Dans son allocution aux forces armées, la veille de la fête nationale du 14 juillet, le chef de l’Etat Emmanuel Macron a parlé « fierté », Europe et investissement d’avenir: dans le domaine spatial en particulier, la France tient son rang et veut le renforcer, dans le club fermé des pays les plus performants. Précisions.
S’exprimant de l’Hôtel de Brienne – où se situent les bureaux du Ministre des Armées, Florence Parly, et de la Secrétaire d’Etat Geneviève Darrieussecq – Emmanuel Macron, en chef des Armées, a parlé « fierté », « respect » et même « admiration » pour saluer la communauté militaire et le « sacrifice suprême » de ceux qui, dans leur mission et par vocation, ont donné leur vie. « Vous avez des droits sur nous » a lancé le chef de l’Etat, citant Clémenceau.
Alors que 10 chefs d’Etat ou de gouvernement européens étaient invités à assister au traditionnel défilé militaire sur les Champs-Elysées, le Président de la République a souligné que le renforcement de la coopération européenne était une priorité géostratégique. Qu’il s’agisse de la dotation du Fonds européen de Défense, de « l’avion européen du futur », de l’émergence « d’une culture stratégique commune » ou de la mise en place de « l’initiative européenne d’intervention commune », Emmanuel Macron a insisté : « il n’est plus d’opération sans partenaires européens, sans dynamique européenne ».
Soulignant la nécessité de se projeter « dans le temps long de l’histoire », le chef de l’Etat a exposé les axes de modernisation de chacune des Armées, avec l’arrivée par exemple des nouveaux fusils d’assaut et du nouveau véhicule blindé « Griffon » pour l’Armée de Terre, des nouveaux bâtiments pour la Marine, dont le flambant neuf sous-marin d’attaque « Suffren ».
Et d’insister, pour l’Armée de l’Air, sur l’importance du domaine spatial pour la France, dans le cadre d’une coopération européenne ouverte à certaines avancées : « un grand Commandement de l’espace sera créé au sein de l’Armée de l’Air » qui deviendra « l’Armée de l’Air et de l’Espace ».
Satellites : des armes, de guerre et de renseignements, essentiels
Il est vrai qu’au-dessus de nos têtes, les satellites sont des armes, de guerre et de renseignements, essentielles. On a beau avoir les meilleurs soldats (et équipements) au sol, l’appui aérien (avions, hélicoptères, drones) et satellitaire est fondamental pour la réussite des opérations. Au dernier salon du Bourget, la Ministre des Armées, Florence Parly, avait d’ailleurs exprimer la volonté d’accélérer le programme de modernisation de nos satellites militaires, permettant à nos forces de « conserver leur supériorité sur le terrain ». Des dispositions ont été prises, qui « contribueront de façon décisive », a-t-elle ajouté, « à notre autonomie d’appréciation, de décision et d’action ». Une manière de relever que tout le renseignement satellitaire ne devait pas être tributaire de la volonté de l’allié américain.
Le programme COS (Composante Optique Spatiale) avec COS-1 (lancé en décembre 2018), va ainsi être rejoint par COS-2 et COS-3 dés 2020, ce qui offrira une capacité de fournir des images « à extrêmement haute résolution » (disponibles auparavant par les seules moyens aéroportés). Le système CERES (capacité de renseignement électromagnétique spatial), prévoit de mettre trois satellites sur orbite en 2020 et 2021 pour « détecter et caractériser, depuis l’espace, les signaux envoyés par les système adverses ». Autrement dit, les capacités françaises de contre-espionnage et de prévenir des cyber-agression vont être renforcées. D’autant que les études IRIS et CELESTE ont été lancées pour accélérer le mouvement d’innovation: le programme IRIS succèdera à COS en ce qui concerne l’observation de la plus haute définition, le programme CELESTE à CERES, en ce qui concerne la défense des satellites contre toutes formes d’attaques, par exemple le brouillage, les cyber-attaques ou même la destruction en haute atmosphère.
Dans la bataille de la haute technologie de l’espace, la France est bien placée mais veut renforcer sa place dans le club très fermé des pays disposant des plus hautes technologies de l’image et de l’électro-magnétisme. Etats-Unis, Chine, Russie, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Israël… la France joue les premiers rôles mondiaux, aussi par ses capacités en matière de lanceurs (les fusées), avec le fameux programme Ariane qui bénéficie déjà de fortes coopérations. La Loi de programmation 2019-2025 prévoit de mettre les moyens en ce domaine d’avenir : le budget cumulé prévu est de trois milliards six cent millions d’euros pour le spatial de Défense (ce chiffre ne comprenant pas les budgets d’investissement du spatial civil).
L.T. (juillet 2019)