L’ancien Président de la République, François Hollande, était l’invité de « Questions de #confiance », la série d’entretiens conçue autour des enjeux de la confiance par le CEVIPOF-Sciences Po et La Revue Civique. L’ancien chef de l’Etat, lors de cet échange coanimé par le chroniqueur et fondateur de La Revue Civique, Jean-Philippe Moinet, et le directeur du CEVIPOF, Martial Foucault, a été particulièrement précis en analyses et en propositions sur la confiance que les institutions politiques devraient retrouver en France. Il préconise en effet de profondes réformes, visant à instaurer en France un véritable régime présidentiel – le régime actuel est hybride, entre régime présidentiel et régime parlementaire – , ce qui induit la suppression du poste de Premier ministre et un renforcement, explique-t-il, des pouvoirs du Parlement. Une sorte de VIème République est ainsi esquissée dans ses propositions. Synthèse et intégralité de l’entretien en images, ci-dessous.
Dans son analyse, François Hollande souligne le phénomène de « contestation de la démocratie au nom de la démocratie » et, depuis longtemps, une trentaine d’années estime-t-il, le phénomène de « sédimentation de la défiance », avec notamment des logiques de « désaffiliation partisane », d' »effacement du clivage gauche-droite » et de « suspicion » souvent trop généralisée, qui sape les fondements de la confiance envers les institutions démocratiques (Gouvernement, ministères, Parlement…). « On met en cause non seulement les résultats » des politiques publiques mais « la sincérité des élus » observe-t-il, ajoutant que courent l’idée – propagée par les complotistes – qu’il y a même « un détournement de la vérité, de l’information ».
Il est important, estime l’ancien Président de la République, de « prendre en compte la gravité de la situation » (des défiances touchant les institutions démocratiques et les élus), pour rapidement trouver les remèdes.
Avant de présenter ses axes de propositions, permettant de retrouver à ses yeux les chemins de la confiance politique et démocratique, l’ancien Président a tenu aussi à relever quelques « lueurs d’espoir » dans ce contexte d’opinions globalement négatives pour les politiques. Il y a dans le pays une vraie « capacité d’engagement » et, dans le crise sanitaire traversée, une « volonté de solidarité », une « vitalité d’initiatives », dont on parle moins mais qui ont pourtant une réelle importance en France. Aussi, observe-t-il, il y a un réel « intérêt pour l’élection ». Sans doute un intérêt affaibli lors des élections locales dîtes intermédiaires, mais un intérêt assuré, estime-t-il, lors des élections nationales, qu’il s’agisse de la présidentielle ou des législatives.
Pour autant, souligne François Hollande, il est important « de prendre en compte la gravité de la situation », des défiances et même mises en cause que subit la démocratie en France, comme dans d’autres pays. « Les démocraties ne sont pas en bonne forme, elles sont plutôt en recul ». D’où « la priorité » qu’il définit et qui consiste à « clarifier notre régime » institutionnel: « la question institutionnelle est devenue la question préalable », nous déclare-t-il, elle doit précéder le traitement des questions économiques, écologiques et même « régaliennes », dans la mesure où les défiances actuelles polluent démesurément le débat public et produisent d’inquiétantes confusions ». Il s’agit désormais, précise dans cet entretien (en vidéo intégrale ci-dessous) l’ancien Président de la République, de « clarifier notre régime » par une réforme profonde, qui permettrait une « mise en cohérence » et une meilleure correspondance avec les aspirations populaires.
L’intégralité de l’entretien avec François Hollande, ici :
(19/04/21)