfant. Donc, un enfant qui a un talent mécanique, créatif, manuel est aussi valorisé qu’un enfant qui est bon en mathématiques ou en langues. Cette valorisation fait qu’à l’école, on a des cours de toutes les facettes de la vie. Il y a des cours de cuisine, des cours de menuiserie.

Dès l’enfance, on a un regard valorisant sur l’autre car l’autre a toujours un talent dans quelque chose. Cette valorisation fait que c’est un pays plus apaisé. Et l’autre, ce n’est pas un ennemi, c’est quelqu’un qui participe au projet collectif. Et sans cette autre personne, on ne va pas y arriver.

-Le site de la Ligue de l’Optimisme
-Le site Atlantico
-La dernière étude annuelle du Cevipof-Sciences Po sur les défiances françaises