La participation du citoyen, l’organisation de consultations à grande échelle, est une pratique en expansion dans beaucoup de collectivités territoriales, en avance sur ce point sur les institutions nationales. La ville de Boulogne-Billancourt a mis en place, depuis plusieurs années, des processus innovants de consultations des habitants sur des thèmes variés qui viennent compléter, conforter et enrichir le processus électoral.
Maire de la deuxième ville d’Ile-de-France après Paris, Pierre-Christophe Baguet précise ici, en réponse aux questions de Jean-Philippe Moinet, le fondateur de La Revue Civique, les effets positifs des vastes consultations citoyennes qu’il a mis en place pour la ville de Boulogne-Billancourt, ses habitants, la relation entre élus et citoyens. Entretien vidéo (ci-dessous).
Pierre-Christophe Baguet souligne par exemple le succès de la consultation citoyenne qui avait été organisée sur l’avenir de l’île Seguin à Boulogne-Billancourt, 57% des citoyens qui s’étaient exprimés aux élections municipales ayant donné leur avis sur les projets présentés, ce qui « a fait cesser les polémiques sur le devenir de l’île Seguin ». Associer les citoyens à l’orientation et à la définition même des projets pour la Cité (cette Ville a aussi mis en place, associé aux décisions du Conseil municipal, un dynamique CESEL, Conseil économique social environnemental local, présidé par l’essayiste et ancien élu Guy Sorman), cela contribue à l’évidence à apaiser les relations entre élus et administrés, une manière de réduire les défiances les plus radicales: cela procure « surtout un sentiment d’adhésion » aux projets qui concernent les habitants, « cela crée une dynamique » pour les équipes de la Ville, précise dans cet entretien à La Revue Civique le Maire de Boulogne.
« Recréer du lien avec les citoyens », « un atout que devrait davantage utiliser l’Etat » pour apaiser notre démocratie
Bien sûr, ajoute-il, l’exercice consultatif peut avoir des limites, quand le nombre de participants est trop réduit, quand « la temporalité » explique-t-il crée une distance, et donc une frustration, entre le moment de la consultation citoyenne et la réalisation du projet. Mais la méthode des consultations mérite d’être transposée, « avec souplesse » nous indique-t-il, à l’échelle nationale. Ce serait une façon, nous déclare Pierre-Christophe Baguet, de « recréer du lien avec nos concitoyens ». « C’est évident », observe-t-il fort d’une expérience échelonnée sur plusieurs mandats, la consultation des citoyens, organisée sur des thèmes concrets qui concernent leur vie quotidienne (consultation qui peut être différenciée d’un référendum) « est un atout que devrait davantage utiliser l’Etat ».
A l’heure où les protestations les plus radicales – favorisant les extrêmes – et les violences touchent comme jamais les élus de la République, ces expériences d’innovation et d’apaisement de la vie démocratique française mériteraient sans doute d’être étendues sur le territoire et, sur certains thèmes, de passer à la pratique au niveau national.
(08/12/2023)
-« Les Etats généraux de l’espace public », un vaste processus de consultation des citoyens qui a défini douze mesures prioritaires à Boulogne-Billancourt
