L’Europe vue par les Français

À l’approche des élections européennes, l’institut Harris Interactive publie deux études sur les Français et l’Europe, quel regard ils en ont, quelle utilité ils lui prêtent ?

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► Les Français et les jeunes sont-ils convaincus par l’utilité
de l’Europe ?

L’institut Montaigne et Tilder proposent un grand débat sur une question sociétale au sein de leur émission « Place aux idées ». Celle-ci est diffusée sur la chaine parlementaire (LCP-AN), faisant notamment intervenir des jeunes âgés de moins de 30 ans présents sur le plateau pour donner leur avis sur la thématique de l’émission.

Dans l’optique de l’émission enregistrée le 13 mai 2014, Harris Interactive a réalisé une enquête auprès d’un échantillon représentatif de Français afin d’interroger le regard qu’ils portent sur l’utilité de l’Union européenne aujourd’hui : les Français considèrent-ils que l’Union européenne a agi dans différents domaines au cours des dernières années ? Quelles conséquences anticipent-ils d’une éventuelle sortie de l’Union européenne, ou d’une sortie de l’euro ? A quels efforts se déclarent-ils prêts personnellement pour l’Europe ? Enfin, sont-ils favorables ou opposés à une détermination du taux d’imposition sur le revenu au niveau européen, et non plus au niveau des États-membres ? 

Que retenir de cette enquête ? 

  • Les Français portent un regard largement critique sur l’action de l’Union européenne au cours des dernières années, dans un grand nombre de domaines économiques et sociétaux. Que ce soit pour la lutte contre le chômage en France ou pour le développement de l’économie française – deux thématiques auxquelles les Français accordent une priorité élevée1 -, la quasi-totalité des personnes interrogées estiment ainsi que l’Union européenne n’a pas agi (respectivement 63% et 54%) ou a agi dans le mauvais sens (respectivement 32% et 37%), quand moins d’un Français sur dix (respectivement 4% et 8%) juge que l’Europe a agi dans le bon sens. Le regard des Français est presque aussi sévère concernant le contrôle de l’immigration illégale (54% jugent que l’Europe n’a pas agi, 32% qu’elle a agi dans le mauvais sens), la construction d’un modèle social européen (52% n’a pas agi, 32% dans le mauvais sens), la lutte contre la crise économique (39% n’a pas agi, 40% dans le mauvais sens) ou encore la lutte contre le réchauffement climatique (56% n’a pas agi, 19% dans le mauvais sens). Néanmoins, un peu plus d’un Français sur trois valorisent l’action de l’Union européenne sur deux autres thématiques, certes plus éloignées de leurs préoccupations quotidiennes : la lutte contre le terrorisme (38% dans le bon sens) et la paix dans le monde (36% dans le bon sens), même si une majorité relative considère toujours que l’Europe n’a pas agi dans ces domaines (respectivement 45% et 47%).
  • Pour l’ensemble de ces enjeux, les jeunes portent un regard moins critique que la moyenne des Français sur l’action de l’Union européenne. Ainsi, près d’un jeune sur deux juge même que l’Europe a agi dans le bon sens concernant la lutte contre le terrorisme (47%), la paix dans le monde (49%) voire la lutte contre le réchauffement climatique (41%). Pour autant, y compris parmi les jeunes, les regards positifs restent très minoritaires concernant l’action de l’Union européenne en matière économique et sociale, que ce soit contre la crise économique (29%), pour la construction d’un modèle social européen (30%), pour le contrôle de l’immigration illégale (21%), pour le développement de l’économie française (13%) ou contre le chômage en France (6%).
  • Seule une petite minorité de Français estime que la sortie de la France de l’Union européenne (29%) ou l’abandon de l’euro pour un retour au franc (26%) permettraient d’améliorer la situation économique de la France. Au contraire, une majorité absolue de Français considère que la France se porterait moins bien économiquement dans ces deux hypothèses (respectivement 51% et 55%), quand une personne sur cinq (19%) estime que cela n’aurait pas réellement d’impact. A nouveau, les jeunes font part d’une perception plus positive de l’Europe, puisqu’ils se montrent moins convaincus par l’éventualité d’une sortie de l’Union européenne (seulement 19% pensent que la France se porterait mieux) ou d’un abandon de l’euro (seulement 20%).
  • Interrogés sur différents efforts qu’ils pourraient fournir pour participer au renforcement de l’Union européenne, les Français se déclarent majoritairement prêts à « signer une charte pour l’avenir de l’Union européenne » (64%) à « rendre le vote aux élections européennes obligatoire » (60%) et à « voter en faveur d’un service civil européen » (60%). Les Français sont néanmoins plus partagés quant à la création d’un service militaire européen : 48% déclarent être prêts à voter en faveur de ce projet, tandis que 51% indiquent ne pas l’être. Enfin, la perspective d’adhérer à une association en faveur de la construction européenne (38% prêts) ou de choisir une langue commune enseignée à la maternelle dans tous les pays de l’Union (34% prêts) ne séduit qu’une personne sur trois environ. Les jeunes se montrent davantage prêts que la moyenne à fournir des efforts d’ordre culturel, qu’il s’agisse de « signer une charte pour l’avenir de l’Union européenne » (74%), d’ « adhérer à une association en faveur de la construction européenne » (45%) ou de « choisir une langue commune européenne enseignée dès la maternelle dans tous les pays de l’Union européenne (43%). En revanche, les jeunes semblent peu favorables à la création d’un service militaire européen : seulement 38% des personnes âgées de moins de 30 ans se déclarent prêtes à voter en faveur de cette disposition.

La perspective de fixer un taux d’imposition sur le revenu au niveau européen et non plus au niveau des Etats-membres divise les Français : 52% de Français se déclarent favorables à cette mesure attribuant une fonction régalienne majeure à l’Union européenne, quand 47% y sont opposés. Sur cette question, si les jeunes ne se distinguent pas des autres Français, on constate néanmoins une influence de la proximité politique des personnes interrogées. Les sympathisants de Gauche (61%) comme de Droite (63%) s’y montrent majoritairement favorables. En revanche, 54% des sympathisants du Front National s’y déclarent opposés, de même que 57% des personnes sans préférence politique particulière. De même, les personnes issues des catégories supérieures sont nettement majoritaires (57%) à appeler de leurs vœux cette évolution fiscale, tandis que moins d’une personne sur deux parmi les catégories populaires le souhaite (47%).

Enquête réalisée en ligne du 29 avril au 2 mai 2014. Échantillon de 1 000 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e). 

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► Le regard des Français sur les prochaines élections européennes

Dans la perspective des prochaines élections européennes, Harris Interactive réalise pour LCP-AN et Le Parisien une enquête barométrique auprès d’un échantillon représentatif de Français. Ce baromètre permet de suivre les intentions de vote exprimées par les Français dans la perspective de ces élections européennes.

A l’occasion de la deuxième enquête, réalisée du 12 au 14 mai, Harris Interactive a interrogé plus spécifiquement les électeurs sur l’action récente de l’Union européenne dans différents domaines, leurs attentes dans ces mêmes domaines ainsi que leur connaissance du projet d’accord commercial transatlantique (« TAFTA ») et leur confiance exprimée à ce sujet envers différentes formations politiques.

Que retenir de cette enquête ?

  • Au cours des cinq dernières années, les Français ont le sentiment que l’Union européenne (UE) a principalement agi dans le bon sens en ce qui concerne la paix en Europe (36%), la lutte contre les déficits publics et la dette (20%), l’encadrement du secteur bancaire (18%) ou l’environnement et l’énergie (17%). Un peu plus d’un Français sur six valorisent également le rôle de l’UE en matière de politique étrangère (16%), de protection des consommateurs (15%) et d’aide aux pays les plus pauvres (15%). Notons que l’action en faveur de la paix est davantage citée par les personnes plus âgées (53% parmi les 65 ans et plus) que parmi les jeunes générations (23% parmi les moins de 35 ans).
  • En revanche, moins de 10% des Français attribuent un rôle positif à l’Union européenne en matière d’emploi (5%), d’immigration (5%), ou encore de protection sociale (3%). Or, ces trois thématiques constituent les domaines dans lesquels les Français attendent le plus que l’Union européenne agisse au cours des cinq prochaines années : 42% des personnes interrogées indiquent ainsi attendre davantage de l’Europe sur le plan de l’emploi, 29% concernant l’immigration et 26% sur la protection sociale. Ainsi, l’Union européenne est particulièrement attendue à l’avenir sur des thématiques où l’on estime qu’elle a peu contribué à faire avancer les choses au cours des cinq dernières années.
  • Une majorité de Français (59%) déclarent ne jamais avoir entendu parler du projet d’accord commercial transatlantique (« TAFTA »). Seules 21% des personnes interrogées indiquent voir précisément ce dont il s’agit, quand 17% affirment en avoir simplement entendu parler. Qui plus est, la notoriété de cet accord reste faible y compris parmi les électeurs potentiels du Front de Gauche et d’Europe Ecologie, quand bien même ces formations politiques ont mobilisé ce sujet à l’occasion de la campagne pour les élections européennes. Au final, les Français n’accordent majoritairement leur confiance à aucune des principales formations politiques pour faire avancer les choses dans le bon sens concernant cet accord : 41% indiquent faire confiance à l’Alternative MoDem-UDI, 35% à l’UMP, 28% au PS, 26% à Europe Ecologie Les Verts, 22% au Front National et 17% au Front de Gauche.

À un peu plus d’une semaine du scrutin, le Front National (22%, stable) et l’UMP (21%, stable) arrivent toujours en tête des intentions de vote exprimées, leur écart avec le Parti socialiste (16,5%, soit -0,5 point) s’accroissant légèrement par rapport à la semaine dernière. Ce recul du Parti socialiste profite davantage à Europe Ecologie (10% des suffrages, soit +1 point) qu’au Front de Gauche (7%, soit -1 point). Les listes soutenues par l’Alternative MoDem/UDI recueillent 8% (-1 point) des intentions de vote exprimées. A nouveau, aucune autre force politique ne recueille plus de 3% des suffrages. Ainsi, celles étiquetées « NPA » recueillent toujours 2%, « Lutte Ouvrière » (1%) perdent 1 point ; « Nouvelle Donne » (2%, stable) et « Nous Citoyens » (1%, stable) se maintiennent tandis que celles soutenues par Corinne Lepage progressent d’un point (1%). Les candidats soutenus par Christine Boutin recueillent toujours moins de 0,5% des suffrages. Enfin, 5,5% des Français exprimant une intention de vote font part de leur préférence envers une autre liste que celles évoquées ci-dessus, soit une progression de +1,5 points pour ces « petites listes ».

Enquête réalisée en ligne du 12 au 14 mai 2014. Échantillon de 1 429 personnes représentatif de la population française âgée d’au moins 18 ans, à partir de l’access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région d’habitation de l’interviewé(e). 

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