Soazig Quéméner : Hidalgo – NKM, le duel n’a pas eu lieu

"Rebond" avec LCP

Soazig Quéméner, journaliste politique au JDD et auteur de « NKM, la présidente » (éditions JC Lattès, 2014), était l’une des invités de Serge Moati, sur le plateau de l’émission « PolitiqueS » (le 15 mars) sur La Chaîne Parlementaire. Après sa participation à cette émission spéciale consacrée aux municipales à Paris, la Revue Civique lui a posé trois questions. Ses réponses font « rebond » sur le duel NKM/ Anne Hidalgo, ainsi que les répercussions des affaires Buisson et Taubira sur les élections municipales.

Soazig QuéménerLa REVUE CIVIQUE : Anne Hidalgo s’est dite choquée du mépris que lui vouerait l’entourage de Nathalie Kosciusko-Morizet. NKM n’aurait t-elle pas eu trop confiance en elle?
Soazig QUÉMÉNER: Dès le début, NKM sait que la bataille sera âpre, mais elle pense aussi que sa candidature n’est pas du même niveau que celle d’Anne Hidalgo, qui est une élue locale alors que la candidate de droite a dirigé un très gros Ministère sous le quinquennat Sarkozy. Mais au bout de quelques mois, les sondages n’évoluent guère et l’équipe de NKM concède ne pas trouver d’angle d’attaque contre une Anne Hidalgo trop lisse. Dans la dernière ligne droite de la campagne, on voit NKM qui attaque, attaque encore et encore, sans qu’aucun de ses coups ne parvienne à toucher son adversaire.

Les affaires Buisson et Taubira peuvent-elles avoir des répercussions sur les municipales, sachant que Nathalie Kosciusko-Morizet s’était illustrée par son opposition à Patrick Buisson ?
Je pense que l’antagonisme très fort entre NKM et Patrick Buisson a surtout joué lors de la primaire, puisqu’il avait nettement appelé à la faire battre par la voix d’un de ses proches, Guillaume Peltier (ndlr : un transfuge du FN, devenu l’un des dirigeants de l’UMP sous JF Copé). Après, sur les municipales elles-mêmes, je ne pense pas qu’il y aura répercussions parce qu’on est dans un affrontement bloc contre bloc, gauche contre droite. Donc, je pense qu’il n’y aura pas de personnes de gauche qui iront voter NKM  parce qu’elle était contre lui. Pour le scrutin lui-même, je pense que cela influe beaucoup moins. Son antagonisme avec Patrick Buisson va en revanche jouer pour la suite, parce qu’elle pourra s’en réclamer dans son existence politique d’après municipales. En revanche, toutes les « affaires » vont jouer, dans le sens où il y ‘a un climat général qui va peut-être augmenter l’abstention à gauche, faire baisser la mobilisation à droite, et puis peut-être faire monter le Front national qu’on donne pour l’instant autour de 8% dans les sondages sur Paris.

Javelots et petite foulée…

Sur quel point évoqué au cours de l’émission, aimeriez-vous revenir?
 Ce qui me frappe dans cette campagne parisienne des municipales, c’est le fait que ce duel n’ait pas eu lieu. C’est-à-dire qu’au début, NKM fait sa primaire, Anne Hidalgo s’installe dans son camp en permettant le renouvellement par l’installation de ses têtes de liste, puis très vite, à cause des sondages, il n’y a pas de véritable suspense. NKM est un peu comme une athlète au milieu du stade avec ses javelots et puis Anne Hidalgo fait une espèce de course de 400 mètres, à petite foulée, tranquillement… On avait annoncé partout un duel de femmes. Un correspondant pour un journal anglais à Paris m’avait même appelé pour me dire que ses chefs à Londres étaient très excités à l’idée de parler de ce duel au féminin. D’ailleurs, dans toutes les rédactions c’est quelque chose qui intéressait beaucoup. Et puis, là, on n’en parle moins parce que ce duel est en fait très décevant, en tout cas médiatiquement, et même politiquement il n’y a pas grand chose d’intéressant qui en est sorti.

Propos recueillis par Émilie Gougache
En partenariat avec LCP


LCP
 
► Voir sur LCP.fr l’émission PolitiqueS « spéciale municipales : Paris »