Marc Knobel : les juifs, la République, même combat !

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Extrait de l’intervention de l’historien et chercheur Marc Knobel, directeur des Études du CRIF, à l’occasion du 70e anniversaire de cette institution de la communauté juive de France. Il déclara notamment : « Un jour, Elie Wiesel a dit à juste titre que les Juifs étaient et demeurent le séismographe de l’Humanité. Derrière l’offense faite aux juifs dans LEUR PAYS, ce sont les valeurs républicaines qui sont en danger ».

(…) depuis quelques années, nous « les fous de la Ré-publique », pour reprendre le titre d’un livre de l’historien Pierre Birnbaum, on nous désigne, on nous montre à nouveau du doigt, et ce doigt est accusateur. Bien sûr, pas tout le monde ; mais des mots étranges résonnent à nos oreilles : communautarisme, intolérance, et l’on assiste en plus à d’intolérables passages à l’acte, à des violences anti-juives dans notre pays.

Nous voulons alors expliquer ce que nous sommes. Le CRIF est né, au cours de la Seconde Guerre mondiale et de l’Occupation allemande de la France, il a été pensé par des résistants juifs particulièrement courageux et lucides, ils étaient animés d’une volonté peu commune et souvent méconnue, de prendre en charge leur destin, précisément au moment le plus critique de l’histoire du peuple juif.

Depuis, le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France est l’organe de représentation citoyenne et politique des différentes associations ayant en charge la vie juive dans notre pays. Permettez-moi de souligner ce mot : représentation citoyenne.

Le CRIF s’est donné pour mission d’être l’organe de représentation des différentes associations du judaïsme français, de faire connaître aux pouvoirs publics et à l’opinion, sa position sur tous les problèmes politiques intéressants les juifs, mais aussi, de lutter contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme, et encore, de marquer son attachement à l’État d’Israël, tout en espérant une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien.

Et, c’est dans ce cadre pluraliste que s’exprime le mieux l’esprit démocratique qui inspire nos réflexions et nos actions.
Il y a dix ans de cela, le CRIF proclamait en son soixantième anniversaire qu’il fallait aimer la République : « Vive la République ! », tel était le mot d’ordre que scandait le CRIF comme en écho à tous les exécrables et les misérables qui veulent diviser, jeter l’anathème et détruire les fondements même de NOTRE République.

J’affirme que :
Quelles que soient les difficultés auxquelles nous sommes confrontés,
Quels que soient les problèmes que nous rencontrons, quelles que soient nos positions ou nos opinions, nous sommes et demeurons particulièrement respectueux du droit Républicain.
Les « fous de la République » aiment la France ! Les Juifs de France ont de la France une idée noble, haute et généreuse.

La France, ils l’aiment tant elle imprègne leur vie, elle est l’aimée, et bénie dans leur prière. Et l’émotion nous étreint lorsque nous pensons à ce que les Juifs de France ont donné à ce pays : des artistes, des scientifiques de renommée internationale, des intellectuels de premier plan, de valeureux soldats et des travail-leurs inlassables.

Mais, ce qui caractérise les Juifs de France -avant tout- peut se définir ainsi : les Juifs portent l’étendard des valeurs républicaines, haut au cœur, d’une France dont l’identité est plurielle, d’une France qui doit être accueillante et fraternelle (…)

France à identité plurielle

Et pourtant… hélas, depuis quelques années, le sol tremble sous nos pas. Que se passe-t-il en France ? Un jour, Elie Wiesel a dit à juste titre que les Juifs étaient et demeurent le séismographe de l’Humanité. Derrière l’offense faite aux juifs dans LEUR PAYS, ce sont les valeurs républicaines qui sont en danger. Que se passe-t-il en France ?

Il souffle un vent mauvais lorsque l’on jette en pâture les Roms ;
Il souffle un vent mauvais lorsque l’on compare un Ministre de la République à un singe ;
Il souffle un vent mauvais lorsque l’on tague une église, une mosquée ou une synagogue ;
Il souffle un vent mauvais lorsque l’on jette en pâture si ce n’est aux chiens des minorités ;
Il souffle un vent mauvais lorsque l’on désigne l’autre, lorsque l’on en fait le responsable des maux de notre société. Il souffle un vent mauvais lorsque le populisme, l’intolérance, le mépris, la haine gangrènent notre société.

Pour lire la suite : se procurer la Revue Civique 13

Marc KNOBEL, Directeur des Études du CRIF
(In La Revue Civique n°13, Printemps 2014)