Face au risque d’abstention : mobiliser sur l’enjeu du vote

Dans un climat qui dévalue l’acte civique du vote, et finalement la démocratie, et face au risque d’une abstention importante alors que les enjeux sont majeurs pour le pays et l’avenir, une campagne (de l’association des agences conseils en communication, AACC) invitait, dès avant le 1er tour de l’élection présidentielle, à mobiliser pour accomplir son devoir de citoyen : voter.  

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Entre les différentes « affaires » qui ont touché certains candidats, les protestations en tous genres et les logiques idéologiques propres aux extrêmes, les messages de défiance amalgamant la classe politique et mettant en scène un fantasmagorique « système » ont été amplifié ces derniers mois et dernières semaines. Et la campagne de l’élection présidentielle, souvent hachurée, n’a pas réussit pas à entraîner autour de thèmes positifs pour l’avenir.

Dans ce contexte, la distanciation des électeurs a pris une proportion particulièrement forte. Alors que la chute de la participation électorale touchait surtout les élections dites intermédiaires (européennes, régionales), la tentation de l’abstention, pour de nombreux analystes, semblait menacer cette fois l’élection présidentielle elle-même: à un mois de l’échéance du 1er tour, les études  du CEVIPOF-Sciences Po mesurait par exemple l’ampleur de l’abstention potentielle, dépassant dans les intentions déclarées à ce moment là les 30% de l’électorat. Un chiffre particulièrement élevé pour cette élection qui, en général, avait su mobiliser le corps électoral.

Jean-Yves Dormagen, professeur de sciences politiques, co-auteur de « La démocratie de l’abstention » rappellait (le 31/03, Lcp.fr) que « l’abstention a autant une dimension sociologique que politique, et avec le contexte actuel il est plus logique de s’attendre à une progression de l’abstention ». Pour lui, à ce moment-là, « si on prend les électorats les uns après les autres, le quinquennat de Hollande a produit beaucoup de désillusions et aucun des candidats de gauche n’est en mesure de se qualifier pour le second tour, ce qui contrarie la dynamique de mobilisation »

« A droite, avec tout ce qui se passe autour de François Fillon, ce serait étonnant s’il n’y avait pas un peu d’abstention, les électeurs de droite n’ont pas tous envie de voter Macron ou Le Pen. La candidature Macron ne me paraît pas être un vote d’adhésion très fort mais plus comme un vote utile sans grande espérance, ce qui n’est pas très mobilisateur non plus. Pour toutes ces raisons, les électeurs qui veulent voter Le Pen aujourd’hui sont certainement plus motivés en moyenne ».

Portrait-type de l’abstentionniste

Il tente également de dessiner un portrait type de l’abstentionniste : « Vous prenez un jeune qui a entre 20 et 30 ans qui vit seul, qui n’a pas fait d’étude, qui a un emploi plutôt précaire, qui vit dans une grande ville, en banlieue, en HLM et vous arrivez à des scores d’abstention vraiment élevés. L’élection est en quelque sorte confisquée par les plus âgés. Les personnes de plus de 60 ans, a fortiori s’ils appartiennent aux catégories supérieures, sont totalement surreprésentées, voire majoritaires pour certaines élections, au détriment des plus jeunes, des plus précaires, des moins diplômés. Pour schématiser, le retraité-cadre, diplômé et propriétaire de son logement vote, quand le jeune avec un bac pro, vivant en banlieue s’abstient ».

Pour autant, abstention ne signifie pas dépolitisation et les Français continuent à montrer leur attachement à la démocratie, comme cela a pu être mesuré par l’Observatoire de la Démocratie : face aux menaces plurielles, l’opinion publique n’est pas à court de solutions et de souhaits de réformes. Qu’elles soient institutionnelles, électorales ou liées à de nouvelles formes d’engagement politique, elles visent les mêmes buts : rapprocher le citoyen de la démocratie en même temps que les citoyens entre eux (« refaire société »), encadrer la pratique politique, et encourager un dialogue presque permanent entre le « peuple » et les institutions qui le représentent. Le Président de la Fondation Jean Jaurès, Gilles Finchelstein (13/03, France Inter) relevait que, pour cette année 2017, il y avait pourtant « aussi des indices très forts comme le nombre d’inscriptions sur les listes électorales, et l’intérêt pour la campagne. Cependant concernant l’abstention, les trois raisons principales qui la justifient sont l’insatisfaction par rapport à l’offre, le sentiment que voter ne change rien, et le sentiment de colère ».

Une campagne pour montrer l’attachement au vote 

Pour sa part, et pour contrer le risque d’une abstention importante, l’association des Agences-Conseils en Communication (AACC) s’est symboliquement engagée en lançant une campagne « Prêt à voter ». Un dispositif au travers duquel l’AACC et ses agences membres se mobilisent en faveur de l’acte civique majeur en démocratie car le vote concerne bien sûr tous les Français, toutes les générations, toutes les opinions, et c’est bien la vitalité de la démocratie qui est en jeu. L’initiative de l’AACC se veut simple, elle n’est au profit d’aucune entreprise, association ou parti. Elle consiste à mettre à la disposition de chacun le moyen d’affirmer son attachement au vote. Elle invite le plus grand nombre de nos concitoyens à revendiquer avec fierté leur engagement d’être “#PRETAVOTER“.

Pour cela, un logo-badge, que chacun peut reprendre à son compte et comme il l’entend, a été créé: pin’s, badge, filtre, à porter ou à afficher sur les réseaux sociaux accompagnent aussi ce dispositif.

Des bannières peuvent aussi être intégrées sur les pages web. Elles respectent les formats de bannières publicitaires standard et sont à utiliser sans modération !

(13/03/2017)

► Le site de Prêt à voter

► Le site de l’AACC, l’Association des Agences Conseils en Communication

► « Comment faire sa procuration ? » Reportage de LCP

► Les éléments de la campagne officielle

► « L’abstention est le pire choix » : l’édito de Jacques Attali dans l’Express