En hommage aux 13 soldats tués, la cérémonie nationale d’hommage aux Invalides, a été un moment marqué d’émotions et de gravité, une cérémonie citoyenne aussi: pour la première fois l’hommage solennel dans la Cour d’Honneur des Invalides était ouvert au public.
Une ouverture permettant aux citoyens de s’associer au recueillement, à l’hommage dù à ces 13 soldats tués et au-delà aux combattants de #Barkhane, à l’armée française étroitement liée aux armées africaines dans un combat qui dure depuis six ans, contre le djihadisme armé au Sahel.
Toute la Nation était réunie, et côte-à-côte des sensibilités opposées convergeaient (on pouvait voir réunis deux anciens chef d’Etat, François Hollande et Nicolas Sarkozy, les deux Présidents d’assemblées parlementaires, Gérard Larcher, le Président du Sénat, et Richard Ferrand, le Président de l’Assemblée Nationale).
Unité des militaires aussi, bien sûr, hautement et massivement représentés dans cette Cour d’Honneur, (avec les diverses armes engagées au Mali, au premier rang les régiments des chasseurs de Gap, et d’hélicoptères de Pau)
Et les citoyens anonymes donc, venus nombreux déjà lors du passage des véhicules funéraires sur le Pont Alexandre III : une émouvante haie d’honneurs, où citoyens de tous âges tenaient à rendre hommage aux soldats, tombés dans ce dur combat contre le terrorisme djihadiste.
« La liberté a souvent le goût du sang versé » (E. Macron, dans la Cour d’honneur des Invalides)
Un combat, dont la France -et les pays africains liés à l’action Barkhane – ont payé un lourd tribut:
13 tués est un triste record, en pertes françaises depuis l’attentat qu’avait subi notre Armée, en 1983, au Liban.
Rappelons les 44 soldats français tués au total depuis le début de l’opération Barkhane (en 2013).Et plus largement les 367 militaires français, tués en opérations extérieures depuis 1991.
Un énorme sacrifice, sachant qu’il ne faut pas oublier l’ensemble des victimes du terrorisme djihadiste dans cette région du Sahel : début novembre, une attaque terroriste (revendiquée par Etat Islamique) tuait 49 militaires maliens. Et depuis 2012, on dénombre plusieurs milliers de victimes dans les conflits armés au Mali… c’est dire l’ampleur des combats, leur enjeu pour cette région d’Afrique mais aussi pour l’Europe. Barkhane étant un important « bouclier » contre une menace terroriste qui perdure.
Un enjeu, que la présence du Président malien représentait, et que le Président de la République a rappelé. Dès ses premiers mots dans la Cour des Invalides, le Président Emmanuel Macron a évoqué « La Liberté » (qui) « a souvent le goût du sang versé ».
Le chef de l’Etat, qui est aussi chef des Armées, a rappelé les circonstances de la mort des 13 soldats tués en opération nocturne « pour la France », morts a-t-il aussi ajouté « pour la protection des peuples du Sahel, et pour la Liberté du monde »… Et de préciser « pour nous tous qui sommes là réunis, dans cette Cour », comme pour souligner le lien entre le global et le local.
Aux soldats, à leur sacrifice, le chef de l’Etat s’est voulu porte voix pour assurer « le soutien du pays tout entier ». Il a « redis à tous » ces soldats, « à leurs chefs », sa « confiance » : car « la mission continue, sans trêve ».
Un hommage appuyé donc, à l’engagement actuel et futur des soldats. Le temps de l’ajustement de la stratégie Barkhane viendra. Mais là, Emmanuel Macron tenait à saluer la fierté française dans « cette guerre de toute une Nation contre le terrorisme » : « La France est fière de votre engagement, de votre courage, de votre sacrifice ». Et d’insister : « les larmes sont mêlées d’espoir et de détermination ». Espoir en notre jeunesse et en notre Armée », a-t-il précisé. « Détermination à faire triompher les valeurs de notre République ».
Convoquant enfin les « héros de notre Histoire, dont les silhouettes veillent sur la patrie aux Invalides», et concluant sur les couleurs du drapeau, « couleur d’une Nation unie pour qu’elle vive libre, forte et fière », les derniers mots présidentiels étaient pour saluer « le devoir » des soldats.
Et leur assurer devant les familles endeuillées, un engagement qui tient en ces trois mots : « Nous ferons bloc ».
Jean-Philippe MOINET
(2/12/2019)