Alexandre Arcady à la Revue Civique: le film sur son enfance en Algérie et une fraternité trop oubliée

Le célèbre cinéaste Alexandre Arcady sort le film « Le petit blond de la Casbah », qui retrace le bonheur et l’insouciance de son enfance dans un quartier pauvre d’Alger, film qui plonge dans les profondeurs de ses racines familiales: on y voit revivre son père, sa mère, sa grand-mère, tout l’univers de la vie des pieds-noirs des années 50, que les « événements » de la guerre d’Algérie sont venus fracasser. Très touchant, ce film est celui d’une fraternité vivante, souvent oubliée, que le cinéaste tenait à mettre à l’écran et en perspective.

Lors d’une avant-première (organisée en septembre, par le Crif, à Créteil), Alexandre Arcady a aimablement répondu à la question de Jean-Philippe Moinet, auteur et fondateur de la Revue Civique, qui lui demande : « Pourquoi maintenant, c’était trop douloureux avant ? » Sa réponse :

Alexandre Arcady nous déclarait ainsi, avant la sortie en salle de son film: « Il est temps qu’on établisse des relations plus fraternelles avec l’Algérie. Le Maroc l’a fait. Il est temps que l’Algérie retrouve ce chemin là », celui de la fraternité entre Algériens et Français, quelles que soient leur culture ou leur religion, un chemin d’ouverture.

La mémoire vive d’une Algérie pluriculturelle et fraternelle

Plus de 60 ans après l’indépendance de l’Algérie et malgré beaucoup d’incompréhensions et de difficultés dans les relations entre les deux pays, le cinéaste veut y croire : « Je pense toujours qu’avec des hommes de bonne volonté, on arrive à tout ». La mémoire de son enfance est encore très vive, c’est précisément ce qu’il a mis à l’écran, la mémoire vive d’une Algérie à l’époque pluriculturelle, qui connaissait de graves injustices bien sûr mais aussi des amitiés et une fraternité, qui dépassait les frontières communautaires, réunissant notamment les juifs et les musulmans dans la vie de tous les jours.

Il nous dit, faisant référence à un autre film « Cinéma Paradiso »: « Quand on parle des choses avec vérité et avec le coeur, même quand ça vient d’un tout petit endroit – et pour moi ça vient de la rue du Lézard à Alger – ça peut toucher ». Il confiait son émotion, devant tous et sous les applaudissements dans la salle de projection : « ce film là, n’est pas un film comme les autres, voilà… »

Un enfant émerveillé par les lumières et la beauté d’Alger, sa ville natale
Mémoire d’une Algérie, d’une fraternité qui dépassait naturellement les frontières d’origines
Les fêtes familiales juives, avant le fracas de la guerre, ici un baptème avec l’oncle, joué par Pascal Elbé, et la grand-mère jouée par… Jean Benguigui !
Et puis, dans les rues d’Alger et à la radio, les « événements » d’une guerre qui ne dira pas tout de suite son nom. Une tragique déchirure.
Personne ne voulait le croire, dans la famille, la communauté pieds-noirs d’Algérie, en particulier chez les juifs qui étaient là-bas depuis des siècles. Mais le temps du grand départ est arrivé, quasiment pour tous.