La Garde nationale : des incitations pour les jeunes français

Le 12 octobre dernier, le Président de la République a officiellement lancé la garde nationale. L’Institut Montaigne propose, dans son analyse Refonder la sécurité nationale, le décryptage des éléments essentiels permettant de comprendre cette nouvelle force opérationnelle sur le sol français.

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La « Garde nationale » constituera un réservoir de forces de 85 000 réservistes visant à atteindre un total de 9250 hommes déployés chaque jour sur le territoire national. Son objectif sera de concourir, « le cas échéant par la force des armes », à la sécurité de la population et, plus généralement, à la défense du pays. Tel qu’il a été décrit, il ne s’agit pas d’un simple changement de dénomination pour les réserves opérationnelles existantes, mais d’une mise à jour complète de toutes les forces réservistes, qu’elles appartiennent à la police (constituées jusqu’à maintenant d’anciens policiers) ou à l’armée, de façon à construire une chaine étroitement intégrée de réservistes sous l’égide d’un Secrétaire général, placé sous la double tutelle des Ministres de la Défense et de l’Intérieur.

Selon les chiffres de l’Institut Montaigne, l’effectif actuel des réservistes opérationnels des armées représente 63% de l’objectif visé pour la période 2018-2019. Il s’agirait donc de recruter environ 15 000 réservistes supplémentaires.

Une Garde pour les jeunes

L’un des centres d’intérêt de ce nouveau projet sera d’attirer les jeunes Français. Pour y parvenir, plusieurs mesures seront prises. Primo, le Gouvernement compte inciter les jeunes qui s’engagent avant l’âge de 25 ans en leur finançant le permis de conduire à hauteur de 1000 euros, à condition d’avoir totalisé 50 jours dans la « Garde ». Secundo, une allocation mensuelle de 100 € est prévue pour chaque étudiant de moins de 25 ans, « pour tout contrat de cinq ans dans la réserve et l’engagement de réaliser 37 jours sur le terrain chaque année ». Enfin, l’État prévoit des passerelles institutionnelles vers les métiers de la sécurité privée en valorisant les compétences acquises pendant cette période.

L’Institut Montaigne propose que l’État développe une reconnaissance complète des compétences acquises pour qu’elles puissent aussi servir de débouchés au sein du monde de l’entreprise. Pour cela, il devient impératif, affirme l’institut parisien, que l’État établisse des accords de partenariat avec les grandes écoles et les universités afin d’encourager les étudiants à rejoindre la « Garde » à l’occasion d’un stage, d’un semestre ou d’une année de césure.

La Garde nationale et l’entreprise

Le projet de décret prévoit aussi que les entreprises qui favoriseraient la mobilisation de leurs salariés au sein de la garde nationale bénéficient aussi d’une réduction d’impôts. Ainsi, l’Institut Montaigne préconise que le réserviste, quel que soit son statut civil, puisse obtenir que le temps et l’investissement consacrés aux périodes de réserves soient compensés par des jours de retraite équivalents, un dispositif qui pourrait épargner l’entreprise de l’obligation de maintenir le salaire du réserviste pendant la durée de service rendu.

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Cependant, rien de cela ne sera efficace, estime l’Institut, si on ne redonne pas tout son sens civique et patriotique à la réserve. De la même façon que « les pompiers volontaires ne s’engagent pas pour des raisons financières mais, d’abord, par envie d’être utiles », affirme l’institut, il est essentiel que la garde nationale devienne un outil du citoyen pour qu’il puisse prendre sa part à l’intérêt général et à la sécurité collective.

Une fois le sens affirmé, mission essentielle du futur Secrétaire général de la garde nationale, il sera important d’augmenter ses effectifs, d’optimiser sa cohérence d’ensemble et l’utiliser comme « force d’appoint » pour la sécurité intérieure, explique l’Institut Montaigne, en l’employant par exemple dans les zones rurales dépourvues de brigades pour intervenir avant l’arrivée des gendarmes (toujours sous leur supervision) ou à la disposition des maires lors des situations de crise (comme une catastrophe naturelle ou un accident). Mais cela n’est qu’un exemple du potentiel de la « Garde ».

R.G-L

(octobre 2016)

Pour aller plus loin :

► Pour plus de détail : « Garde nationale, quand les citoyens deviennent acteurs de leur sécurité », par l’Institut Montaigne

► Lire le rapport complet

► Précisions du Ministère de la Défense

► Corps européen de garde-frontières : Frontex est mort, vive Frontex ! , par l’Institut Montaigne