Retour dans le débat, de l’ancien Ministre des Armées. Voici ci-dessous des extraits (sélectionnés par La Revue Civique) de la tribune de l’eurodéputée française Sylvie Goulard, membre du Groupe parlementaire ADLE (Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe; centre droit), publiée à l’origine par l’Institut Jacques Delors – Notre Europe (en décembre 2017). C’est également au titre de son travail de prospection et d’évaluation, et en tant qu’ancienne Présidente de l’intergroupe « Lutte contre la pauvreté » au sein du Parlement européen, que Sylvie Goulard a rédigé cette tribune.
« (…) Selon Eurostat, dans 17 États membres de l’UE, le nombre de personnes risquant la pauvreté et l’exclusion a augmenté au lieu de reculer. Il atteignait encore près de 25 % de la population en moyenne en 2016. Les femmes et les jeunes non qualifiés sont particulièrement vulnérables.
Il serait très réducteur d’imputer la montée des inégalités et de la pauvreté seulement à « l’Europe ». Seule une bonne combinaison de politiques européennes et nationales, macro-économiques et sociales, permet de progresser.
Dans la zone euro au moins, la question de l’équilibre entre la nécessaire subsidiarité et la non moins nécessaire égalité des citoyens mérite d’être posée en des termes moins idéologiques que cela n’a été fait ces dernières années. La mobilité des travailleurs fait par exemple partie des éléments clés d’une zone monétaire optimale. L’UE ne devrait-elle pas la favoriser au nom de sa compétence en matière monétaire ? Ainsi, la zone euro pourrait prendre une initiative de formation à grande échelle des travailleurs qui bénéficierait aux jeunes sans travail, menacés de pauvreté, susceptibles de trouver un emploi dans les États membres en quête de main d’œuvre.
Un mot anglais à la mode –empowerment– désigne la manière dont les individus sont invités, à l’ère numérique, à « prendre le pouvoir » ou pour employer des termes plus familiers, à « se prendre en mains ». Il caractérise bien l’une des aspirations les plus fortes des personnes démunies qui est d’être reconnues comme des citoyens à part entière, capables de s’en sortir. D’où l’importance de changer de méthode dans la lutte contre la pauvreté, en incluant ceux auxquels ces politiques s’adressent.
Le Président français, Emmanuel Macron, a lancé l’idée de « conventions démocratiques » pour relancer l’Europe. Le défi de ces conventions, destinées à recueillir en amont les aspirations européennes des citoyens, sera aussi de s’ouvrir aux populations des « périphéries », aux pauvres, aux exclus (…). »