Des villages « Marianne » ou l’humain au coeur de l’urbain (entretien avec Eric Vialatel)

Entretien avec l’étonnant créateur des « Maisons Marianne », l’architecte (et photographe) Eric Vialatel. Depuis une dizaine d’années, il a conçu, développé et réussi, dans une douzaine de sites urbains en France et en dehors des standards habituels, la construction de logements sociaux innovants, permettant de décloisonner des publics et d’établir par l’habitat des liens humains, notamment intergénérationnels, entre personnes différentes trop souvent isolées.Fort se son succès, il étend désormais le concept en « Villages Marianne », pour changer d’échelle (passant à des ensembles de 200 à 300 logements) autour de la même idée, devenue nécessité: « sortir du communautarisme social », casser les constructions mentales qui enferment dans des « ghettos », générationnels, sociaux ou culturels.

Dans ces maisons et villages « Marianne », c’est le pari de la diversité sociale (des âges d’abord) qui est fait, avec des espaces de vie communs, où divers services (commerciaux, médicaux, culturels aussi) sont proposés comme autant de prétextes à l’échange et à la rencontre, à la créativité et à une convivialité retrouvée. Denrée devenue rare dans les grandes villes, surtout pour les aînés. En ces lieux, les locataires sont majoritaires à proposer aux autres des animations, qu’elles soient éducatives ou culturelles. Et les bailleurs s’y retrouvent largement, témoigne Eric Vialatel : « Nous observons qu’il y a généralement 30% d’économies réalisées par rapport aux lieux d’habitat social classiques: nous avons moins de logements vides, et moins de dégradation ».

Casser les barrières qui séparent et isolent. Concevoir et animer des lieux d’habitation, vivants et créatifs. Ouverts aussi aux innovations environnementales, par exemple avec création de jardins potagers, pouvant aller jusqu’à des « fermes urbaines », qui conjuguent fonctions ludiques, apports écologiques, lien social et économie de proximité. Eric Vialatel était perçu, il y a 10 ans, comme un utopiste. Il est considéré aujourd’hui comme un visionnaire, un bâtisseur pour les villes – et les enjeux – de demain.

Entretien #RevueCivique en vidéo ici, sur sa manière de concevoir l’humain au coeur de l’urbain.