Mobilisation sans frontières (géographiques et idéologiques) pour libérer Boualem Sansal, écrivain emprisonné en Algérie

Mobilisation des écrivains, aux sensibilités, croyances, opinions ou engagements les plus divers, pour réclamer la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie, pour soi-disant « atteinte à la Sûreté de l’Etat ». Une conférence de presse s’est tenue aux éditions Gallimard, en présence d’Antoine Gallimard, où l’avocat François Zimeray a rappelé qu’il n’était toujours pas autorisé à se rendre en Algérie pour voir l’écrivain franco-algérien, près d’un mois après son arrestation totalement arbitraire. Une entrave manifeste aux droits de la défense.

« Si le refus de visas perdure, déclare alors François Zimeray, au ton constamment et volontairement mesuré, mon travail sera de dénoncer (cette entrave), il y a des instances pour cela et il y aura de la créativité de notre part pour mettre en oeuvre les procédures internationales », l’Algérie ayant signé des Traités qui obligent au respect des principes élémentaires de défense des Droits de l’Homme et des droits de la défense des personnes privées de liberté. Il cite les instances de l’ONU et de l’OUA (Organisation de l’unité africaine). Boualem Sansal est de nationalité française, ce qui lui donne aussi un droit à une protection particulière.

L’avocat François Zimeray et Antoine Gallimard, Président du groupe éditeur de Boualem Sansal.

« Boualem Sansal a toujours été libre » (Antoine Gallimard)

Antoine Gallimard, qui préside le groupe qui a édité les livres de Boualem Sansal, a rappelé diverses étapes du parcours de l’auteur, relevant que « le régime algérien s’en est pris d’abord à sa femme » en Algérie, l’auteur de « Vivre » se situant culturellement « entre les deux pays » (l’Algérie et la France): il n’a pas moins « toujours été libre », de s’exprimer, d’écrire, de voyager où il voulait aussi, « il a par exemple voulu aller en Israël ». L’écrivain franco-algérien a été violemment diffamé, visé par toutes sortes d’accusations farfelues, notamment après son livre « Le village de l’Allemand », rappelle Antoine Gallimard, livre magnifique qui a reçu un Prix de l’Académie française: « on l’a alors qualifié de prostitué et même d’agent du Mossad », relève Antoine Gallimard. Ces accusations ridicules montrent aussi la faiblesse des arguments avancés mais aussi la redoutable nocivité de ses accusateurs, placés dans l’appareil étatique algérien. Boualem Sansal est tombé dans « un univers kafkaïen », souligne son éditeur, alors que « Boualem Sansal est avant tout un romancier ».

C’est cela qui soulève l’indignation, au-delà des frontières françaises aussi, car c’est la liberté de tous les écrivains qui est en jeu. D’où les textes de protestation contre son arrestation, qui a réuni de nombreux prix Nobel de Littérature, très divers dans leurs opinions mais identiquement, viscéralement et naturellement attachés à la liberté d’écrire et de penser, de grandes figures littéraires (françaises et étrangères, cf le lien ci-dessous) allant d’Annie Ernaux à Jean-Marie Le Clezio, en passant par Orhan Pamuk, Wole Soyinka, Salman Rushdie, Peter Sloterdijk ou encore l’Académicien français Jean-Christophe Ruffin, le journaliste Franz-Olivier Giesbert ou le Prix Goncourt, Kamel Daoud, qui tenait à être présent à cette conférence de presse, en signe de solidarité et marque d’amitié avec l’écrivain emprisonné en Algérie. L’Académicien français, Erik Orsenna, était lui aussi aussi présent à la conférence de presse.

Le Prix Goncourt Kamel Daoud tenait par sa présence à la conférence de presse témoignait de sa solidarité et de son amitié avec l’écrivain emprisonné en Algérie.

« Boualem Sansal souffrira mais se grandira » (François Zimeray)

L’avocat François Zimeray évoque le fait que le recours en appel de la décision d’emprisonnement a été rejetée sans même que l’écrivain accusé ait pu participer à l’audience, « il est resté dans sa cellule ». Ce qui constitue une autre flagrante atteinte aux droits élémentaires de la défense. Et l’avocat d’observer : « le sujet n’est pas de savoir s’il (Boualem Sansal) a raison ou tort (dans ses critiques à l’encontre du régime algérien). La meilleure façon (en Algérie) de lui donner raison est de l’emprisonner », ajoute François Zimeray, qui a été Ambassadeur de France pour les Droits de l’Homme. « Boualem Sansal souffrira mais se grandira. Il n’est pas sûr que l’Algérie se grandira en le maintenant en prison. »

Jean-Philippe MOINET (12/12/24)

-La mobilisation des Prix Nobel de Littérature dans Le Point

Des personnalités très diverses convergent pour réclamer la libération de l’écrivain franco-algérien, ici Jean-Michel Blanquer, Président du Laboratoire de la République, think-tank co-organisateur avec d’autres structures d’une réunion de soutien à Boualem Sansal, prévue au Théâtre Libre à Paris, le 16 décembre.

-La réunion à Paris le 19 décembre pour soutenir Boualem Sansal, organisée par plusieurs structures dont le think tank « Laboratoire de la République »