Amélie de Montchalin à La Revue Civique et au Cevipof: « réarmer l’Etat » sur le terrain local, une priorité.

Invitée dans la série « Questions de #confiance », initié par La Revue Civique et le Cevipof-Sciences Po, Amélie de Montchalin, Ministre de la #Transformation et de la Fonction Publique, dans un entretien de 45 minutes avec le Directeur du Cevipof, Martial Foucault, et le Directeur de La Revue Civique, Jean-Philippe Moinet, n’a pas éludé les problèmes de défiances, perceptible dans les résultats du Baromètre annuel de la confiance réalisé par le Cevipof et ses partenaires; défiances qui, depuis des années, touchent les institutions politiques et la représentation que se font parfois les citoyens de l’Etat.

Comme vous pouvez le voir dans la vidéo complète de cet entretien en bas de cet article, Amélie de Montchalin évoque d’abord l’état d’esprit actuel des Français, notamment « la lassitude » liée ou amplifiée par la crise sanitaire, « la morosité » et « l’ennui » aussi. Elle tient aussi à relever quelques aspects positifs des données du Baromètre, comme « la foi en la démocratie » (pour 84% des Français), la montée aussi du sentiment des citoyens que le Gouvernement tient compte de leur avis. Pour remonter la pente des incompréhensions, Amélie de Montchalin met aussi en avant le « baromètre des résultats », qu’elle a mis sur pieds avec son ministère en ce début d’année 2021, sorte de tableau de bord des résultats de l’action publique dans 25 grands domaines, évalués département par département. 400 000 Français se sont connectés à ce tableau de bord en deux mois, « ce qui n’est pas anecdotique », observe-t-elle, indiquant l’ampleur de l’attente des Français à percevoir le concret de l’action (et non dans les paroles théoriques).

Par ailleurs, et c’est ici résumé dans cette courte vidéo, Amélie de Montchalin a tenu à souligner que, contrairement à ce qui s’est produit sous les trois mandats présidentiels précédents (donc de J Chirac, N Sarkozy et F Hollande), l’actuel Gouvernement a décidé d’inverser la tendance qui consistait à réduire les effectifs de l’Etat sur le terrain local, dans les Préfectures et les sous-Préfectures (villes moyennes). Elle indique ici les raisons d’une décision qui vise désormais, dit-elle, à « réarmer l’Etat » dans les territoires, précisément dans ces villes moyennes souvent en proie à un virulent sentiment d’abandon. 2 500 fonctionnaires et hauts fonctionnaires d’Etat sont réaffectés à des missions locales, en liens directs avec les citoyens, dans les Préfectures et sous-Préfectures, précise la Ministre dans cette vidéo ici.

Dans l’entretien avec le Directeur du CEVIPOF et le Directeur de La Revue Civique, la Ministre a aussi souligné « le parodoxe »: une faible confiance envers les institutions politiques nationales mais une confiance qui s’est renforcée envers les services publics. Et d’insister sur le fait que les politiques sont de plus en plus attendus sur l’action « opérationnelle » que sur « des discours généralistes ». Elle relève aussi l’importance de s’inscrire dans une logique d’évolution et « d’amélioration continue », des services publics et des administrations, plutôt que d’attendre « une grande réforme miracle ». D’où le terme choisi de « transformation » pour l’intitulé de son ministère.

La période de crise sanitaire ne doit pas être « une excuse », ou un prétexte à « stopper les transformations » en cours et nécessaires de l’action publique.

Selon elle, la difficile période de la crise sanitaire ne doit absolument pas être « une excuse » ou un prétexte à stopper les améliorations en cours, les transformations de l’action publique, tendue vers des objectifs et une culture de « résultats ». Agée de 36 ans, diplômée à la fois d’HEC, d’Administration publique et d’Histoire, Amélie de Montchalin a aussi abordé le chantier de la formation des jeunes aux divers métiers de services publics, de leur accès ouvert dans une perspective de non-discrimination et de non-sélection sociale: « il faut retrouver le rôle d’ascenseur social » de ces métiers d’administration publique, a-t-elle plaidé, ces métiers devant sans cesse se tourner vers la société et l’esprit de service à rendre au public. D’où l’importance, selon elle, de « remettre des hommes et des femmes sur le terrain » local, pour que les citoyens aient le sentiment d’avoir « des interlocuteurs à hauteur d’hommes et de femmes » et que les « décisions soient incarnées ».

(06/04/21)

L’intégralité du webinaire « Questions de #confiance », du Cevipof & de La Revue Civique, avec la Ministre Amélie de Montchalin ici :

-Le baromètre 2021 de la confiance du CEVIPOF: les principaux résultats

-La présentation de la série « Questions de #confiance », par Martial Foucault et Jean-Philippe Moinet