Les résultats d’un sondage, mené du 18 janvier au 16 mars 2017 par The German Marshall Fund of the United States, donnent une image troublante des préoccupations supposément partagées par les leaders d’opinion d’un côté et de l’autre de l’Atlantique. Les personnes interrogées, dont les invités du Forum de Bruxelles et les anciens élèves-auditeurs du GMF Marshall Memorial Fellowship, du Transatlantic Inclusion Leaders (TILN), du Manfred Wörner seminar (MWS) et de l’American Political Science Association (APSA), ont évoqué ce qui les inquiète le plus, les institutions auxquels ils font confiance et ce qu’ils attendent concernant l’avenir de la relation transatlantique. Comme le souligne Bruce Stokes, le directeur de l’étude, les résultats révèlent à la fois des causes communes et des divergences d’opinion, surprenantes entre les leaders européens et américains.
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L’inquiétude qui vient de la Russie
Ni l’augmentation du nombre de réfugiés, ni l’influence des Etats-Unis dans le monde ne semblent être des préoccupations pour ces leaders d’opinion, d’un côté et de l’autre de l’Atlantique. Pour eux, trois questions primordiales dominent: les conséquences négatives relatives au changement climatique (70%) ; les cyber attaques mis en œuvre par des pays tels que la Russie (66%) ; et l’influence croissante de la Russie dans les affaires internationales (62%). Il s’agit de trois sujets, force est de la constater, pour le moins occultés par le nouveau Président américain, Donald Trump, en tout cas dans les premiers temps de son mandat. Si l’influence de la Chine reste un sujet moins urgent pour les élites américaines et européennes, les deux autres sujets qui attirent leur attention sont l’état actuel de l’économie mondiale et la montée du terrorisme islamiste de Daech (tous les deux à 55%).
En regardant les préoccupations par région, le panorama change considérablement. Si les dirigeants américains interrogés semblent plus inquiétés par les cyber attaques (84%, contre 56% pour les européens) et la montée du pouvoir chinois (47%, contre 23% pour les européens), les élites du vieux continent sont davantage troublées par les défis à relever pour le changement climatique (66%) et par le nombre croissant de réfugiés provenant de la Syrie et de l’Irak (35%).
Une profonde chute de confiance dans les relations
administration Trump/gouvernements européens
Quoi qu’il en soit, l’avenir de la relation transatlantique ne levait, dans cette période de début d’année 2017, que très peu d’espoirs. Lorsque le panel est interrogé sur l’avenir des relations entre l’administration Trump et les principaux gouvernements européens, une majorité (77%) pronostique, sur les dossiers diplomatiques, une profonde chute de confiance qui s’intensifiera dans les prochains mois. 62% des sondés confirment ce point de vue pour les questions économiques et de sécurité. Questionnés sur une possible intervention américaine en cas d’attaque d’un pays allié de l’OTAN, les avis semblent divisés: 47% aux Etats-Unis et 48% en Europe considèrent une intervention défensive américaine improbable, alors que respectivement 48% et 52% la voient comme plausible. Le doute de la solidarité américano-européenne est donc fortement installée. Provisoirement ?
Aux vues de cette étude, il apparaît clairement que la confiance des leaders d’opinion envers le nouveau Président américain est très faible (13%). Seul le Président chinois Xi Jinping est derrière, à 10% ! Ce résultat semble d’autant plus important que le Président russe Vladimir Poutine obtient 38% de leur confiance. Parmi ces décideurs et leaders d’opinion, l’idée que le nouveau Président américain soit dangereux se répète à 85%. Ils considèrent aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe, que Donald Trump est un leader arrogant (94%) et intolérant (88%). Seul 6% estime qu’il a le tempérament pour exercer la fonction présidentielle et seulement 15% pensent qu’il s’intéresse honnêtement aux citoyens. En revanche, Angela Merkel, la chancelière allemande, obtient le soutien de 92% des personnes sondées. Un contraste saisissant.
Rafael Guillermo LÓPEZ JUÁREZ
(avril 2017)