Quelles sont « les sources » – l’origine, le déclic – de l’engagement chez lui ? Et « l’horizon » – les sujets – qui appellent un engagement renouvelé, à l’avenir ? Proche conseiller du Président de la République, Stéphane Séjourné, chef de file du groupe « Renaissance » au Parlement Européen, a volontiers répondu aux questions de La Revue Civique. Les voici en synthèse, dans le texte ci-dessous et en deux courtes vidéos.
C’est en Argentine au début des années 2000 – il était alors en classes de première et terminale dans ce pays (son père, salarié de France-Télécom, s’y était expatrié avec sa famille) – que Stéphane Séjourné a été confronté à la violence de la crise économique et sociale qui surgissait alors dans ce pays. C’est là qu’il a vu des camarades de classes, au Lycée français, être fortement impactés, socialement et psychologiquement, par une crise qui a secoué tout le pays à ce moment-là, provoquant de violents déclassements : certains élèves de son école se sont même retrouvés dans des bidonvilles, se souvient-il.
C’est à ce moment-là, nous explique-t-il ici, qu’il a pris pleinement conscience de l’importance de la politique, de la nécessité de faire, par la politique précisément, contre-poids aux effets destructeurs d’une économie « toute puissante » et donc de s’engager. Pour lui, ce sont les valeurs de solidarité sociale et d’internationalisme, explique-t-il, qui ont motivé son engagement originel, côté « gauche-centre gauche » : sur son chemin, le PS lui offre ses premières années de jeune citoyen engagé. Il l’explique les raisons dans ce premier court extrait vidéo:
Et l’engagement à venir ? « Il y aura prochainement une bataille idéologique pour conserver nos droits, et pour une conception de la société ouverte »
L’horizon de l’engagement, aujourd’hui ? Pour Stéphane Séjourné, les crises actuellement traversées – en particulier, la crise sanitaire, mais aussi la crise climatique et peut-être la crise politique et démocratique qui peut menacer en France et en Europe – appellent de nouvelles réflexions et appelleront des engagements renouvelés. Un débat doit, selon lui, être alimenté sur les leçons à tirer de la crise sanitaire, sur ce qui doit en résulter durablement, par exemple en matière de souveraineté, de reconsolidation du pacte social aussi, avec le développement de l’entraide (au-delà des systèmes de redistribution). Il faut un débat sur les forces et les faiblesses de la France : « un certain nombre de paradigmes sont en train de bouger », nous dit-il.
Et un combat politique est clairement devant nous, explique encore Stéphane Séjourné à La Revue Civique, il se rattache à l’universalisme des valeurs et des politiques publiques. « Il y a et y aura prochainement une bataille idéologique pour conserver nos droits, et pour une conception de la société ouverte », nous déclare-t-il, « pour que notre société ne retourne pas en arrière, en fait ». « C’est un combat culturel qu’il faut mener, et il ne faut surtout pas s’excuser de ce qu’on est, de ses idées » d’ouverture. « Ne pas reculer », « et ça vaut dans tous les domaines » : les libertés publiques, notre modèle social, nos valeurs, républicaines et européennes…
« Il ne faut pas de résignation », nous déclare le proche conseiller d’Emmanuel Macron, qui se dit confiant pour la période à venir: il veut croire en la détermination et la lucidité de beaucoup de citoyens, de jeunes en particulier, pouvant redonner un rôle central à la politique dans une perspective de respect des autres et de défense du principe d’ouverture. Voici dans cette courte vidéo comment il dessine cet avenir de l’engagement.
Pour l’universalisme des valeurs et des actions, l’engagement européen a toute sa pertinence, il acquiert même une importance nouvelle, souligne Stéphane Séjourné aussi dans notre entretien. Car pour lui « il s’agira de faire avancer nos droits et nos libertés », ce qui n’est pas garanti à l’avenir. Avec, également devant nous, l’enjeu de « l’ouverture à d’autres cultures » et au reste du monde. Face aux forces d’isolement et de replis, « il y aura un combat », d’une grande importance sans doute, et ce sera aussi, à ses yeux, l’engagement de toute une génération.
(19/02/21)