Valéry Giscard d’Estaing: que retenir de son action, de son parcours, de son profil et de sa personnalité ? Ancien grand reporter du Figaro, chroniqueur et fondateur de La Revue Civique, Jean-Philippe Moinet, qui a connu VGE à ses débuts journalistiques (lors du 2d mandat de François Mitterrand), a été appelé par la chaîne FRANCE 24 dans la demie heure de l’annonce du décès de l’ancien Président de la République.
Pour évoquer la figure de celui qui a été élu chef de l’Etat en 1974 à l’âge de 48 ans, sa démarche d’ouverture et de rénovation de la vie politique de l’époque (avec notamment le droit de vote à 18 ans, l’entrée de femmes marquantes au Gouvernement, François Giroud, Simone Veil bien sûr, Monique Pelletier, la légalisation de l’IVG, les réformes ouvrant des droits à l’opposition, le démantèlement de l’ORTF…), sa longue rivalité à droite, lui le libéral-centriste-européen, avec le néo-gaulliste Jacques Chirac qu’il avait pourtant nommé à Matignon (1974-1976), sa bataille gagnante en 1974 contre François Mitterrand – le fameux « vous n’avez pas le monopole du cœur » – mais perdue en 1981, le leader socialiste lui renvoyant « vous êtes l’homme du passif ». Un double choc pétrolier était passé par là. Quelques « affaires » aussi. Une grande alternance aboutissait à la victoire de la gauche.
Des années 60 jusqu’aux années 2000, VGE a aussi toujours fait prévaloir une certaine idée de l’Europe, qu’il n’a cessé de promouvoir. Il avait par exemple milité pour l’intégration de l’Espagne, du Portugal et de la Grâce à l’Union Européenne. Avec son homologue allemand, Helmut Schmidt, pourtant de « l’autre bord » (ce Chancelier était du mouvement SPD, socialiste social-démocrate), il avait noué, à partir de l’enjeu européen (ils ont mis sur pied le SME, Système monétaire européen, qui préfigurera l’Euro), une forte et durable amitié, qui persistera bien après la fin de leur pouvoir respectif. Giscard avait aussi présidé la Convention européenne, qui a porté un projet de Constitution européenne, projet rejeté par référendum en France en 2005.
Élu à l’Académie française, VGE y retrouva celle qui fut sa Ministre de la Santé et qu’il avait contribué à faire élire Présidente du Parlement Européen, Simone Veil. Il l’avait étroitement associée aussi à la fondation de l’UDF (Union pour la démocratie française), formation politique qui réunissait la droite libérale et le centre (des radicaux et des démocrates-chrétiens), famille du « centre-centre droit » comme il aimait à le dire, avec ce chuintement caractéristique qui fit le délice de ses imitateurs.
Un style et une élégance politique s’en sont allés.
L.T. (03/12/20)