Gérard Andreck: Gouvernance et démocratie, « valeurs de la MACIF»

Le plaidoyer pro- RSE du Président de la MACIF

Le Président de la MACIF, Gérard Andreck met en perspective, dans ce texte, la politique RSE de son groupe. L’entreprise mutualiste, «sans capital à rémunérer » souligne-t-il, «appartient à ses sociétaires qui ont en charge la gouvernance de la mutuelle. Portée par des valeurs de partage, d’équité et de solidarité, elle place le lien social au cœur de ses préoccupations». Il précise que performance et solidarité sont compatibles, s’appuyant sur une gouvernance originale : «chacune des onze régions Macif fonctionne comme une association» explique-t-il, chacun des 2 000 délégués régionaux  élus par les sociétaires élit les 144 délégués nationaux ; et ceux-ci désignent les administrateurs qui siègent au conseil d’administration.
Vertu de cette gouvernance ? «Les dirigeants de la Macif voient dans la RSE une plus-value pour le groupe tout entier. Elle permet de rassembler les sociétaires, les personnels et les dirigeants autour de l’objectif commun de  la création de valeur sociale. Chacun peut ainsi participer à la création d’une valeur commune et adhérer à ce supplément de sens ».

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Mutuelle d’assurance, la Macif est une entreprise d’économie sociale qui se distingue par son mode d’organisation : sans capital à rémunérer, elle  appartient à ses sociétaires qui ont en charge la gouvernance de la mutuelle. Portée par des valeurs de partage, d’équité et de solidarité, elle place le lien social au cœur de ses préoccupations, jouant quotidiennement son rôle d’entreprise socialement responsable.

Les entreprises sont souvent confrontées à des responsabilités qui dépassent le cadre de leur activité professionnelle en tant que telle. Comment rendre le travail plus «  humanisant » ? La financiarisation de l’économie est-elle compatible avec un développement durable et solidaire ? Quelle est la spécificité d’une entreprise mutualiste dans ce domaine ?

Aujourd’hui, la démarche de RSE débouche sur des possibilités nouvelles et, de fait, sur de nouvelles croissances potentielles. Ses fondements ne sont pas nouveaux pour la Macif qui défend une conception de l’économie au service de l’Homme, au-delà des seuls enjeux économiques. Une telle démarche nécessite toutefois l’implication de toutes les parties prenantes. Sous l’impulsion de femmes et d’hommes de convictions, le développement durable apparaît comme un très beau chantier pour le monde de l’assurance, un prisme au travers duquel la profession peut concevoir des réponses à des besoins sociaux et sociétaux émergents ; il constitue un moyen de revitaliser les modes de coopération et de gouvernance.

La Macif a, dès ses débuts, réunit des sensibilités très diverses, acteurs de l’économie sociale, syndicats, entreprises ou employeurs du secteur privé, lesquelles  structurent le fonctionnement des régions et la gouvernance du groupe. Ces sensibilités  contribuent aussi à élargir le champ de réflexion de la Macif et à diversifier ses approches pour les adapter aux besoins de ses sociétaires. A la diversité des sensibilités correspond celle des publics. Ainsi, ce qui était à l’origine essentiellement une demande d’assurance pour l’automobile a évolué vers une offre qui accompagne maintenant les attentes et les besoins des sociétaires tout au long de leur vie.

Une proximité territoriale

Le mode de gouvernance original de la mutuelle avec le rôle joué par les délégués élus par les sociétaires, présents à la fois dans l’exécutif régional et dans le conseil d’administration, permet une forte représentation à tous les niveaux de décision, mais également une proximité territoriale et humaine entre le groupe et ses sociétaires et une responsabilisation de chacun. Chacune des onze régions Macif fonctionne comme une association, avec son exécutif et son pouvoir législatif, au travers de son assemblée régionale annuelle. Chacun des 2 000 délégués régionaux  élus par les sociétaires élit à cette occasion les 144 délégués nationaux qui adoptent les textes lors de l’assemblée générale et désignent les administrateurs qui siègent au conseil d’administration.

L’engagement et la participation des sociétaires et de leurs délégués rencontrent ceux du groupe dans sa volonté de répondre d’abord à des besoins essentiels et de partager aussi bien les analyses que les décisions en découlant. L’organisation régionale renforce cette proximité avec un territoire et ses spécificités en permettant d’adapter les fonctionnements, les offres et les politiques à des environnements et des contextes sociaux différents.

Les dirigeants de la Macif voient dans la RSE une plus-value pour le groupe tout entier. Elle permet de rassembler les sociétaires, les personnels et les dirigeants autour de l’objectif commun de  la création de valeur sociale. Celui-ci donne du sens aux projets et aux actions en les rendant plus visibles et en les incluant dans un ensemble cohérent et transversal. Chacun, à sa mesure, peut ainsi participer à la création d’une valeur commune et adhérer à ce supplément de sens. Cette approche favorise un portage politique et technique des engagements pris et vient nourrir la réflexion sur la nature et les évolutions de la valeur sociale créée par le groupe.

En formalisant un dispositif simple, porteur de cohérence, s’appuyant sur les ressources, les moyens et les projets existants déjà au sein du groupe, la Macif a choisi une vision transversale. Afin de répondre aux enjeux du développement durable et de permettre une amélioration continue des pratiques, le projet d’entreprise adopté en 2009 définit sept axes d’engagement pour la politique de responsabilité sociale du groupe ; ils touchent la gouvernance, l’accompagnement des sociétaires, la mobilité, la protection sociale, l’habitat, les finances et les pratiques internes. L’ambition affichée est de participer à la transformation de la société en la rendant plus solidaire.

Concrètement, des instances au sein du groupe ont en charge l’animation de la RSE. Sur le terrain, la démarche s’appuie sur un réseau de correspondants métiers et de relais en région. La primauté d’un projet centré sur l’humain donne à la Macif une façon spécifique d’approcher les problématiques de société et d’y répondre. Ainsi, dans la gestion des sinistres, l’aspect humain a-t-il autant d’importance que l’aspect technique, et le développement durable est-il une priorité parce que la préservation de l’environnement et le bien-être de l’Homme vont de pair.

Le projet d’entreprise de la Macif et son plan d’actions mettent en évidence trois lignes force. La première consiste à fonder et approfondir l’identité mutualiste du groupe. Il s’agit de se positionner au plus près dans l’accompagnement des sociétaires pour mobiliser et impliquer les acteurs, répondre à leurs besoins et anticiper en s’adaptant aux évolutions de la société.

Dialogue entre les générations

Il s’agit également de s’engager davantage dans les territoires pour soutenir leur développement comme le fait par exemple la recherche action Urbanicité menée dans le secteur de Mantes-en-Yvelines. Elle a permis d’identifier la Macif comme un acteur mutualiste du territoire et de co-construire des solutions à l’issue du diagnostic pour la réduction des freins à l’emploi et la création d’activité, plutôt que de simplement les financer.

Favoriser le dialogue entre les générations fait également partie de cette grande tendance centrée sur l’identité mutualiste du groupe. Le programme « Aidants et Aidés » permet ainsi de soutenir l’engagement de ceux qui viennent en aide à leurs proches en situation de perte d’autonomie ou de handicap en créant des espaces de débat, d’informations et d’échanges. L’objectif est bien de réorganiser la solidarité entre les personnes en réactivant la logique de réseaux dans une société clivée entre jeunes et vieux, malades ou bien portants.

La deuxième transversale du projet d’entreprise concerne le développement durable. Continuer à être à l’avant-garde dans ce domaine est l’un des choix posé par le groupe Macif pour répondre aux exigences de l’avenir. La prévention dans le secteur de la mobilité est l’une des actions phare du groupe avec des offres intégrant les nouvelles technologies : nouvelles motorisations, autopartage, covoiturage, mobilité multimodale, ou programmes de recherche sur la sécurité routière et les modes de déplacement alternatifs. L’adaptation des produits et des services aux évolutions technologiques et comportementales, porteuses de nouveaux risques, a pour objectif de permettre une mobilité plus propre, plus sûre et adaptée aux populations fragilisées.

Il en est de même pour la réflexion sur l’habitat. Aller vers un habitat plus écologique, plus sain, créateur de lien social, moins énergivore, passe par des incitations et de la prévention pour les sociétaires. L’application de techniques plus écologiques permet également au groupe d’entrer dans un fonctionnement plus vertueux pour lui-même. Réduction de son empreinte carbone, bâtiments certifiés HQE ou à énergie positive, formation des personnels à l’éco conduite, amélioration de la performance environnementale de la gestion des sinistres et de la réparation des véhicules sont des actions conduites par le groupe en interne pour mettre en harmonie ses comportements et ses valeurs et réduire de façon continue ses impacts environnementaux.

La troisième ligne force du projet d’entreprise recoupe tout ce qui concerne l’émergence et à la diffusion de nouvelles valeurs. Réinterroger le sujet des nouveaux indicateurs de richesse pose la question de la pertinence des indicateurs actuels et de leurs limites. Le pari de ce groupe de recherche est d’imaginer des critères différents répondant à la fois à un souci d’objectivation et de qualité pour apprécier l’impact social des biens et services produits par les entreprises mutualistes.

Valeurs de solidarité

Les valeurs d’accompagnement et de solidarité promues par la Macif se retrouvent dans sa proposition d’une gestion humaine des accidents de la vie et dans une démarche commerciale éthique, respectueuse du sociétaire, proposant des réponses à ses besoins essentiels. Ainsi, pour rendre l’assurance plus accessible aux personnes en situation de handicap, un référentiel de l’accessibilité à nos locaux, un accueil en langue des signes ou la traduction des supports d’information en braille ont notamment été mis en place.

Dans un autre domaine, des fonds régionaux de solidarité ou le fonds d’action sociale de Macif-Mutualité permettent, dans certains cas, d’indemniser les dommages matériels ou corporels résultant d’événements non couverts par les garanties contractuelles. La gestion responsable des placements et le développement de la culture financière des sociétaires (pour prévenir le surendettement et accompagner la prise de décision financière) sont une autre facette des actions permettant de mettre en place une pédagogie de l’argent et de favoriser des comportements responsables à l’intérieur du groupe comme vis-à-vis des sociétaires.

Un nouveau rapport entre économie et société est possible et nécessaire. La société civile a quelque chose à apporter y compris en matière économique. A la tradition de l’économie sociale, représentée par les associations, les coopératives et les mutuelles dans lesquelles le pouvoir ne dépend pas du capital, se sont ajoutées les innovations portées par l’économie solidaire, voulant démocratiser l’économie à partir d’engagements citoyens. Une autre façon d’entreprendre est possible, fondée sur la solidarité et la coopération, pour favoriser un mieux être collectif écologique et social passant par le renforcement de la démocratie.

Gérard ANDRECK, Président du groupe MACIF.
(in La Revue Civique N°7, Hiver 20112-2012)