M Le Pen sur l’OTAN, l’UE, la Russie: son « fil conducteur » est dans la stratégie de Poutine (JP Moinet sur Franceinfo TV; vidéo)

Le jour où Marine Le Pen présentait les axes de sa politique étrangère, Jean-Philippe Moinet était invité sur Franceinfo TV (canal 27; France Télévisions; interview mené par Alexandra Uzan). Que ce soit avec sa proposition de sortir du commandement intégré de l’OTAN – au moment où la guerre russe se poursuit violemment en Ukraine – ou avec celle de « remplacer l’Union européenne par l’alliance (aux contours incertains) des nations », le « fil conducteur », souligne Jean-Philippe Moinet, est clairement d’être « en conformité avec les axes stratégiques de V Poutine »: « essayer d’affaiblir l’OTAN (sa déclaration participe de cet affaiblissement) et de diviser les Européens »: par son projet, elle satisfait les forces nationalistes et « alimente une forme de déconstruction de l’Union européenne ». Vidéo de l’entretien :

Depuis le 24 février, jour de l’attaque russe contre l’Ukraine rappelle Jean-Philippe Moinet, tous les pays de l’OTAN – dont 27 pays européens – « se sont solidarisés, mobilisés, pour organiser ce bouclier défensif à l’Est de l’Europe ». Et « on voit aujourd’hui Marine Le Pen marquer une forme de dé-solidarité »: « cet acte politique de Marine Le Pen marque une rupture d’importance, historique, qui marque une dé-solidarité avec les démocraties qui veulent se défendre » observe l’auteur et chroniqueur.

Marine Le Pen « alimente une forme de déconstruction de l’Union européenne »

« On voit bien qu’il y a un fil conducteur », poursuit le fondateur de La Revue Civique sur le plateau de Franceinfo TV, « sous couvert d’indépendance, d’équidistance entre puissances », il y a de fait « équidistance entre démocraties et dictatures ». Ce n’est pas nouveau, mais clairement affiché avant le second tour de la présidentielle: « Depuis 10 ans, Marine Le Pen s’est illustré pour être en conformité avec les axes stratégiques de V Poutine. Qui consistent à la fois à essayer d’affaiblir l’OTAN et de diviser les Européens ». Aujourd’hui, elle a marqué cette double volonté, « elle a alimenté une forme de déconstruction de l’Union européenne ».

Jean-Philippe Moinet interviewé par Alexandra Uzan sur Franceinfo TV: les positions de Marine Le Pen satisfont qui sur la scène internationale ?

La candidate du RN a parlé de ‘transformer l’Union européenne en alliance des nations », aux contours inconnus et incertains, sauf avec la Hongrie de V Orban, et « les forces nationalistes » qui veulent se séparer des autres nations européennes ». Ce n’est pas un « Frexit affiché » mais une volonté « de l’intérieur » de l’UE « de déconstruire une série d’actions de solidarité des Européens » avec cette idée, propre aux nationalistes, qu' »on serait plus forts séparément plutôt qu’unis à l’échelle du Continent ».

Jean-Philippe Moinet souligne que la plupart des dirigeants européens sont très inquiets par l’hypothèse de l’élection de Marine Le Pen à la présidence de la République française, qui produirait en effet un séisme politique en Europe. Il cite dans cet interview le passage d’une critique frontale de Marine Le Pen à l’égard de l’Allemagne, dont les options seraient « le négatif absolu de la stratégie française de Défense ». Elle en déduit qu’il faudrait rompre les coopérations essentielles, militaires notamment, avec l’Allemagne: « Une rupture liée à l’appartenance allemande à l’Union européenne et à l’OTAN », analyse JP Moinet, « les évolutions allemandes récentes visant à aller plus loin dans l’unité européenne et dans l’armement », précisément pour mieux face aux menaces russes.

Le chroniqueur indique en fin d’interview que Marine Le Pen satisfait sans doute un autre dictateur: « elle a dit qu’il fallait rétablir les relations diplomatiques avec le dirigeant syrien, Bachar El Assad, l’un des pires dictateurs de la planète, rappelle Jean-Philippe Moinet, ce dirigeant ayant commis des crimes de guerre à l’arme chimique notamment, « ce dictateur étant, comme par hasard mais ce n’est pas un hasard, soutenu depuis dix ans par la Russie de Poutine ».

La plupart des dirigeants européens sont très inquiets par l’éventualité d’une élection de Marine Le Pen, connue pour ses positions nationalistes dans toute l’Europe. Son programme « rompt avec plus de 60 ans d’amitié franco-allemande » observe Jean-Philippe Moinet, amitié franco-allemande qui constitue le pilier et le moteur de l’Union européenne, dont l’unité et la puissance doivent faire contre-poids aux autres grandes puissances mondiales.

L.T.

(14/04/2022)