Denis Payre, « Nous Citoyens »

Denis PAYRE

[EXTRAIT] L’entrepreneur Denis Payre a lancé, en octobre 2013, un mouvement à vocation politique et électorale : « Nous Citoyens ». Il s’explique ici sur sa démarche, ses objectifs, l’orientation et le sens de ses propositions : dépasser le clivage gauche-droite, les deux camps étant selon lui touchés par le syndrome étatiste ou « néo-collectiviste ». Il observe que son mouvement « dérange », et il s’en réjouit : « il n’y a qu’à voir la réaction de l’UMP, qui a sorti en catastrophe une vingtaine de propositions radicales sur la fiscalité ». Il indique que son mouvement, représentatif de la vitalité de la société civile française, sera présent aux prochaines élections et, probablement, à la prochaine élection présidentielle. Entretien.

La REVUE CIVIQUE : Vous avez lancé, en octobre 2013, « Nous Citoyens » : se lancer en politique, c’est pour vous une première. Face à divers obstacles, dont ceux que vous opposent sans doute les autres partis, comment avez-vous vécu ces premiers mois d’action politique ?
Denis PAYRE : Je les ai vécu avec énormément d’enthousiasme ! J’ai croisé des gens tout aussi demandeur que moi d’un renouvellement du discours politique en France. Mes meilleurs souvenirs pour l’instant sont les réunions que je fais régulièrement avec 150 ou 200 personnes, issues de tous les milieux sociaux-professionnels et qui ont un grand appétit de changement. C’est extrêmement stimulant. Je me souviens en particulier d’un rendez-vous dans une banlieue de Lyon, courant novembre, où nous avions donné rendez-vous à 7h30 : il faisait nuit et il pleuvait mais il y avait plus de 100 personnes « au garde-à-vous » (dont certaines venaient de loin : Chambéry, Grenoble, Annecy, certaines même d’Avignon ou Marseille) alors que nous n’existions que depuis un mois. J’ai été bluffé !

Ce sont des gens qui ont eu une expérience décevante de la politique ?
Effectivement, des gens qui, comme nous, sont déçus par le leadership des responsables politiques actuels, incapables de parler des vrais sujets. Lors de la dernière présidentielle, on nous a parlé de viande halal, du permis de conduire et nous sommes passés à côté des vraies problématiques de dépense publique, de chômage, d’éducation.

Lors de ces réunions, je passe en général une demi-heure à parler de notre engagement, de notre vision de ce que devait être l’engagement politique, et je passe deux heures à répondre aux questions. Cela fuse dans tous les sens, je suis obligé d’arrêter contraint par le temps. Je suis fasciné par l’appétit de changement, venant de gens issus de tous milieux: des artisans, des commerçants, des chefs d’entreprise, des cadres, des enseignants… C’est la France dans toute sa diversité déçue par les hommes politiques de carrière, par des fonctionnaires de qualité mais qui domine la classe politique.

Ils ont tenté de me récupérer

Comment percevez-vous la résistance d’une classe politique professionnelle qui considère les acteurs de la société civile comme des « amateurs » ?
S’ils pensent incarner le professionnalisme, ce sont alors des professionnels du chômage de masse, des impôts qui assomment tout le monde (y compris les plus modestes) et de la montagne de dettes ! Je pense que l’amateurisme n’est pas où ils le prétendent…

J’ai mesuré très vite cette résistance, c’est d’ailleurs une mesure de notre efficacité. Rapidement, ils ont été très nombreux à me contacter et à tenter soit de me récupérer, soit de me dénigrer. Aujourd’hui je pense que « Nous Citoyens » dérange : il n’y a qu’à voir la réaction de l’UMP qui a sorti en catastrophe une vingtaine de propositions radicales sur la fiscalité. Pendant cinq ans, ils ont été au pouvoir et n’ont rien fait ! D’un seul coup, trois mois après le lancement de « Nous Citoyens », ils lancent un programme de réformes et de remise à plat complète de l’État comme nous n’en avions pas vu depuis trente ans !

Je dis tant mieux ! Nous sommes un aiguillon et en sommes très fiers ! Nous restons cependant très sceptiques sur leur capacité à mettre en oeuvre ces réformes.

Au-delà d’être un aiguillon, avez-vous réellement l’objectif de présenter des candidats aux élections ?
Notre ambition est que la France soit réformée. Il y a plusieurs chemins pour y arriver. C’est bien si les politiques traditionnelles reprennent nos idées, ce qu’à commencer à faire l’UMP avec ses vingt propositions, voire même le Président de la République lors de ses voeux de fin d’année qui est un tournant étonnant dans son discours où il parle de cette France créative, qui innove, le besoin de respecter les initiatives de l’entreprenariat, de baisser les charges, la possibilité de faire plus avec moins, c’est tout notre discours…

Mais il faut aller bien plus loin. Il faut aussi un changement de leadership, je pense qu’il faut des gens différents, issus de la société civile. Ce ne sont pas ceux qui nous ont mis dans cette situation qui nous en sortirons. Je ne dis pas qu’il faut qu’il s’en aille tous, je dis qu’il faut en politique des gens différents. Nous aurons donc une présence électorale, aux municipales où nous labellisons des listes, puis aux européennes. Ensuite probablement à l’élection présidentielle, sauf si les partis traditionnels reprennent toutes nos idées (comme ils commencent à le faire) et acceptent qu’à la tête des formations agissent des gens différents, des personnes qui s’engagent pour changer des choses pendant cinq ans et pas plus, qui ne sont pas des professionnels de la politique et de l’électoralisme, des gens qui connaissent la vraie vie, les réalités entrepreneuriales en particulier. Dans ces conditions uniquement nous accepterons de les soutenir. Mais la probabilité qu’ils acceptent est relativement faible : donc la probabilité que nous ayons un candidat à la prochaine présidentielle est relativement élevée.

Refus du « néo-collectivisme »

Sur le sujet de votre positionnement idéologique, vous avez été classé « droite libérale ». Vous souhaitez dépasser les clivages partisans actuels. Comment faire ?

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Propos recueillis par Georges LÉONARD
(In La Revue Civique n°13, Printemps 2014) 

► Le site internet de Nous Citoyens

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