Note d’analyse d’Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen–France et conseil «affaires européennes», publiée par l’institut « Jacques Delors Notre Europe » (novembre 2017). Dans cette note de 12 pages pour l’Institut Jacques Delors, Yves Bertoncini revient sur les causes nationales et internationales des crises (économiques et politiques) qui touchent les démocraties européennes, pour ensuite en faire un diagnostic. Il constate que ces crises accentuent les critiques envers l’UE et son fonctionnement (l’intervention de la « Troïka » en Grèce, la perception d’un « déficit démocratique » de la construction européenne, la demande accrue de transparence) mais il relève des différences d’approche, entre les peuples européens; sur ces sujets.
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L’UE, entre crise de légitimité et déficit démocratique
Le vote populiste dans l’UE aurait,selon cette note d’Yves Bertoncini, deux causes majeures : la crise économique (qui contribue à alimenter le procès des élites traditionnelles) mais aussi ce qui est ressenti par l’opinion comme le déclin de l’Europe dans la mondialisation : « gagnants vs perdants mais aussi crise identitaire ».
L’auteur note aussi en parallèle un délaissement du groupe ou du collectif au profit de l’individu, ce qui se traduit par un abandon des partis traditionnels et de la vie politique « à l’ancienne » au profit de nouvelles formes de démocratie participative, lié à l’usage croissant des réseaux sociaux.
Yves Bertoncini dénonce également une certaine brutalité unilatérale dans la prise de décision de certaines instances de l’Union Européenne, et notamment l’intervention de la Troïka européenne en Grèce « marquée par des relations de conditionnalité et par un fonctionnement empreint d’opacité », ceci ayant selon lui grandement affaibli la popularité de l’UE. A ce titre, elle doit être « une parenthèse, coûteuse d’un point de vue démocratique et politique, qu’il s’agit de refermer », pour permettre désormais de renforcer la transparence des décisions de l’UE, y compris en ce qui concerne les négociations commerciales (on pense à l’élaboration du TAFTA par exemple).
Ce qui doit changer dans l’Union, une question de survie
Yves Bertoncini estime, en sa conclusion, que nous sommes en une situation d’urgence pour l’UE. Si cette dernière veut se consolider et ne pas être peu à peu démantelée de l’intérieur, elle doit prendre conscience des clivages entre les peuples qui la composent et de leur creusement considérable ces dernières années. Elle doit aussi prendre pleinement conscience de ce qui est perçu, par les opinions, comme un manque de transparence et de représentativité des institutions européennes, pour mieux considérer toute une série de mesures qui pourront permettre de renforcer leur proximité avec les citoyens européens. Le Président du Mouvement Européen-France plaide notamment, à ce titre, pour plus de démocratie dans le processus de désignation des dirigeants des instances de l’UE, par exemple dans le processus de nomination des Commissaires européens.
De tout cela doit ressortir un véritable discours politique européen « positif » à destination des opinions, axé sur un nécessaire partage de souveraineté permettant de protéger les identités et les valeurs de l’Europe. Afin de largement réconcilier l’UE avec les nations qui la compose, une Europe « différenciée » et à plusieurs vitesses n’est finalement pas à exclure: une sorte d’euro-réalisme qui semble désormais devoir, et pouvoir, s’imposer.
T.L.
(décembre 2017)